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L’émotion était réellement au rendez-vous à la cérémonie de lancement de l’ECOSAP. Tant l’ombre de feu Cheick Oumar Diarra, ex-secrétaire exécutif adjoint de la CEDEAO chargé des Affaires politiques, de la Défense et de la Sécurité, mort à l’œuvre, pèse de tout son poids sur tout ce qui concerne la lutte contre la prolifération des armes.

Après le mot de bienvenue du maire de la commune 3, Abdelkader Sidibé, le ministre Moctar Ouane, présidant la cérémonie, a fait de même. « En s’engageant résolument dans la lutte contre la prolifération illicite des armes légères… le CEDEAO a renforcé son leadership dans le domaine de la préservation de la paix et de la sécurité dans notre espace communautaire« , a-t-il constaté.

Il a ensuite salué l’avancement du processus d’élaboration du projet de convention de la CEDEAO sur les armes légères. « Nous sommes convaincus qu’un tel instrument nous permettra de franchir une étape décisive et historique qui pourrait inspirer la communauté internationale à aller dans le même sens« .

Il a aussi rendu hommage au secrétaire exécutif de la CEDEAO, Mohamed Ibn Chambas, et réaffirmé l’engagement du Mali à promouvoir les actions de lutte contre la prolifération des armes légères. « Puisse l’ECOSAP servir d’exemple à d’autres régions dans la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre !« . Avant de lancer des slogans dont « lutter contre les armes légères, c’est assurer la quiétude de nos populations !« .

Mohamed Ibn Chambas a remercié, à son tour, le ministre Ouane pour son appui au travail des experts et juristes consistant à transformer en convention le moratoire de la CEDEAO. « … Une lutte systématique organisée dans un cadre structuré, menée par les autorités concernées avec l’engagement et l’appui de la société civile, mais surtout des populations elles-mêmes… nous semble être un des préalables incontournables… », a-t-il déclaré.

Une fois signée, la convention permettra, selon lui, « de contribuer à l’émergence d’un cadre assaini, propice à l’éclosion des initiatives de croissance économique et sociale« . Il a aussi exprimé sa solidarité et sa compassion à la suite des attaques des camps de Kidal que la CEDEAO condamne fermement.

En dévoilant le buste de feu Cheick Oumar Diarra – en fait une photo -, le ministre Ouane, a rendu un vibrant hommage à sa mémoire. Un homme qui était « excellent » en sa qualité d’officier supérieur, de haut fonctionnaire, qui « s’est consacré, jusqu’à l’ultime sacrifice, au combat sans merci pour la paix dans la sous-région« .

Il a ajouté, s’adressant à titre posthume au Général défunt : »du Rwanda au Liberia, en passant par la Côte d’Ivoire, tu as été de tous les combats pour la paix pour laquelle tu as versé ton sang. Tous garderont allumé le flambeau de la paix dont tu étais porteur pour que se réalise ton rêve et l’ambition que tu as toujours nourrie pour la CEDEAO et pour l’Afrique« .

Mohamed Ibn Chambas, lui, s’est exprimé ainsi à propos du Général qui « a juré de ne se reposer tant que notre région ne sera pas débarrassée du fléau destructif des armes légères alimentant les conflits« .

Mme Afi Yakubu, secrétaire général du Réseau d’action ouest-africain sur les armes de petit calibre (WAANSA, en anglais), a , quant à elle, axé toute son intervention sur le Général qui « était le chameau qui surplombe tout. Celui qui s’est surpassé sans repos« . « Formé pour vaincre, il a vaincu le sens de tuer en baissant son arme, hissant l’étendard de la paix ». Le représentant de la famille Diarra, Igor Diarra, fils du défunt, a pris la parole pou saluer sa mémoire. L’émotion était grande: plusieurs membres de la famille n’ont cessé d’essuyer leurs larmes.

Le représentant-résident du PNUD au Mali, Joseph-Byll Cataria, a informé que l’ECOSAP, d’une durée de cinq ans, a un budget total de 15 milliards 996 millions 341 905 FCFA dont 67 % du montant sera consacré au renforcement des capacités des Etats membres à lutter contre la prolifération des armes. Le projet sera exécuté en deux phases dont la première concerne l’élaboration d’un plan de travail pour trois ans. Ce plan coûtera 12,7 millions de dollars dont les 3,8 millions sont déjà avancés par le PNUD pour accélérer la mise en œuvre de l’ECOSAP.

Zoubeirou MAIGA

08 juin 2006.