Le jeûne est un engagement privé entre le fidèle et Dieu. C’est un combat contre l’homme intérieur. C’est aussi le moment de faire le point des faiblesses personnelles. Si on rompt secrètement le jeûne, il n’y a que vous et Dieu qui le savent.
De ce fait, c’est essentiellement un test annuel de votre foi pendant un mois entier. Les fidèles s’abstiennent également de dire du mal de quiconque, de jurer, de respirer du parfum et même de se mettre en colère ou de regarder quoi que ce soit d’illégal.
Le ramadan est un mois particulier de l’année pour plus d’un milliard de musulmans dans le monde. C’est un temps consacré à une réflexion intérieure, à la dévotion envers Dieu et à la maîtrise de soi. Le ramadan est probablement le rite religieux musulman le plus universellement observé.
Le ramadan est le neuvième mois du calendrier lunaire islamique. On sert un repas (sahur) avant l’aube, de préférence le plus tard possible, et un autre après le coucher du soleil (iftar), à la rupture du jeûne.
La prière a lieu quelques minutes après le coucher du soleil. Comme le ramadan met l’accent sur la vie communautaire, souvent les musulmans partagent l’iftar à la mosquée la plus proche et invitent des amis, des parents et des voisins autour de ce repas.
Les 10 derniers jours du ramadan sont considérés comme hautement bénis, et en particulier la 27e nuit, la Nuit du destin ou Laylat al-Qadr, nuit au cours de laquelle le Coran a été révélé à Mohammed (PSL). Pour beaucoup de musulmans pieux, cette période est marquée par une intensité spirituelle toute particulière, et ils passent des nuits à prier et à réciter le Saint Coran. Les trois jours après le mois de ramadan sont des jours de fête, appelée Aïd el-Fitr.
Le jeûne et le Coran
Avant de tenter de pénétrer les fondements du jeûne, écoutons les termes précis dans lesquels le Coran promulgue ce décret.
Voici ce que dit le Coran à propos du jeûne :
“Hô, les Croyants ! On vous a prescrit le jeûne comme on l’a prescrit à ceux d’avant vous- peut-être seriez-vous pieux ! – pendant des jours comptés. Donc, quiconque d’entre vous est malade, ou en voyage, alors, qu’il compte d’autres jours. Mais pour ceux qui pourraient le supporter, il y a une rançon : la nourriture d’un pauvre. Et si quelqu’un fait plus, c’est bien pour lui : mais il est mieux pour vous de jeûner, si vous saviez !
C’est dans le moins de Ramadân qu’on a fait descendre le Coran comme Guidée pour les gens et en preuves de Guidée et discernement. Donc quiconque d’entre vous est présent à ce mois, qu’il le jeûne ! Et quiconque est malade ou en voyage, alors qu’il compte d’autre jours ; -Dieu veut pour vous la facilité. Il ne veut pas pour vous la difficulté, mais que vous en accomplissiez bien le nombre, et proclamiez la grandeur de Dieu pour ce qu’il vous a guidés.
Peut-être seriez-vous reconnaissants !” (II : 183-5).
Amadou Sidibé
Les Echos du 28 Août 2008 et oumma.com
Le Ramadan de la vie chère : Dur, dur sera le carême
Si dans certains pays le mois du Ramadan a la particularité d’être sanglant, au Burkina, il est plutôt saignant. C’est en effet la période où la spéculation sur certains produits tels que le sucre, le riz, l’huile atteint un degré qui dépasse l’entendement.
Cette année, les musulmans vont se saigner davantage pour accomplir l’un des 5 piliers de l’Islam, pour cause de vie chère. Ce sera la double pénitence du jeûne et de l’envolée des prix des produits de première nécessité.
La véritable inquiétude des musulmans et même des non musulmans – qui doivent offrir du sucre en soutien à des parents ou amis – est que l’Etat fait peu, pour ne pas dire rien, pour desserrer l’étau. Les consommateurs sont contraints de serrer chaque jour un peu plus la ceinture. Certains en sont déjà étranglés et d’autres ont dépassé, il y a très longtemps, le dernier cran de leur ceinture.
Pendant ce temps, des commerçants, on ne sait au nom de quelle logique et sans aucune crainte, se livrent à de la rétention puis à des augmentations sauvages, dans une totale impunité. Ailleurs comme au Togo récemment où des commerçantes de céréales ont vu leurs produits bloqués par l’observatoire pour la sécurité alimentaire de ce pays, les commerçants véreux auraient trouvé l’Etat sur leur chemin.
Certes, le Burkina a épousé le régime libéral auquel il fait voeu de fidélité. Mais est-ce pour autant qu’il faut laisser les populations souffrir à ce point, pour permettre à d’autres de s’enrichir dans une démesure indécente ? Les gouvernants ont-ils peur des commerçants ou est-ce la collusion exacerbée entre le politique et l’économique qui leur impose cette inertie ?
Malgré toutes les mesures gouvernementales prises dans le but disait-on à l’époque de diminuer la pression sur les consommateurs, les commerçants demeurent maîtres du jeu. Visiblement, le combat entrepris contre la vie chère a fait long feu. Mais comme il n’est jamais tard pour bien faire, surtout pour permettre à des croyants d’accomplir l’acte de foi qu’est le jeûne, nos gouvernants ont encore la capacité et surtout la responsabilité d’alléger le faix de la vie chère qui devient impossible à porter.
Une chose est certaine : avec le ramadan, il faut s’attende à la flambée des prix du sucre, du petit mil, du riz, de l’huile, etc., produits pourtant essentiels pour confectionner les menus des repas de début et de rupture de carême. Au lieu de chuter comme à Bamako et dans certains autres pays, les prix risquent d’augmenter pour se stabiliser à la hausse, selon les calculs sordides et machiavéliques de commerçants obnubilés par le profit exagéré.
La situation sera d’autant plus pénible que le carême coïncide avec la rentrée scolaire et ses éternelles angoisses. En attendant que les uns et les autres s’entendent sur la date précise du carême qu’on situe entre fin août et début septembre, le jeûne de la vie chère continue de sévir. Allah saura reconnaître les siens !
Par Morin YAMONGBE
Le pays du 26 aout 2008