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Dans le cadre du suivi de la campagne agricole 2008-2009, le ministre de l’Agriculture, Tiémoko Sangaré, était hier dans la commune rurale de Sanankoro, plus précisément à Dialakoroba et à N’Tabakoro, situées à une quarantaine de kilomètres de Bamako. Dans ces deux villages, il a visité des champs du patriarche Cheick Filimady Haïdara. Sur ces parcelles d’une superficie totale de plus de 300 hectares, le Vieux Haïdara cultive le maïs, le mil, le petit mil, le sésame, le riz et le haricot.

Malgré ses immenses efforts, le grand fermier bénéficie de peu d’assistance-conseil des services techniques de l’Etat. D’où la promesse du ministre de veiller à ce que de tels paysans modèles puissent recevoir, lors de la prochaine campagne, une  » assistance accrue de la part de l’Etat pour davantage rentabiliser les efforts qu’ils consentent« .

Contre sa foi inébranlable en la pratique de la religion musulmane, son amour pour l’agriculture et les bonnes œuvres envers ses prochains en situation difficile, le Sherif Cheick Filimady Haïdara a pu trouver l’équilibre nécessaire pour parvenir à ses fins. En effet, ce patriarche qui a passé 76 années de sa vie dans l’activité agricole, est un homme de foi et de croyance ayant comme seule locomotive les paroles de Dieu et de son prophète.

Il est l’exemple de ceux qui sont parvenus à justifier que la terre ne ment pas. Le ministre de l’Agriculture, Tiémoko Sangaré, ne s’est pas trompé en décidant de venir visiter ses champs dans le cadre du suivi de la campagne agricole 2008 – 2009. Le ministre était accompagné par ses proches collaborateurs dont le Coordinateur de la Cellule Initiative riz, Mamadou Goïta.

Tiémoko Sangaré et sa suite ont entamé leur sortie de terrain par le champ, plutôt la ferme de M. Haïdara, par celle située à Dialakoro. Ici, sur une superficie que le Vieux ne s’est jamais donné la peine de mesurer, mais estimée par l’agent d’appui-conseil de l’OHVN à plus de 100 hectares dont 88 exploités, on y cultive le maïs, le mil, le petit mil et le riz. Le ministre et sa suite ont été guidés par Cheick Filimady Haïdara lui-même entouré de ses fils, filles et petits-fils. Ils ont constaté que les récoltes ont atteint leur vitesse de croisière. Le riz était même entièrement récolté et battu.

Dans la ferme sise à N’Tabakoro, la superficie est estimée à plus de 180 hectares. On y retrouve les mêmes cultures avec le sésame. Sur les lieux, une trentaine de personnes résident permanemment pour l’entretien.

Quant à la culture, ce sont des centaines de gens qui viennent chaque jour dans les champs. Ceux-ci, ne sont pas des talibés, mais des prestataires qui sont payés, en espèce et souvent en nature. « Je n’ai pas de salaire fixe pour ceux qui viennent travailler ici. Je leur donne tout ce que je peux tant en espèce qu’en nature car on ne peut pas payer réellement un cultivateur » a souligné le Vieux Haïdara. Avant d’ajouter « j’ai commencé à cultiver il y a 76 ans. En tant que marabout je ne connais que l’agriculture et la prière.

Seul le travail paie. Je ne peux pas dire tout ce que j’ai réalisé. Dieu est mon témoin « . Vu son âge avancé, c’est sa fille Oumou Haïdara qui s’occupe des champs. Comme équipements, la famille dispose de cinq tracteurs dont l’un a été offert dans le cadre du programme de modernisation de l’agriculture du gouvernement. Dans son hameau, le paysan pratique aussi de l’élevage bovin.

Ce grand fermier ne bénéficiait pas des conseils des agents techniques de l’Agriculture. C’est cette année, seulement, qu’il a été repéré par l’OHVN à un moment où la campagne était déjà avancée. Le chef secteur appui-conseil de Sanankoroba de l’OHVN, Seydou Lansar, a laissé entendre qu’il sera pris en compte dans le plan de suivi de la prochaine campagne qui sera également mise à profit pour mesurer sa superficie. « Monsieur Haïdara fait un travail immense, lui-même ne peut pas vous dire quelle est la superficie qu’il exploite, ni le nombre de ses travailleurs.

Globalement l’état des cultures est bon, mais le constat est que l’important, à partir de la prochaine campagne, que M. Haïdara puisse bénéficier d’un appui accru des conseils agricoles pour pouvoir l’aider à mieux maîtriser les itinéraires. A regarder l’état des champs il n’y a pas mal d’aspect qui aurait pu être géré et amélioré si le conseil agricole avait été présent aux côtés de l’exploitant.

Il sera présent quotidiennement à côté de lui l’année prochaine pour que l’immense effort qu’il consent puisse être véritablement rentabilisé » a laissé entendre Tiémoko Sangaré. Le ministre d’ajouter que la politique d’intensification agricole prônée par le gouvernement passe par la maîtrise de l’eau, la bonne pluviométrie, l’utilisation efficiente des intrants et la mécanisation.

Le paysan sexagénaire a une véritable particularité. En effet, ce grand marabout ne vend pas un centime de kilogramme de sa production. Il estime à plus de 2 000 sacs sa production de l’année dernière. Si une superficie est réservée à sa consommation familiale, le reste de la production entièrement donnée gratuitement aux orphelins et aux couches pauvres.

Sa fille d’ajouter que lors du mois de carême passé, la famille a distribué, sans tambour ni trompette, 200 sacs de céréales.


Youssouf CAMARA

23 Octobre 2008