Ce classement est tout simplement balayé d’un revers de la main par les spécialistes de l’Hôtel des Finances qui estiment que le Mali mérite mieux.
En effet, d’après un conseiller Technique de ce Département qui a bien voulu se prononcer sous le signe de l’anonymat, le classement du Mali par le journal
«Construire l’Afrique» n’est ni Objectif ni réaliste.
Selon lui, il n’est pas fondé sur des statistiques officielles.
Il prend en compte le seul critère de taux de croissance qui n’est pas un indicateur suffisant pour mesurer la vitalité économique et le bien être dans un pays, indique-t-il. Par conséquent, il convient de ne lui accorder qu’une importance toute relative.
Notre conseiller Technique fera savoir qu’une «meilleure appréciation devrait faire appel à d’autres indicateurs comme la maîtrise de l’inflation, la bonne gouvernance et le développement social de base (niveau de vie, santé, éducation et formation notamment et accès aux services de base tels que l’eau, le transport et les Communications» Il reconnaîtra cependant que l’année 2004 a été certes difficile du fait surtout des facteurs exogènes mais les perspectives sont plutôt prometteuses.
A l’issue de l’année 2005, fera-t-il savoir, le pays devrait enregistrer une nette amélioration de la situation économique et faire ressortir un taux de croissance appréciable supérieur à tous les pays de l’UEMOA. La hausse de croissance prévue est de l’ordre de 6 % pour 2005.
Pour ce faire, ajouta-t-il, le Mali s’est engagé à mener toutes les réformes et à prendre toutes les mesures macro-économiques pour atteindre les objectifs de croissance fixés dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et les objectifs de développement du Millénaire visant la réduction de la pauvreté.
En réalité, tiendra-t-il à souligner, le Mali est le pays le plus attractif et le moins cher de la sous-région. Le commerce y est florissant et les principaux services marchent normalement (eau, électricité, téléphone, transport et santé). Beaucoup de ressortissants des pays voisins y sont arrivés pour trouver du travail, faire des études ou des affaires à cause du climat de paix et de quiétude qui règne dans le pays.
Selon notre conseiller technique, au-delà de certains chiffres macro-économiques, ce sont là des indices palpables qui montrent qu’on y vit beaucoup mieux qu’ailleurs. Sur la base de la prétendue 7e place du Mali au plan des performances économiques des pays de l’UEMOA, le conseiller technique a en outre tenu à faire les réflexions suivantes : le taux de croissance mesuré par le PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays est certes intéressant, mais il est incomplet pour rendre compte de la performance réelle et de la vitalité de la politique économique d’un pays.
Pour être significatif, le taux de croissance devrait combiner d’autres paramètres tels que le niveau des prix, la maîtrise de l’inflation, le niveau de l’emploi et d’autres indicateurs sociaux liés au développement social dont les plus importants sont le niveau de revenus, la santé, l’éducation et la formation. Le taux de croissance du PIB, du fait de son caractère très aléatoire, peut varier d’une source à l’autre et très souvent dans des proportions opposées.
Le classement n’est pas objectif.
Il fait référence à la progression d’une année sur l’autre du taux de croissance (2004 par rapport à 2003) et analyse une année qui a été particulièrement difficile pour tous les pays de l’UEMOA qui ont dû faire face à une crise exceptionnelle aggravée par des facteurs exogènes.
En dépit de la morosité de la situation économique dans son ensemble, l’essentiel des mesures ont été prises au plan économique pour améliorer le bien être des populations.
Toutefois, malgré ces facteurs défavorables, l’économie a atteint des résultats appréciables dans certains domaines notamment au plan de la gouvernance démocratique, de la stabilité socio-économique et dans certains secteurs (manufacture, énergie, transport, BTP, télécommunication).
«En reconnaissance des efforts accomplis, le Fonds monétaire et la banque mondiale ont po«L’évolution économique malienne a certes connu des contre-performances en 2004 mais ce résultat est consécutif à des facteurs négatifs dont les plus importants sont la faible pluviométrie et les conséquences de l’invasion acridienne qui ont entraîné la baisse de la production agricole. La production céréalière a ainsi régressé de 8 % en 2004 et la production cotonnière dont le Mali était le 1er producteur a fléchi de 7 %. A cela s’ajoute la chute de la production d’or. Parallèlement, et comme pour aggraver la situation, l’économie a été entravée par des facteurs exogènes comme la baisse des cours du coton, la hausse des prix du pétrole et les incidences négatives de la crise ivoirienne marquées par le tarissement des flux financiers et le renchérissement des prix du transport des produits importés et exportés».ursuivi leur appui au pays. Le programme triennal 2004/2007, appuyé par la Facilité sur la Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance (FRPC) a été approuvée par le FMI en mars 2005, le Mali ayant respecté tous les critères préalables. La banque mondiale a décidé, pour sa part, d’allouer au Mali, un crédit de l’Association internationale de développement (IDA) d’un montant de 12 milliards de F Cfa environ, pour la mise en oeuvre des réformes définies dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP)» soutient-on à l’hôtel des Finances.
Au niveau des critères de convergence de l’UEMOA, le Mali a respecté les plus importants.
Au total, l’année 2004 apparaît comme une année plutôt exceptionnelle pour l’ensemble de la sous-région et aucun classement basé sur les paramètres macro-économiques n’impliquent une contre-performance quelconque de la politique économique d’un pays. Les facteurs qui avaient entravé la croissance étaient des facteurs difficilement maîtrisables dans leur quasi totalité, et ces facteurs ont été particulièrement défavorables pour notre pays.
Pays, le moyen cher…
Il convient, à présent de regarder vers l’avenir et d’inverser la tendance. Le Mali a poursuivi la mise en oeuvre des réformes structurelles. Au plan de la restructuration de la CMDT, l’accent a été mis sur l’assainissement financier de cette entreprise et la libéralisation de certaines de ses activités. La privatisation de la SOTELMA (Société malienne des télécommunications) et de la Société énergie du Mali est en cours.
Dans le cadre des réformes, il a été crée un nouveau cadre de concertation avec le secteur privé. L’Etat a procédé à la révision du Code des mines et du code des investissements et renforcé les structures d’appui au secteur privé avec la création récente du Conseil présidentiel pour l’Investissement.
«L’Etat a pu assurer un approvisionnement adéquat du pays en produits de première nécessité (sucre) et réduire le coût de certains facteurs (eau, électricité). Ces mesures prises ont permis de hisser le Mali au premier plan au niveau de la maîtrise de l’inflation. Le taux d’inflation s’est établi ainsi à – 3 % en 2004 contre – 1 % en 2003. C’est le taux le plus bas de la sous-région et le Mali devient le pays le moins cher de la zone».
Prévisions
«Pour l’année 2005, les prévisions tablent, après le ralentissement de la croissance économique en 2004, sur une croissance du PIB de l’ordre de 6 % en 2005 et en 2006 contre 1,5 % en 2004, sous réserve qu’une nouvelle invasion acridienne soit évitée. Cette reprise de la croissance sera fondée sur une amélioration de la conjoncture économique et le retour à une pluviométrie normale, avec une conséquence positive, l’augmentation de la production agricole de l’ordre de 5 % et une augmentation de la production d’or de l’ordre de 18 % en 2005 et 16 % en 2006 avec l’entrée en service de nouvelles mines d’or. Le secteur tertiaire devrait bénéficier des effets d’entraînement des autres secteurs».
«Ces facteurs favorables seront renforcés par : la poursuite de la mise en oeuvre des réformes économiques fondamentales notamment celle de la CMDT ; l’assainissement des finances publiques ; la relance du secteur privé et la promotion de l’investissement privé pour stimuler la croissance et l’emploi ; le renforcement du financement bancaire à travers le micro-crédit et l’émergence de structures de financement spécialisées orientées vers les PME-PMI et le développement industriel ; la réalisation des grands chantiers notamment dans le domaine hydro-agricole et des infrastructures ; la création d’unités industrielles pour la transformation de produits locaux notamment le coton» nous a-t-on précisé au ministère des finances.
Birama Fal
13 mai 2005