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En donnant la parole lundi soir au PDG de Grand grenier du bonheur (GGB), Bakoré Sylla qui a épinglé « l’Initiative riz », l’ORTM a offert aux adversaires du Premier ministre le fouet pour le flageller sur « l’Initiative riz ».

Au moment où le Premier ministre Modibo Sidibé, l’artisan de « l’Initiative riz », bouclait une tournée en zone Office du Niger et à San, le richissime opérateur céréalier, Bakoré Sylla a profité de l’occasion pour saborder ses actions. Dans l’édition de 20 h de lundi soir de la télévision nationale, heure de grande audience, il a déclaré que le « riz malien n’est pas compétitif ».

Bakoré sait certainement de quoi il parle lorsqu’il affirme que le riz local est vendu à 325 F CFA le kg sans compter les frais de transport alors que le riz importé est cédé à 200 F CFA dans toute la sous-région. Ce qui fait que les grossistes ne peuvent pas commercialiser notre riz. Ce faisant, Bakoré, réputé n’avoir pas sa langue dans sa poche, jette le doute sur les réussites de « l’Initiative riz » dont l’objectif est de rendre le Mali autosuffisant tout en lui permettant d’écouler l’excédent dans les pays voisins.

La récente tournée du Premier ministre, la deuxième du genre qu’il effectuait dans les zones rizicoles depuis le début des récoltes, visait surtout à sensibiliser les paysans à ne pas brader leurs productions.


Juste Ciel

Bakoré Sylla, qui ne voit certainement pas d’un bon œil l’action du PM, s’autorise à lui mettre les bâtons dans les roues. L’opérateur économique, autoproclamé président des importateurs de céréales et qui est l’un de ceux qui bénéficient de toutes les faveurs de l’Office des produits agricoles du Mali (Opam) et du Commissariat à la sécurité alimentaire pour faire prospérer ses affaires, a le don de dire tout haut ce que certains disent tout bas.

Mais pour une fois, par ses déclarations qui tombent comme une pierre dans le jardin rizicole des plus hautes autorités du pays, Bakoré Sylla sonne plutôt l’alerte. Les responsables de la chaîne nationale, dont les actions ne cessent d’être vantées par les mêmes autorités ont, selon nos sources, été vigoureusement rappelés à l’ordre.

En 2005, en plein péril acridien, Bakoré Sylla s’en était donné à cœur joie plastronnant sur les antennes de l’ORTM pour dire que « foli tè djouladeniw ye, djoulabaw dé bé fo ». Traduction : « les commerçants détaillants ne sont pas à féliciter pour les efforts consentis dans l’approvisionnement du pays en céréales, tout le mérite revient aux grands commerçants ». Comme lui évidemment.

Ces propos à l’emporte-pièce lui avaient valu d’être interdit de micro à l’ORTM. Mais, « l’habitude étant une seconde nature », ne vient-il pas de livrer en pâture un système dont il ne cesse de profiter au détriment des plus humbles ? Les voies du Seigneur sont vraiment insondables.


Abdrahamane Dicko

18 Décembre 2008