Depuis un certain temps, le front social est en ébullition. Les revendications corporatistes s’enchaînent avec des issues incertaines. En face, le gouvernement du Mali a du mal à réagir. Le dialogue social est en panne et l’équipe du Premier ministre Modibo Sidibé donne visiblement des signes d’essoufflement.
Formé le 3 Octobre 2007 et réaménagé le 9 avril 2009, l’actuelle équipe gouvernementale de Modibo Sidibé est rentrée dans une phase cruciale en raison des difficultés de gestion des multiples revendications sociales. On a l’impression que les solutions parfois apportées aux différentes crises sociales sont tirées par les cheveux et non mûries et planifiées.
Quand on trouve une solution à une revendication d’un corps donné, le même problème ressurgit dans une autre corporation. Ainsi, entre fin 2009 et avril 2010, notre pays a connu des grèves incessantes. Les agents de la santé, les transporteurs routiers, et les enseignants, pour ne citer que ceux-ci, ont tous eu leur moment de grève.
A chaque fois, la menace d’une grève illimitée accompagne les revendications et le plus souvent elle est mise en exécution. Les départements concernés ont pu rarement éviter le déclenchement d’une grève. Ce fut le cas pour les agents de la santé et des enseignants, ceux-ci continuant à défier le gouvernement par un arrêt de travail illimité.
Cette cascade de revendications a affaibli le gouvernement qui n’arrive plus à dégager des solutions idoines à ces multiples doléances sociales. Incapable de répondre aux attentes du front social, le gouvernement lâche prise et appelle les protagonistes au dialogue. Des promesses et contre promesses se tiennent en longueur de journée. Même ce matin, le chef du gouvernement doit rencontrer les partenaires de l’école à la Primature.
Le dialogue social est totalement sur cale. Le ministère du travail, de la fonction publique et de la reforme de l’État, en charge de ce dossier, a flanché. Sa politique sociale ne répond plus aux exigences des acteurs sociaux. Tous les protocoles d’accords signés par certaines corporations seraient pratiquement caducs. Les acteurs sociaux ne jugent plus nécessaire de respecter leurs engagements dans la mesure où la partie gouvernementale, selon eux, ne respecte pas les siens.
ATT, au four et au moulin
Aujourd’hui, tout est ramené à la seule intervention du chef de l’État, Amadou Toumani Touré, qui n’a plus le moindre répit. Il est au four et au moulin. C’est lui qui doit trouver la solution à tous les problèmes. Le président de la République est sans aucun doute le principal arbitre dans tous les conflits sociaux. Mais, il a besoin d’une interface capable de proposer les meilleures alternatives et de contenir les agissements des syndicalistes.
La difficulté actuelle du chef de l’État est l’inexistence de cette interface. Le gouvernement a montré ses limites dans la gestion des crises sociales et même dans la promotion du dialogue social. Beaucoup de promesses ne sont pas tenues et les recommandations de certains forums passent de commission en commission sans que des initiatives les accompagnent.
Les actes n’ont pas du tout accompagné. Et le gouvernement semble au stade des bonnes intentions.
La grève illimitée des enseignants et les rumeurs qui courent sur un mouvement de consultations sur la mise en place d’un nouveau gouvernement, pourraient précipiter un remaniement ministériel dans les jours, voire les mois qui suivent.
Le prochain gouvernement pourrait être un gouvernement de consensus. L’opposition serait probablement de ce futur gouvernement si l’on se réfère aux déclarations de certains leaders de l’opposition, qui n’attendent que le clin d’œil du président Touré pour sauter dans le bateau du Mali.
Idrissa Maïga
15 Avril 2010.