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Le Front pour la Démocratie et la République (FDR) est un regroupement politique créé à la veille des élections générales de 2007 pour contrer le pouvoir ATT. De ce point de vue, le FDR est un regroupement d’opposition politique. L’opposition est logiquement sa vocation, étant donné que déjà, à la veille des élections, les acteurs politiques qui le constituent ont engagé l’offensive contre le pouvoir ATT. Même la personne du président de la République n’a pas été épargnée, puisque ceux du FDR estiment que tous les problèmes qui se posent sont le fait du président de la République, Amadou Toumani Touré, en tant que premier responsable du pays.

La contestation du FDR ne s’est jamais arrêtée, au contraire, les acteurs politiques qui l’animent ne font que monter les enchères par rapport à leurs revendications électoralistes. Mais, à la veille des élections législatives, on sent une baisse de ton au FDR. Est-ce pour mieux préparer ces compétitions?

LE FDR TEMPORISE

D’une menace de mettre le pays à feu et à sang (référence faite à la teneur de certaines déclarations, quoique non officielles), ils en sont venus officiellement à un ton d’apaisement. Après l’assurance donnée par le président du FDR et du RPM qu’ils respectent les lois de la République, parce que démocrates et républicains, il y a des sorties ponctuelles de certains membres du FDR qui augurent du fait qu’ils n’iront pas avec le dos de la cuillère pendant le mandat d’ATT qui s’annonce. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le regroupement est en quête d’identité. En a-t-il les moyens?

Nous l’avons dit, c’est de bonne guerre, toutes les fois si le débat politique ouvert devait consécutivement s’enrichir au bénéfice de notre processus démocratique. Mais, au-delà, il ne fait aucun doute que le FDR, jusqu’à preuve du contraire, est en train d’évoluer dans le cadre de la recherche d’une identité.

LES LEGISLATIVES VONT-ELLES CHANGER QUELQUE CHOSE?

Les acteurs politiques qui animent le FDR contestent tous le processus électoral de 2007 au Mali. Or, nous n’en sommes qu’au début de ce processus, en raison du fait que la classe politique s’apprête à prendre part aux compétitions législatives dont le premier tour se tiendra le 1er Juillet. A ces élections prendront part plusieurs leaders du FDR. Ainsi, peut-on affirmer que ces élections législatives sont sans doute une opportunité pour eux de tenter de prendre leur revanche par rapport à l’échec qu’ils ont essuyé lors des élections présidentielles de 2007.

Mais, les leaders du FDR ont-ils encore les moyens, la crédibilité nécessaire pour bien tirer leur compte de ces compétitions? Rien n’est moins sûr, dans la mesure où les partenaires politiques d’ATT et certains indépendants, ayant compris les enjeux de ces élections, ne sont pas en train de dormir sur leur laurier. Ils savent qu’ils ont gagné une bataille et non la guerre. Il faut donc s’attendre à ce que ces élections ne soient pas une partie de plaisir.

LE FDR BLOQUE DANS SES AMBITIONS

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les acteurs politiques qui animent les FDR ont été bloqués dans leur projet de se rallier au deuxième tour du scrutin pour réaliser l’alternance politique en 2007. On pouvait le prévoir à partir de leur positionnement à ces élections. Partis en rangs dispercés, n’avaient-ils pas surestimé leur force de mobilisation et en revanche sous-estimé celle du président ATT et de ses alliés?

A la veille des élections présidentielles, nombreux sont ceux qui, au sein de l’opinion publique nationale, avaient cru qu’ils n’étaient pas réellement déterminés à réaliser l’alternance politique en 2007. Mais c’était méconnaitre le fait qu’ils ne s’entendent pas très bien eux mêmes, parce que ne se font pas tellement confiance.

AU FDR SE FAIT-ON VRAIMENT CONFIANCE?

Cela s’explique en premier lieu notamment par le fait qu’ils n’ont pu se mettre d’accord pour soutenir une seule et même candidature. Sinon pourquoi chacun devait-il se présenter à ces élections, sachant bien que cela ne ferait que réduire leur marge de manoeuvre à ces compétitions?

De toutes les façons, même si on considère généralement qu’aucune élection ne peut être parfaite, il n’en demeure pas moins que les acteurs du FDR ont posé beaucoup d’actes le long des préparatifs et de leur participation à ce scrutin qui ont fortement milité à leur defaveur.

Le contenu des messages de campagne en est une illustration éloquente tout comme les prises de position extrémistes qui ont laissé peu de temps, de place, d’énergie, voire d’intelligence à une campagne électorale digne de ce nom qui prendrait véritablement en compte la proposition de solutions appropriées aux problèmes qui assaillent la majorité de la population.

Par cette attitude, à la limite vindicative et de la part d’anciens partenaires d’ATT, les électeurs ont compris dans leur majorité écrasante que ç’en était trop. Et c’est par là que les ténors du FDR ont lamentablement échoué.

LE FDR, UN REGROUPEMENT D’AVENIR?

Aussi, se demande-t-on si, au regard des ambitions des uns et des autres, les leaders du FDR vont continuer à parler le même langage, s’ils peuvent avoir la même perspicacité et la même endurance que les animateurs du COPPO.

En plus, au regard de l’évolution de la situation politique et de la sauvegarde de certains intérêts d’acteurs politiques, les données politiques ont considérablement changé. Toutes choses qui rendent les agissements des leaders du FDR parfois stériles, parfois inefficaces.

Les vrais débats dans notre démocratie se dérouleront sans doute à l’Assemblée Nationale. C’est là que s’exercera activement et véritablement le contrôle de l’action gouvernementale.

D’ailleurs ce que certains veulent faire croire démontrerait plutôt que notre processus démocratique stagne. Nous sommes, en effet à l’heure des confrontations d’idées, plutôt qu’à celle de la destruction des acquis socioéconomiques.

Ainsi, il faudra que les uns et les aspirent à aller de l’avant et ce, dans l’intérêt de l’ensemble de la population, qui réside dans la consolidation de notre processus démocratique.

Moussa SOW

24 mai 2007.