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C’est la perspective d’aller vivre à l’extérieur sous les auspices de l’homme rencontré, qui pousse certaines jeunes filles à jeter leur dévolu sur l’homme « blanc ». Si certaines rencontres de ce genre réussissent, d’autres, par contre, finissent très mal pour la jeune fille, qui, un jour, constate le départ vers son bercail, du prince charmant… sans elle. Après une grande période d’amour et de promesses, c’est en effet, une grande désillusion.

La plupart de ces « Blancs » qui arrivent sur le sol malien, sont des coopérants, des gens venus pour une période déterminée. Une fois leur mission terminée, ils sont obligés de retourner chez eux, où certains d’entre eux, ont des familles (femmes, enfants) qui les attendent. Cela n’empêche, qu’ici, au Mali, certains se plaisent dans des relations amoureuses. Quelques célibataires en arrivent au mariage. Voilà l’aubaine recherchée par les jeunes filles africaines. Et les Maliennes n’en font pas exception.

Le cas d’une jeune scolaire est édifiant. Très jeune, elle ne rêvait d’avoir comme époux un « Blanc ». Et quand l’occasion s’est présentée, un jeune coopérant venu au Mali, elle s’est laissée guidée par son rêve. Très vite, elle est devenue la « chose » du « Blanc ». Et très vite également, elle s’est fait indexer par le milieu où elle vivait ; isolée, mais aimée par son « Blanc ». Une fierté pour elle, et aussi pour sa famille et particulièrement sa mère, certainement heureuse que sa « fille ait réussi à taper dans l’oeil d’un Blanc » comme on dit.

La jeune fille contracta une grossesse (du Blanc bien évidemment). Qu’est-ce qui pouvait arriver de plus heureux pour la jeune fille! Un gage certain pour leur amour. Et puis un jour, elle a cru que le ciel lui tombait sur la tête. Le Blanc était rentré chez lui en Europe, sans l’avoir avertie. C’est son ami qu’il envoya consoler la jeune fille, avec une enveloppe pleine de billets de banque plus une… seule promesse : <>. En réalité c’était un bon débarras pour le Blanc. Il ne va quand même pas rentrer en France avec un petit « bât.. et en plus, nègro ». Ça, non !

Ce cas est un exemple parmi tant d’autres comme celui où, un jour, deux « Blancs » arrivent au Mali. Très vite, ils tombent sur deux copines ; et l’amour, le vrai pour nos deux copines, commença. Les deux Blancs en question s’étaient fait passer pour des hommes d’affaire de passage à Bamako et avaient promis à chacune des deux copines, le mariage. Après des mois de plaisirs, nos deux jeunes filles apprendront un beau jour que leurs « amants » avaient été arrêtés à l’aéroport alors qu’ils s’apprêtaient à quitter le Mali. C’étaient des brigands qui avaient voulu brouiller leur piste en séjournant au Mali.

Comme ces filles, il y en a d’autres qui ont vu leur rêve brisé et qui vivent aujourd’hui dans des conditions souvent difficiles : un environnement désormais hostile, parce que notre société voit d’un mauvais oeil que ses propres filles s’amourachent d’étranger et surtout si celui-ci est Blanc. Ces jeunes filles sont qualifiées « d’assimilées », rejetées des jeunes garçons qui n’en veulent plus.
Une jeune fille de Bamako dont l’amant Blanc est rentré, l’abandonnant, a aujourd’hui du mal, non seulement à réintégrer son milieu social, mais aussi à subvenir à ses besoins alimentaires. Son amant n’a jamais pu tenir parole : celle de la faire partir en europe.

Malgré les mésaventures de certaines jeunes filles, elles sont toujours nombreuses à rêver d’une liaison avec un « Blanc », conscientes, les unes que les autres, que la chance est personnelle. Il y en a, qui se font une raison : <>.

Au-delà de l’aspect financier qui motive parfois les jeunes filles, il y a le fait que, vivre avec un homme Blanc, est un privilège, une grandeur, pour ces jeunes filles et parfois même pour leur famille. Connaissez-vous une famille à Bamako qui empêcherait une liaison de sa fille avec un homme blanc ? Il en existerait, elles seraient rares, ces familles. Parce que dans notre société, la peau blanche est synonyme de fortune, d’opportunités… Un complexe qui a existé et le sera toujours tant que les choses n’ont pas changé dans les mentalités.

Il est bien regrettable pour une société de voir ses propres filles « s’offrirent » pour l’intérêt et non pour l’amour qui grandit les âmes. Où est-elle la dignité de la race noire ? Si jadis, elle existait (celle dignité), aujourd’hui il est regrettable de constater que la pauvreté sert de prétexte pour la fouler au pied. Si l’amour entre « Noir et Blanc » n’est pas à condamner, celui guidé par l’opportunisme est blâmable.

Aimé RODRIGUE

7 Avril 2005