Ce qui prouve le manque de rigueur de l’auteur. Nous vous proposons la première partie de notre commentaire sur le livre.
Dans l’introduction, l’auteur dévoile l’objet de l’ouvrage : « (il) tente d’apporter quelques réponses à des interrogations mais aussi et surtout de voir si les actions entreprises par ATT, pendant ce premier mandat, ont répondu aux attentes de ses électeurs. L’objet de se livre est aussi d’essayer de mesurer l’impact du fameux consensus politique sur la gestion des affaires du pays».
Suit un chapitre intitulé «une profonde aspiration au changement». Le président Alpha Oumar Konaré et sa gestion y sont fort malmenés. Un tableau noir du double quinquennat de l’ADEMA y est dépeint. Ce parti est accusé d’avoir «affamé», «déflaté» ou «compressé» des pères de famille. La gestion des secteurs de la santé et de l’école par Alpha Oumar Konaré y est particulièrement décriée. «Le chef de l’Etat sortant aurait lui-même reconnu le grand échec de son temps de pouvoir à travers le désastre de l’école malienne» relève t-on en page 10 du livre, dans la rubrique «plan scolaire et universitaire ».
En outre, l’auteur soutient que sous Alpha Oumar Konaré, le peuple était dépouillé de son patrimoine économique : «car, sur injonction de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International (FMI), l’ancien chef de l’Etat malien a transféré tous les leviers économiques du pays, ou presque aux entreprises étrangères, telles que Bouygues, Saur International, Compagnie française du textile (CFT) ainsi qu’à des pays étrangers comme la Libye…».
L’ouvrage de Doumbi Fakoly basé sur ce qu’il appelle les «langues déliées, indiscrètes et compréhensives», c’est-à-dire la rumeur publique, s’étend sur une très large partie sur la gestion du président Konaré et son titre aurait pu concerner à la fois ce dernier et ATT.
Abordant le chapitre politique, l’écrivain s’emmêle les pénates quand il écrit que : «après avoir boycotté les élections législatives et communales de 1992, le collectif des partis politiques de l’opposition (COPPO) se fissure à l’approche des échéances électorales de 1997. Ce qui devait arriver, arriva». En réalité, en 1992, tous les partis ont pris part aux élections de 1992, les premières depuis l’instauration de la démocratie pluraliste. C’est en 1997 qu’il y a eu les législatives ratées du 13 avril de la même année. Conséquence : le COPPO voit le jour. C’était une opposition radicale et extrémiste. Et il faudra attendre 2002 pour que ses composantes se dispersent entre Espoir 2002 et l’ACC créée pour soutenir la candidature de ATT.
Plus loin, évoquant les crises au sein de l’ADEMA, il note : «la première secousse majeure a vu deux camps rivaux s’affronter au sortir du congrès du parti en 1999 : le clan des rénovateurs, dit clan CMDT avec Mandé Sidibé, Soumaila Cissé, Soumeylou Boubèye Maïga, Dioncounda Traoré, etc. et le clan des alternatistes, dit clan «Alternative 2002» avec pour tête de file IBK». Là, également, il assène des contre-vérités. A l’époque, de façon informelle, on parlait de «rénovateurs» et de «conservateurs».
Le président Dioncounda Traoré n’a jamais été du clan CMDT. Au contraire, il avait combattu ce groupe qui réclamait un congrès extraordinaire. Dioncounda était du même bord qu’IBK. Mandé Sidibé, très discret alors ne s’affichait pas non plus avec le clan CMDT et n’avait pas pris part, de façon frontale, à cette guéguerre intra-ADEMA. Et c’est bien après la démission d’IBK et la tenue du congrès extraordinaire en 2000 que le Pr. Issa N’Diaye, d’autres hauts dirigeants (le Pr. Bocar Sali, Bakary Konimba Traoré, yamady Sow, Mahamadou Macouba Maïga dit Béro, feux Alhousseyni Maïga et Kadari Bamba etc et députés ADEMA d’alors ont mis sur les fonts baptismaux «Alternative 2002» qui donnera naissance au RPM en juin 2001 et non en 2000 comme l’affirment les très peu et mal informées «les langues déliées, indiscrètes et soupçonneuses» de Fakoly.
En outre, l’auteur justifie l’élection d’ATT par la création et l’organisation du Mouvement Citoyen en réseaux à travers «plusieurs pays du continent et de l’étranger. Le Mouvement Citoyen ratisse large, mobilisant toutes les catégories sociales…». Ceux qui ont suivi cette période électorale au Mali savent que cette association politique n’a jamais mobilisé grand monde. Et que ce sont des responsables ADEMA, appelés «le groupe des dix» qui ont trahi ouvertement Soumaila Cissé – le candidat officiel de ce parti- et d’autres qui l’ont fait en cachette, sans oublier la vingtaine de petits partis qui ont assuré à ATT le résultat qu’il a obtenu au premier tour de la présidentielle de 2002.
Toujours au chapitre des élections, le mal informé Fakoly estime qu’il y a eu la fraude, le racolage des faux électeurs et des faux témoins qui ont certainement modifié sensiblement le taux de participation. Il attribue des scores fantaisistes aux candidats à la présidentielle : «un bon report des 18, 84% des voix obtenues par IBK, au premier tour, sur les 35,65% comptabilisés par Soumaila Cissé au second tour, aurait assuré sa victoire sur son rival».
En effet, les chiffres officiels publiés par la Cour Constitutionnelle donne à IBK 21,15 % et non 18,84 % contre 21, 44 % pour Soumaila Cissé et 28,87 % pour ATT. Pour terminer le chapitre des élections, notons que Doumbi-Fakoly dont les informations reposent sur : «tes langues déliées, indiscrètes et pertinentes» C’est-à-dire les «on dit» de la rue affirme que ATT n’a pas voulu de IBK à la présidence de l’Assemblée nationale et qu’il a fallu que ce dernier aille voir Oumar Bongo pour que ATT se ravise et l’installe au perchoir. Ineptie : depuis quand appartient-il au président du Gabon de dire qui doit être président de l’Assemblée nationale du Mali et qui ne doit pas l’être.
Pour cette insulte grave, le ragoteur Fakoly doit des excuses au peuple malien. Puis d’ajouter «Si ATT se garde donc de nommer IBK Premier ministre pour conduire la politique du gouvernement, c’est parce que, ajoutent «les langues déliées, indiscrètes et maintenant affirmatives, il compte sur des alliances censées renverser la tendance en défaveur de Espoir 2002 et d’IBK».
Depuis la lointaine France, Fakoly n’a certainement pas lu les déclarations d’IBK, lors du lancement de sa campagne en 2002, à Sébénikoro. Il avait, en effet, déclaré : «ma carrière ministérielle est terminée». Voilà une autre contre-vérité dans la mesure où les deux hommes n’ont jamais parlé de la Primature dont IBK a été, six longues années, le locataire. Il y a eu certes des engagements mais pas à ce niveau du gouvernement.
A suivre dans notre prochaine parution.
Chahana TAKIOU
22 janv 07