Sadiola est une mine à ciel ouvert dont la profondeur qui peut atteindre 200 m (limite extrême) est aujourd’hui de 120 mètres et la longueur avoisine 1 kilomètre.
Objectivement et honnêtement, les journalistes n’ont pas accès aux travailleurs de la mine et aux populations situées à proximité du site minier. Que cache t-on à la presse ? Problèmes de cyanure, d’accident de travail, de licenciement arbitraire, de malversations qui entachent la production d’or… que sais-je encore ?
Un gendarme lors de notre visite en 2004 à Sadiola nous a confié que l’or ne peut briller pour tous les Maliens. Et pour cause : des pratiques peu orthodoxes sont couramment utilisées.
Selon nos informations, c’est cette situation qui fait que l’impact des mines n’est pas visible dans les foyers. Est-ce vrai ? Allez savoir.
Lors de la conférence de presse de Sadiola vendredi dernier, Mme Soumaré Aminata ministre de l’Habitat, des Domaines de l’Etat et des Affaires Foncières a affirmé que la mine a payé 144 milliards de Fcfa de dividendes et de taxes ad valorem. D’autres impôts et taxes sont payés dans d’autres départements, a-t-elle fait savoir.
Le système au Mali, a précisé la ministre, est la caisse unique. Il n’y a pas de caisse séparée et les recettes sont diluées dans la caisse commune, c’est-à-dire le trésor. S’il y avait une caisse unique, a-t-elle renchéri, le problème ne se poserait pas.
Mais l’Etat a-t-il les moyens de contrôler l’industrie minière ?
Sur cette question, le ministre des Mines est formel : « La confiance n’exclut pas le contrôle ». Les contrôles a posteriori exercés (le Mali n’a que deux agents de contrôle sur le terrain) sont-ils suffisants ? La réponse du ministre est claire : « Il ne faut pas continuer dans ce sens. Il faut un contrôle circonstancié. Le rôle d’un gouvernement responsable, c’est de faire ce qui est réalisable ».
« On ne peut pas continuer à vivre dans un climat de suspicion » a-t-il fustigé.
Par rapport à l’impact de la mine sur la population, seul Sémégal n’a pas fui le débat. Sans détour, il a dit que l’impact de la mine (sur la santé) est réel. « Il faut le contenir » s’est-il pressé d’ajouter. En la matière, il a demandé l’amélioration des conditions environnementales. La mission essentielle de l’Etat, a-t-il poursuivi, est de sauvegarder le bien-être des Maliens. « Les responsables locaux sont interpellés » a-t-il conclu.
Ces propos du ministre traduisent le malaise qui règne sur les sites miniers d’une manière générale.
Au-delà des notions comme zéro accident, la sécurité n’est pas négociable, etc. les sociétés minières doivent améliorer l’effet d’entraînement des mines sur l’économie de notre pays afin que l’impact soit plus visible.
A son tour, le gouvernement doit revoir sa manière de percevoir les impôts et taxes des sociétés minières. En effet, ceux-ci sont payés directement à des structures nationales basées à Bamako. Il y a non seulement des risques de détournement, mais aussi une absence de transparence. Les populations locales devraient être les bénéficiaires de cette manne financière. Mais elles sont prises au dépourvu. Une injustice à réparer.
Espérons que les nouvelles mesures du gouvernement en vue d’exercer un droit de regard plus accru sur les mines seront appliquées en 2006 comme annoncé.
Issiaka SIDIBE
11 mai 2005