Un jour, je causais avec un ancien ministre du Mali qui n’est plus de notre monde (paix à son âme), il m’a dit : «ma fille, tu sais le Mali appartient à trois (3) familles et leurs alliés. Si tu n’es pas dans ce lot tu te nourriras dans la misère». Depuis ce jour, je cherchais partout les moyens à connaître les trois familles qui détiennent les rênes du pouvoir dans mon pays. C’est à partir d’un indicateur fort intéressant que j’aie pu les découvrir.
De 1960 à 2010, quatre régimes se sont succédés au pouvoir. Le régime de l’US RDA s’est attribué quelques titres fonciers en y construisant un ou deux bâtiments. Leurs enfants ont étudié dans les meilleures universités des pays de l’Est. Celui du général Moussa Traoré a été un accaparement des terres pour l’agriculture et l’élevage intensifs.
Durant les vingt trois (23) années de règne du régime de l’UDPM, tous les ministres, directeurs nationaux avaient leurs champs et volaille. Rares sont les anciens dignitaires qui se sont préoccupés de l’avenir de leurs progénitures. Les ministres des gouvernements du général Moussa «étaient tous des paysans de dimanche». Ils ravitaillaient les marchés de Bamako en fruits et légumes, lait, viande à travers la coopérative COLAIBA (Coopérative laitière de Bamako), poulets de chair et œufs. Les enfants des dignitaires de l’UDPM forment l’armée, la police et la garde républicaine.
Avec l’avènement de la démocratie, les données ont changé avec les démocrates «sincères et convaincus» dans la manière de piller le patrimoine. La transition n’a été qu’une courte durée. Quatorze petits mois qui auraient suffi pour ouvrir les yeux de tous les Maliens sur le mode de gouvernance au Mali et les dirigeants. C’est sous la troisième République que notre pays bascule dans ce que les économistes ont joliment appelé «la kleptocratie».
Le pouvoir fait haro sur la terre, brade le patrimoine immobilier, brade les sociétés et entreprises d’État, ouvre le pays aux investisseurs étrangers. Ces démocrates sincères et convaincus étaient des intellectuels confirmés, des experts ou des théoriciens qui savaient ce que sera demain. A l’opposé des anciens dignitaires de l’UDPM, ils ont forgé leur avenir en envoyant leurs enfants étudiés dans les meilleures universités du monde et cela aux frais de l’État.
Aujourd’hui, ce sont ces enfants qui sont les patrons dans les banques créées récemment (Atlantique, Ecobank, BRS, BSIC, BHM, BICIM, BMS…), représentants des sociétés multinationales (Bolloré, Bouygues, MCA MALI, Orange Mali….). Ce n’est pas tout, ces enfants sortis des meilleures universités américaines, et canadiennes ont la double nationalité. Dès lors, on comprenait alors la volonté d’Alpha Oumar Konaré a proposé aux Maliens une nouvelle constitution en 2001.
Avec ATT la délinquance financière tant décriée par ce dernier dans un slogan : «Si tu bouffes, tu paies» a été érigée en mode de gouvernance. Il vous suffit d’appartenir au cla pour être intouchable. Le régime du général Amadou Toumani Touré fait la promotion des incultes, des non diplômés. Et la République du Mali est plongée ses huit dernières années dans l’analphabétisme.
Mon vieux père à qui je souhaite un repos éternel n’avait-il pas raison d’affirmer que le Mali appartient à trois familles : Moussa Traoré et son UDPM (représentent le Mali des agriculteurs), Alpha et son ADEMA-PASJ (l’intelligentsia et les milliardaires du Mali). ATT ses gouvernements et son Mouvement citoyen sont «les opérateurs économiques».
Depuis que le clan s’est mué en businessman, la conjoncture est revenue au galop.
Safouné KOUMBA
08 Mars 2010.
