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Le système du Niangaye a cessé, depuis des décennies, de produire suffisamment de nourriture. Les marigots ont tari et les lacs ne sont plus convenablement alimentés à cause de l’ensablement des chenaux. C’est un ensemble d’atouts naturels. Qu’il s’agisse des cultures vivrières, d’élevage ou de pêche, le cordon de ces lacs offre beaucoup d’opportunités de production. Il s’agit de les revaloriser à travers le surcreusement des chenaux. Toute chose qui permettra l’interconnexion entre les principaux lacs.

Le système du Niangaye est un cordon de trois principaux lacs naturels : le Niangaye, l’Aougadou et le Korarou. Ils se remplissent, comme dans un système de vases communicants, au gré de la crue du fleuve Niger.

Sur ces terres très fertiles, les riverains pratiquaient des cultures vivrières comme le sorgho, le maïs, la patate douce, la pomme de terre, l’arachide et les légumes, au fur et à mesure que l’eau se retiiraient. Grâce aux terres irriguées de façon naturelle, les agriculteurs n’avaient pas besoin d’utiliser d’engrais minéraux. Les aménagements agricoles n’étaient pas non plus indispensables pour l’exploitation des terres. Les eaux des lacs étaient, de surcroit, très poissonneuses et offraient une très large gamme de variétés de poisson exportées vers le Burkina Faso.

Le système du Niangaye a cessé, depuis des décennies, de produire suffisamment de nourriture. Les marigots ont tari et les lacs ne sont plus convenablement alimentés à cause de l’ensablement des chenaux. La nature ayant horreur du vide, le désert, en redoutable prédateur, a progressivement conquis une bonne partie des surfaces arables.

Le système du Niangaye représente, donc, un important potentiel hydro-agro-sylvo-pastoral dont la viabilité est, aujourd’hui, compromise par l’avancée du désert, la sécheresse et la dégradation de l’environnement.

Au regard du potentiel de production agricole et sylvo-pastorale, la population de la zone, qui exploite les terres, fonde beaucoup d’espoir sur le surcreusement des canaux d’alimentation des lacs.

Comment, alors, sauver ce système d’irrigation naturel au bénéfice des populations qui y vivent dont plus de la moitié (des jeunes surtout) a pris le chemin de l’aventure ? C’est la question que se pose, depuis un certain, le Vice-président de l’APCAM, Abdalah, à travers le ministère de l’Agriculture pour apporter une solution avec des aménagements.

 » L’autosuffisance alimentaire du Nord-Mopti, toujours déficitaire, passe nécessairement par le retour de l’eau dans la zone lacustre, et pour réaliser cette ambition, il faut mobiliser plus de ressources financières qui serviront à surcreuser les chenaux naturels, à rétablir l’écosystème et donner aux populations de quoi se nourrir correctement. Si nous avons l’eau dans le système, nous produirons même pendant la saison sèche « , a plaidé le premier vice-président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), le patriarche Abdallah Ag Mohamedoun, pour qui la réussite de cette ambition favorise le retour des immigrés.  »

Ici, il faut réaliser de grands travaux de surcreusement pour permettre à l’eau de circuler normalement. Du coup, nos animaux seront bien nourris et les cultures seront bonnes. Sans compter que nous pêcherons suffisamment de poisson. Mieux, les trois lacs de la zone vont former un océan de verdure où se donnera rendez-vous, tous les ans, la quasi totalité du bétail du nord de Mopti et même une partie des animaux des régions du nord. Dans les lacs où cohabitent bergers et agriculteurs, il y a suffisamment de lait, d’herbe, de poisson, de mais, de blé, de haricot, de niébé, d’oseille. Des campements nomades pousseront comme des champignons », a expliqué Ousmane F. Diarra, un riziculteur-pilote dans le lac Aougadou.

Pour le Directeur régional de l’Agriculture, le système cultural dans les zones lacustres est simple et n’exige presque pas d’investissements. A le croire, au fur et à mesure que l’eau se retire, les paysans installent les cultures. Le plus grand avantage de la culture dans les lacs est que le paysan n’a pas besoins d’engrais. C’est la crue qui draine le limon pour enrichir le sol.  » Nous avons déjà effectué des études de prospection. C’est un ensemble d’atouts naturels. Qu’il s’agisse des cultures vivrières, d’élevage ou de pêche, le cordon de ces lacs offre beaucoup d’opportunités de production. Il s’agit de les revaloriser à travers le surcreusement des chenaux. Dès 2011, nous entendons procéder au débouchage des chenaux », a déclaré le Directeur du Génie rural, Soumaïla Samaké.

Dans tous les cas, tout au long de sa visite dans la zone, le ministre de l’’Agriculture a su mesurer les potentialités sylvo-agricoles et les difficultés pour l’écoulement correct de l’eau dans le Système du Niangaye. Avec sa forte délégation, il a parcouru des centaines de kilomètres dans le chenal de Dorowoul ou le cordon ombilical du Korarou.

Soumaïla GUINDO

03 Novembre 2010.