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En compagnie du Président de la République, du Premier ministre, du Président de la Banque islamique de développement (BID) et de plusieurs partenaires techniques et financiers de notre pays, le ministre de l’Energie et de l’eau, Mamadou Igor Diarra, a officiellement lancé les travaux d’aménagement de Taoussa. Véritable projet de développement du Mali en général et des régions Nord en particulier, ce barrage dont les premières études de faisabilité menées par des géologues français, remontent aux années 1920, permettra d’améliorer sensiblement les conditions de vie des populations de Tombouctou, Gao et Kidal. Plus que jamais déterminé à relever le défi qu’il a lancé il y a quelques mois de faire «la révolution énergétique», le ministre de l’Energie, dans un entretien accordé à L’Indépendant sur le site de Taoussa, nous dévoile tout sur ce projet multidimensionnel.

L’Indépendant : M. le ministre, cela fait près de 90 ans que ce projet est en gestation, quels sont les sentiments qui vous animent après le lancement de ses travaux ?

Mamadou Igor Diarra : C’est un sentiment de grande satisfaction qui m’anime. Parce que le défi organisationnel a été relevé car, la zone est difficile d’accès. L’enthousiasme et la mobilisation qui ont été notés par le Président de la République, Amadou Toumani Touré et Ahamad Mohamad Ali, président de la Banque islamique de développement (BID) nous poussent à aller plus vite et plus fort sans oublier la chaleur de l’accueil que nous ont réservé les populations de Gao à Taoussa en passant par Bourem.

L’Indép. Quels sont les coûts exacts et le délai de réalisation du projet du barrage de Taoussa ?

MID : Le coût de réalisation est de 130 milliards de FCFA ainsi répartis : 40 milliards de nos francs pour la ligne haute tension, l’équipement de la centrale et la cité d’exploitation et les 90 milliards restants, soit 195 millions de dollars pour les travaux de génie civil, les équipements hydroélectriques (vannes et autres), la route Gao-Bourem-Taoussa et le début des travaux d’aménagement. Ces 195 millions de dollars représentent le financement de la première phase. Projet multidimensionnel, le financement des 130 milliards de FCFA est de, nos jours, bouclé.

L’Indép. Un si vaste projet ne se réalise pas du jour au lendemain, quel en est donc, le délai d’exécution ?

MID: Je voudrais d’abord préciser que le délai d’exécution d’un projet inclut la phase préparatoire et la mobilisation des ressources financières. Ainsi, pour le cas typique de Taoussa, une année est consacrée à la préparation du projet, quatre années pour la réalisation et une année pour la démobilisation. Concernant la période préparatoire, je vous informe qu’elle est déjà bouclée.

L’Indép. Quelles sont les caractéristiques du chantier du barrage de Taoussa et comment se fait le contrôle des travaux ?

MID: Le chantier de Taoussa se compose de sept lots :

-Primo, le génie civil du barrage et de ses ouvrages connexes.

-Secundo, les équipements hydroélectriques.

Pour ces deux lots, le processus de sélection est en cours de dépouillement, l’État ayant reçu les dossiers des entreprises soumissionnaires. Cette sélection reste, tout de même, sujette à l’avis de non objection des bailleurs de fonds.

Tertio, les équipements hydromécaniques.

Quarto, la ligne de transport d’électricité et des postes. Cinquièmement, la cité d’exploitation du barrage. Pour ces trois lots, l’accompagnement financier sera assuré par la China Exim Bank suite à une sélection de l’entreprise CGGC qui a réalisé 70% des travaux du plus grand barrage au monde : le barrage aux trois gorges en Chine. Les financements chinois sont orientés vers les entreprises chinoises.

Sixièmement, c’est la route Gao-Bourem-Taoussa.Et, enfin, en septième lieu, la construction des villages de réinstallation. A ce propos, les dossiers d’appel d’offres sont prêts et seront lancés incessamment. Il en est de même pour le recasement.Pour en venir au bureau de contrôle, il faut noter que, suite à un avis d’appel d’offres publié dans le quotidien national «L’Essor» n°16586 du 8 décembre 2008 et dans l’Hebdomadaire «Jeune Afrique» N° 2553 du 13 au 19 décembre 2008, une liste est soumise aux bailleurs de fonds.

Une consultation de neuf entreprises a été faite et la liste approuvée par les bailleurs de fonds. Le processus de dépouillement pour le recrutement du bureau de contrôle est en cours.

L’Indép. Jusque là, on ne parle que d’entreprises étrangères, est-ce à dire que les entreprises nationales ne sont pas concernées par ce projet grandiose ?

MID: Non, ce n’est pas cela. Mais, je me dois de confirmer qu’une importante partie du financement étant assuré par des bailleurs étrangers, on ne peut pas faire faire les travaux que par des entreprises maliennes. En revanche, elles compétissent dans des groupements avec les entreprises étrangères ou travaillent pour ces dernières en tant que prestataires.

Pour cela, il s’agit pour chacune d’entre elles d’être vigilante quant aux différents appels d’offres. Enfin, je voudrais demander à tous les Maliens, où qu’ils se trouvent, de soutenir ce vaste projet qui date de la période coloniale et dont chacun de nous, peut, aujourd’hui, se vanter du démarrage des travaux sous la présidence du Président de la République, chef de l’Etat.

Diakaridia Yossi

12 Février 2010.