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La présente note se veut un résumé très sommaire de notre tâche, afin de faire connaître une infime partie de l’immense savoir-faire de notre pays. Dans le cadre de ce condensé, nous vous parlerons pèle-mêle de notre vision sur le grand pays de mes chers cousins, les Dogons dont je loue le savoir au passage.

Encore un cri de cœur

Encore une fois, sachons qu’une saine et scientifique valorisation et restauration de notre patrimoine culturel si riche et diversifié, ne tient qu’à nous tous, autorités et professionnels de tous les horizons.

Trajet de la mission

La mission est partie de Bamako pour Bandiagara, le cœur du pays dogon, en passant par Sévaré – la façade riveraine de Mopti la Venise malienne. Il faut avouer que cela n’a pas été facile et rapide de rallier les différents points retenus sur des pistes rocailleuses ou pleines de sable notamment : Pelu sur le plateau, Nombori dans la falaise et Sadia dans la plaine.

Le pays dogon

La construction

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Les matériaux et matériels
Les principaux matériaux de construction sont : la pierre, la terre, le bois, la paille et l’eau. D’autres produits locaux dérivés de la terre sont utilisés pour peindre quelques habitations.
Les constructions se font au moyen de matériels rudimentaires et parfois archaïques. Ce sont la hache, le panier dogon, la calebasse, la daba, le marteau et le fallo ou pallo. La corde, le niveau à bulle et le mètre (excepté pour de rares corps de travaux) ne sont pratiquement pas utilisés. La mise en oeuvre des travaux de construction se fait avec les mains.

Matériaux

Le matériau de base utilisé dans la construction est le banco. Il est utilisé pour faire des briques ou des boudins. Pour sa préparation on macère de la paille et de la balle de riz dans de la vase Cette mixture est mélangée à de la terre et versée dans des moules à briques de la dimension de parpaing. Ensuite les briques sont séchées au soleil et seront montées plus tard avec le même mortier de banco. L’enduit utilisé après chaque saison de pluie, consiste en vase glaise.

La pierre est également employée, soit de manière sèche ou avec du banco. Son utilisation a pour objet essentiel d’économiser l’eau et la terre. La pierre intervient beaucoup dans la construction des murs d’enceinte. Souvent ceux-ci reçoivent un enduit de banco.

Dans les constructions dogon il est rare que les murs soient porteurs. Les charges du bâtiment sont surtout supportées par des poutres ou poutrelles en bois. Celles-ci en bois sont maintenues par des fourches à leur milieu ou leur extrémité. Il n’est pas rare de voir ces bois fourchus au milieu d’une pièce. L’imperméabilité de ses bois est assurée par des produits.

Patrimoine architectural

La dégradation

Elle est connue et diagnostiquée depuis longtemps: les édifices tombent en ruines. L’ambiance extérieure, de manière sauvage, agresse le milieu (pillage, vol, etc.)
Les raisons de cette dégradation sont multiples. Elles sont entre autres:
– le délaissement des valeurs culturelles ethniques par la présente génération;
– l’exode et l’immigration vers les villes où il semble y avoir de la lumière;
– le manque crucial d’eau et surtout d’eau potable.

Eau : un problème crucial

Nous n’insisterons jamais assez sur le problème d’eau. En effet de nos jours il n’est pas rare de voir des villages emménager dans la plaine à cause du manque d’eau et de la terre pour des besoins de culture et d’habitation. Et cela au risque de perdre des valeurs et des connaissances ancestrales millénaires.

Préservation

Dans les localités visitées, Pélou & Nombori, nous n’avons observé que des édifices dégradés. A certains endroits, le niveau de dégradation avoisine les 75%. Vu le caractère historico-culturel de ces édifices il serait bon d’envisager des solutions adéquates et immédiates pour remédier à ces facteurs néfastes.

Ce, pour la plupart des édifices instructifs à plus d’un titre. Ils sont le fruit d’un savoir-faire et d’une maîtrise parfaite d’un processus de construction. Il est largement tenu compte de l’influence négative que la nature et le milieu extérieur (intempéries, envahisseurs, etc.) peuvent apporter à leur milieu. La technique de l’exploitation judicieuse des terres mérite de figurer dans les annales des documents d’urbanisme.

A n’en pas douter l’application de mesures énergiques et efficaces pour sauvegarder ce patrimoine architectural apportera un important dans le développement socio-économique du Mali.

Nombori …

Des hauteurs, on s’offre une inoubliable descente, après une bonne heure de marche de Dourou, sur Nombori. Le village offre au piéton une vue surprenante, pittoresque et imprenable. Cet accès pour un non-habitué constitue une épreuve dure et inoubliable: un chemin sinueux et rocailleux se profile à travers les escarpements rocheux pour vous emporter durant une demi heure au pied de la falaise.

……. Quelle découverte !

Ce chemin, très difficile et éprouvante (aussi bien à la descente qu’à la montée) donne par endroit des sueurs froides. A certains endroits, le passage s’effectue obligatoirement au moyen de l’échelle dogon taillée dans des troncs d’arbres Ce parcours a l’avantage de donner une inattendue et inoubliable vue du village.

L’école fondamentale est, avec le forage l’église et le marché, les seules constructions du village au pied de la falaise. Les autres constructions sont tout au flanc de la colline.

Nombori est situé au pied de la falaise, la région la plus connue et la plus pittoresque du pays dogon. La falaise se définit par la paroi, les éboulis et la bande de terre cultivable enserrée entre la falaise et les dunes.
Nos travaux ici ont porté sur la maison du hogon, les guinna, les toguna et les greniers.

Sadia

Le village de Sadia est situé dans la région de la plaine. La plaine forme un paysage magnifique de la savane sahélienne. Il existe une réelle coupure entre les régions de part et d’autre du cordon dunaire. En effet contact avec d’autres civilisations, la culture dogon a connu une forte influence, influence qui a joué sur la manière de concevoir et de construire l’habitat.

A Sadia, notre mission s’est arrêtée, le temps de coordonner la suite à donner au projet. Et depuis…. Alors je vous laisse là, au bout du net, en espérant vous faire découvrir une infime partie du savoir-faire de mes chers cousins les dogons ou dogono.

N.B: Mes remerciements

Au passage je tiens à remercier MM. Cissé Lassana & Dembélé Mamadi, respectivement chef de la mission culturelle de Bandiagara et Responsable à la direction des sciences humaines, pour leur sollicitude et marque de confiance.

05/01/2004

Cheich Abd El Kader, architecte
-abdelkader@afribone.net.ml