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Le Mouvement Patriotique pour le Renouveau (MPR) a organisé, le samedi 18 décembre 2010, au Centre international des conférences de Bamako, une conférence-débats sur le thème « La problématique de la réconciliation nationale à l’aune du Cinquantenaire « . C’était sous la présidence du président du parti, le Dr Choguel Kokalla Maïga, le conférencier, en présence de plusieurs représentants des partis politiques, des syndicats, de la société civile. Le conférencier a, à cette occasion, regretté l’absence du président Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré à la tribune des festivités du Cinquantenaire.

Le président du MPR avait à ses côtés, le secrétaire général du parti du Tigre, Pr Oumar Kanouté, modérateur de la conférence et Djibril Diallo, un haut cadre du parti. Dans son intervention, Dr Choguel Maïga dira que le thème de cette conférence-débats est intéressant en ce qu’il permet de passer en revue la pratique de la gestion du pouvoir des cinquante dernières années, dans la perspective des échéances qui s’annoncent et qui seront déterminantes pour les cinquante années à venir. « Le sujet est au cœur des préoccupations de la classe politique. A moins de deux ans des élections, les appréhensions et les inquiétudes sont très perceptibles.

Le développement du pays va-t-il se poursuivre dans le climat apaisé instauré depuis 2002 ou allons-nous assister au réveil des démons de la division et de l’exclusion ? « , a-t-il déclaré. Et le président du MPR de se demander s’il est possible de continuer à concilier la culture malienne du compromis avec la logique de confrontation. La question qui se pose aujourd’hui, a-t-il souligné, tourne autour de l’impératif de cohésion et de stabilité pour le développement harmonieux du pays.

 » On prête au président Amadou Toumani Touré l’intention d’avoir voulu, à ses côtés, lors du défilé militaire du 22 septembre 2010, ses deux prédécesseurs : Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré. Si cela avait été, comme lors des funérailles de feu le président Omar Bongo Ondimba, où le président de la République du Mali et son prédécesseur se sont inclinés ensemble, la main dans la main, sur la dépouille du défunt, le Mali, cette fois-ci encore, aurait confirmé à l’Afrique et au monde, sa fidélité à sa tradition millénaire de concorde et de paix, de convivialité et de sagesse, de grandeur et d’humilité, de pardon et de tolérance », a regretté Choguel Maïga.

Il a rappelé qu’en février 1999, à la fin de la série des procès politiques contre les responsables de la 2ème République, le MPR a fait une proposition de réconciliation nationale sur la base de la rencontre de tous ceux qui ont joué un rôle dans la destinée de la patrie. Dans cette proposition, le président du parti du tigre a cité quelques morceaux choisis de ce texte de 1999:  » …Trop d’incertitudes, de zones d’ombre jalonnent et le parcours de la Nation, qui hypothèquent sérieusement la volonté pourtant largement partagée de réconciliation. Trop de langues pèsent sur le présent et l’avenir de la Nation, dont la cohésion interne est fortement menacée…

Trop de frustrations contenues, trop d’injustices, trop de rancœurs, trop d’appétits, d’ambitions et de prétentions, trop de ruses, trop de tromperies et de tricheries, trop de haine, d’arrogance, d’abus et d’excès dans les discours et les comportements, le tout conjugué au manque de vision, du sens de l’histoire, du sens de la mesure et de l’humilité risquent, si l’on n’y prend garde, de précipiter l’effondrement de l’Etat et de mettre l’unité de la nation… « , a-t-il averti.

Plusieurs témoignages vibrants sur les événements tragiques de l’histoire du Mali ont meublé la rencontre. Il s’agit des assassinats de Fily Dabo Sissoko, Mamadou M’Bodj, du chef du village de Sakoïba, du président Modibo Kéita, d’Abdoul Karim Camara dit Cabral et de bien d’autres.

Plusieurs témoins de l’histoire, frustrés et révoltés par rapport à un certain nombre d’injustices et de vérités cachées, étaient montés au créneau pour réclamer l’urgence de définir un cadre de réconciliation du peuple avec lui-même. Il s’agit de Mody Fily Sissoko (fils de Fily Dabo), du Colonel Youssouf Traoré du CMLN, du Colonel Sambou Soumaré (ancien haut cadre de la sécurité d’Etat), de Bocar Moussa Diarra de l’UM-RDA Faso Jigi, et de bien d’autres.

Quasiment à l’unanimité, les intervenants ont approuvé l’idée de trouver un cadre ou un forum pouvant conduire au déballage susceptible de conduire à la réconciliation nationale.

Les uns et les autres ont félicité les responsables du MPR pour le courage avec lequel ils viennent de poser le débat. L’exemple de la réconciliation entre le PSP et l’US-RDA a été cité par plusieurs intervenants comme devant servir de source d’inspiration pour que les rancœurs, les peurs, le mea culpa des victimes et des bourreaux de l’histoire politique du Mali soient exposés pour une paix véritable entre tous les fils du pays.

Bruno D SEGBEDJI

20 Décembre 2010