C’est la première d’une série d’activités prévues du 23 au 27 de ce mois.
1906-2006: il y a de cela 100 ans que le palais de Koulouba existe, qui a subi plusieurs modifications substantielles. Koulouba, demeurée sans conteste la capitale de la République du Mali après son accession à l’indépendance en 1960.
Selon le document de presse produit par le président du Comité le professeur Bakary Kamian, depuis un siècle, Koulouba n’a cessé de jouer un rôle incomparable dans la destinée des territoires qui ont formé tour à tour la Sénégambie-Niger, le Haut-Sénégal-Niger, le Soudan Français, la République Soudanaise et la République du Mali. Les Européens du temps colonial l’ont surnommée « la colline inspirée ».
Pour les citoyens maliens, Koulouba, c’est avant tout le symbole de la souverainété nationale, le siège du pouvoir, la résidence du chef de l’Etat, le centre de décisions au-dessus duquel il n’y a plus rien, le centre d’implusions de toutes les décisions politiques, administratives, militaires, économiques, culturelles et sociales engageant le présent et l’avenir de la nation.
Au lendemain de leur accession à l’indépendance, certains pays ont abandonné les chefs-lieux coloniaux pour transférer ailleurs leur capitale. Par sa position géographique et les multiples avantages de son site, Bamako qui présentait toutes les conditions matérielles et économiques d’une capitale nationale plus que toute autre cité du Mali, fut maintenue comme siège du pouvoir central et centre de la gestion du pays.
En s’implantant au Soudan, le colonisateur a changé trois fois l’emplacement de son centre de commandement. Au commencement ce fut Bakel, (aujourd’hui au Sénégal), puis Médine et Kayes, toutes les trois cités étant situées sur le fleuve Sénégal. Bamako et la cité administrative de Koulouba correspondent au quatrième choix, au choix définitif, pour des motivations qui demeurent encore valables pour l’Etat souverain et indépendant qui a pris son envol le 22 septembre 1960.
Il y a cent ans, le nom de Koulouba, jusque-là inconnu, faisait une rentrée remarquée sur la scène politique et dans l’histoire en Afrique occidentale. Le Général de Trentinian, lieutenant-gouverneur du Soudan Français de 1859 à 1899, a eu le premier l’idée d’installer à Bamako, sur le site de Koulouba, au point F, le chef-lieu de la colonie ainsi que les dépendances du gouvernement du Soudan Français.
Il avait choisi le point géodésique G ou Diamadiakoulou comme emplacement sur lequel devrait être édifiée la formation sanitaire la plus importante du Haut-Sénégal-Niger parce que le point G répond absolument à tous les désiderata que l’on puisse formuler au point de vue hygiénique.
BAMAKO, CAPITALE COLONIALE
Selon l’histoirien Bakary Kamian, les raisons sont d’ordre historique, géographique et la politique. Les raisons historiques: le récit des deux voyages de l’explorateur britannique Mungo Park (en 1795 et 1805), premier Européen arrivé à Bamako. Les suggestions de l’explorateur Français Réné Caillé du gouverneur du Sénégal Faidherbe (1854-1865), des explorateurs français Mage et Quintin et Paul Soleillet.
Pour comprendre le rôle de Koulouba capitale coloniale, il est opportun d’évoquer sommairement comment la France, après sa période de recueillement (1871-1878) au lendemain de la guerre de 1870 1871, a été acquise à l’idée d’une colonisation pacifique dont un des éléments majeurs était la construction d’un chemin de fer transaharien Sénégal Algérie à travers le Soudan. C’est pourquoi la priorité a été accordée au tronçon Kayes-Niger qui traversait le territoire du Sultan Ahmadou Ségou
En début 1881, Kayes remplace Médine et devient la 3ème capitale du commandement supérieur du Haut Fleuve.
LES RAISONS GEOPOLITIQUES:
Kayes est devenu excentrique à la suite de l’expansion coloniale vers l’est et vers la vallée du Niger.
Comme raisons économiques, on peut dire que Bamako est un carrefour entre le Haut et le Moyen Niger, la Boucle du Niger, Tombouctou, point de surveillance de l’Algérie au sud du Sahara, carrefour des routes de l’or, de la cola, du sel, des céréales et des chevaux, tête de la navigation sur le Haut-Niger.
Rappelons que c’est le général de Trentinian de 1895 à 1899 qui a édifié sur le site de Koulouba « la folie Trentinan » le noyau du palais qui sera construit de 1904 à 1908.
Le climat défavorable de Kayes avec la température qui y est chaude presque toute l’année ne militait pas en faveur du maintien de la capitale du Soudan à Kayes.
En 1903, le gouverneur général Roume approuve le choix de Koulouba par De Trentinian. Une année plus tard, démarrent des travaux de construction de la cité administrative de Koulouba. Car Bamako a été confirmé comme chef-lieu du nouveau territoire colonial. Et Bamako devient le siège de la plus vaste des colonies françaises de 1904 à 1919.
Rappelons que pendant toute son histoire de cent ans, Koulouba n’a jamais été déserté un seul instant par le pouvoir. Résidence et bureau du chef de l’exécutif territorial pendant la colonisation, Koulouba a vu se succéder en 46 années d’indépendance quatre chefs d’Etat:
Modibo Keïta (1960 – 1968): civil
Moussa Traoré (1968 – 1991): militaire
Amadou Toumani Touré (1991 – 1992): militaire
Alpha Oumar Konaré (1991 – 2002): civil
Amadou Toumani Touré (depuis 2002): militaire
Les présidents Modibo Keïta et Alpha Oumar Konaré ont habité le palais pendant toute la durée de leurs fonctions. Les présidents militaires, les généraux Moussa Traoré et ATT, tout en venant présider les réunions hebdomadaires du conseil des ministres sont restés logés au camp avant de rejoindre leurs appartements au palais comme résidence du chef de l’Etat.
Au cours de cette cérémonie un documentaire a été produit sur le centenaire où il y a eu des témoignages.
Selon l’actuel locataire de Koulouba, la fonction de chef de l’Etat est plutôt une épreuve de tous les jours. Il a dit cela en reponse à l’envie et à la convoitise que nos compatriotes ont pour le palais de Koulouba.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a affirmé que sur don d’un pays ami du Mali à hauteur de 2 milliards FCFA, un nouveau local sera construit qui abritera le siège du secrétaire général de la présidence de la République.
Le chef de l’Etat a rendu hommage à tous ses prédécesseurs, aux épouses de chefs d’Etat et à tout le personnel du palais.
Mamadi TOUNKARA
Quelques personnalités marquantes de l’histoire de Koulouba
G. BORGNIS-DESBORDES (1) : remarque le site exceptionnel de Koulouba dès son arrivée à Bamako en 1883.
E. DE TRENTINIAN (2) : choisit Koulouba pour résidence à Bamako et y construit un premier bâtiment entre 1895 et 1899
LE GOUVERNEUR GENERAL ROUME (3) : entérine en 1903 le choix de Koulouba pour y édifier le siège du gouvernement du Soudan Français.
W. MERLEAU-POINTY (4) : est gouverneur du Soudan pendant la construction de la cité et
F. CLOZEL (5) : est le premier gouverneur à emménager dans les locaux neufs de Koulouba en 1908.
E. LOUVEAU (6) : est gouverneur du Soudan Français de 1946 à 1952. Les fonds du F.I.D.E.S. lui permirent d’entreprendre de grands travaux et de créer la « ville nouvelle » de Bamako: l’IOTA, les jardins botanique et zoologique entre autres.
Il étoffa la cité administrative de Koulouba de nombreux bâtiments dont les années comprises entre 1948 et 1951 sont souvent inscrites sur les façades.
MODIBO KEITA (7) : Premier Président du Mali indépendant de 1960 à 1968 agrandit les espaces de réception au rez-de-chaussée du Palais.
MOUSSA TRAORE (8) : Président de 1968 à 1991 fit construire un deuxième étage au Palais Présidentiel vers 1986.
ALPHA OUMAR KONARE (9) : Fut Président de 1992 à 2002. Il aménagea le long de la route menant à Koulouba les places des Nations, des villes du Mali, des explorateurs, des villes martyrs et des gouverneurs. Il fit édifier vers 1992-2000 les bâtiments abritant la salle des banquets et la salle du Conseil des Ministres.
AMADOU TOUMANI TOURE (10) : Est Président de la République depuis 2002.
Il est à l’origine des travaux en cours qui vont doter le Palais de nouveaux locaux destinés aux services du Secrétariat Général de la Présidence.
26 mai 2006.