La démocratie au Niger est-elle assassinée ? On pourrait le penser au regard de la situation politique du pays. Le Niger est à son troisième coup de force après son accession à la démocratie en 1990. On se rappelle, le coup d’Etat du 27 Janvier 1996 avait suspendu la constitution, interdit les partis politiques et mis en résidence surveillée l’ancien président Mahamane Ousmane ainsi que son premier ministre Hama Amadou.
Malgré cela ce putsch avait suscité un certain enthousiasme de la part des nigériens légitimement indignés par les querelles de clochers au sommet de l’État. Les tiraillements entre le président et son premier ministre avaient paralysé dans une certaine mesure, le fonctionnement de l’administration et débordé les frontières du pays.
Certains chefs d’État avaient d’ailleurs offert leurs bons offices sans succès. Ibrahim Barré Mainassara avait donc mis fin à ce bras de fer par une intervention musclée de l’armée qui fit des victimes. Dès lors le jeune colonel fut suspecté par les partisans du président déchu de faire le lit du Mouvement National pour la société de développement (MNDS), l’ancien parti unique (fondé par Mamadou Tandja) dont était justement issu le premier.
Les preuves de cette suspicion ne seront malheureusement jamais établies.
Depuis les choses se sont précipitées au Niger à tel point qu’on était en droit de se demander si tout cela n’était pas programmé pour maintenir le jeune colonel au pouvoir :
Premier acte, celui qui ne voulait pas s’enraciner au pouvoir recevait le grade de général de brigade avant d’annoncer sa candidature à l’élection présidentielle.
Deuxième acte, Mainassara avait dissout en plein scrutin présidentiel, la Commission électorale nationale indépendante et la remplaçait par une commission nationale électorale.
Ayant confisqué la démocratie, un groupe d’officiers le renverse en 1999. Résultat ? Tragique : Baré est tué!
Sous le Colonel Mamadou Tandja, le Niger avait renoué avec la même dictature qui voulait dire qu’un colonel de l’armée reste toujours un mauvais démocrate.
Les mêmes pratiques politiciennes produisant les mêmes effets Tandja aussi est renversé le 18 Février 2010 par un coup de force.
La nouveauté ici, c’est que le nouveau président putschiste a 45 ans. Si la démocratie au Niger n’est pas assassinée, elle est sans doute sérieusement blessée.
Amy SANOGO
22 Février 2010.