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Notre combat de tous les jours, c’est la sécurité alimentaire. Le spectre de l’année dernière ne se répétera plus dans notre pays”, tel est le leitmotiv qui revenait tout au long de la visite du 27 au 31 octobre du Premier ministre Ousmane Issoufi Maïga dans les régions de Sikasso et Ségou, greniers à céréales du pays.

La campagne dernière a été particulièrement éprouvante pour le monde rural. La mauvaise pluviométrie et l’invasion des cultures par les criquets pèlerins ont fait chuter la production agricole entraînant un important déficit céréalier.

Pendant ce temps des tonnes de céréales sont exportés par les commerçants vers les pays voisins qui connaissent eux aussi des pénuries alimentaires. Le Mali a été obligé de recourir aux importations coûteuses pour échapper de peu à la famine.

C’est pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduire que le Président de la République a instruit au Premier ministre de sillonner toutes les zones de production pour amener les producteurs à constituer des stocks familiaux de sécurité et à vendre le surplus à l’Opam (office des produits alimentaires du Mali) dans le cadre de la sécurité nationale.

Un message bien perçu par les paysans. “L’année dernière nous avons trop souffert de la famine à cause du fait que beaucoup de céréales sont sortis d’ici pour l’extérieur. C’est ce qu’il faut éviter cette année”, a clamé Papa Doumbia, paysan de Koutiala.

Avec la perspective des bonnes récoltes les prix des céréales ont presque baissé de moitié. Le sac de 100 kg de riz qui était vendu à 40.000 F Cfa est aujourd’hui cédé à 23.000 F Cfa.

Ici comme ailleurs, le message du Premier ministre a été clair : Ne bradez pas vos récoltes, constituez un stock au niveau de vos greniers et vendez l’excédent à l’Opam.

Une consigne qui avait déjà des échos au niveau des autorités administratives et municipales. “S’il est vrai que notre commune n’a pas souffert des conséquences de la campagne désastreuse de l’année dernière, nous n’en sommes pas moins sensibles à la situation nationale.
C’est pourquoi nous avons inscrit dans notre plan de développement la création d’une banque de céréale afin de prévoir des lendemains difficiles
” a soutenu Vamara Abdoul Koné, maire de Kapolondougou.

Avec la bonne pluviométrie, la production de riz est en nette progression à l’office du Niger qui fourni plus de 60 % des besoins du pays. Ainsi, il est attendu 463.465 tonnes de paddy contre 458.240 en 2004.

Les prix des céréales sont en baisse. Le sac de 100 kg de riz est vendu à 17.500 F Cfa, celui du mil est cédé à 9 000 francs Cfa contre 7.500 F Cfa pour le sorgho. Au-delà des aspects de la sécurité alimentaire, les paysans connaissent d’autres problèmes qui ont trait à l’apprivoisement en intrants aux crédits agricoles et à l’équipement.

L’engrais coûte cher et est difficile à avoir au bon moment et en quantité suffisants”, interpellent les paysans.

Une difficulté comprise par le Premier ministre qui a expliqué la corrélation entre les intrants et la flambée des prix du pétrole dont ils sont issus.

Pour Ousmane Issoufi Maïga, la solution réside à long terme dans la mise en valeur des phosphates naturels du Tilemsi et la création d’une usine de fabrication d’engrais à Markala.
Des pistes qui sont envisagées par le gouvernement.

La récurrente question de la redevance eau de l’Office du Niger est revenu dans le débat. Le Premier ministre a tranché en disant de façon ferme que la redevance eau doit être payé comme prévu par le contrat plan qui lie l’Office au producteur et à l’Etat.

Quant aux autres crédits contractés auprès des banques et autres institutions financières leur paiement est également une obligation.

Pour l’équipement des paysans, le Premier ministre a rassuré que deux projets sont en cours avec l’Inde et la Chine pour près de 600 tracteurs et la création d’une usine d’assemblage au Mali.

Fousséni Traoré

8 novembre 2005.