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La 26è Coupe d’Afrique des nations a pris fin à Accra (Ghana) le 10 février dernier par le sacre de l’Egypte qui conserve ainsi le trophée gagné à l’issue de l’édition précédente. Notre pays, qui y a pris part pour une cinquième participation à une phase finale depuis l’épopée de Yaoundé 72, n’est pas encore revenu de sa surprise, pourtant étape décisive pour panser sa plaie et envisager l’avenir avec sérénité.

Pour la première fois, en effet, les Aigles ont été éliminés dès le premier tour, blessant la tradition d’accéder au moins à la demi-finale établie quatre fois déjà. Ce qui, au regard du potentiel humain envoyé dans l’expédition, a provoqué une grande désespérance chez nos compatriotes, qui ont souhaité que, cette fois-ci, le nœud gordien qui entrave la bonne marche et la réussite de notre football soit tranché.

On s’attendait donc que tous les acteurs impliqués dans sa gestion (Etat, joueurs, encadrement technique, Fédération, etc.) battront leur coulpe avec la conscience citoyenne la plus aiguë. Mais non ! On a plutôt eu droit à des quiproquos et à la recherche effrénée du bouc émissaire. Ni l’Etat à travers le ministère de la jeunesse et des sports, ni la Fédération malienne de football n’ont eu l’honnêteté de dire et d’avouer leurs parts de responsabilités dans l’affaire.

Le débat organisé par le service sports de l’ORTM sur la question, outre qu’il a péché par l’absence de responsables clefs comme Salif Keïta et Jodar, a été un long échange d’amabilités entre les seconds couteaux et certains journalistes remontés à bloc par les multiples manquements et dysfonctionnements qu’ils ont relevés par ci et par là. Seul le joueur Cédric Kanté a, par téléphone depuis la France, eu l’honnêteté pédagogique d’assumer collectivement en son nom l’indiscipline et la mollesse dans l’engagement de ses coéquipiers qui, eux, ont préféré éteindre leurs téléphones pour n’avoir rien à répondre.

Nul ne voulant reconnaître sa faute, tout diagnostic rigoureux est désormais voué à l’échec, et donc aucune thérapie appropriée n’est envisagée. Conséquence : notre sport-roi continuera à aller à vau-l’eau au grand dam, on s’en doute, de nos compatriotes férus de football. Plutôt que de redressement, il s’agira d’enlisement. La situation enregistrera même un développement brusque : la démission de Malamine Koné en tant que conseiller exclusif de la Fédération Malienne de Football. Mais l’équipementier des Aigles ne quitte pas totalement l’arène sportive nationale. « L’égalité des chances dans le sport étant l’une de mes priorités, j’ai décidé de démissionner de mon poste de « conseiller exclusif » de la Fédération Malienne de Football pour me mettre à l’écoute et au service de l’ensemble du sport malien », écrit-il dans un message à grande diffusion. Non sans inviter chacun à rester confiant et à garder espoir. Voilà qui est bien dit.

Cependant, la démission de Malamine Koné de son poste de « conseiller exclusif » de la FMF risque d’ouvrir une sorte de boîte à pandore du football national. La FMF, qui est à la recherche de l’honorabilité depuis fort longtemps, a-t-elle ainsi les coudées franches pour agir en toute responsabilité ? Où est-ce la porte ouverte à toutes les aventures ? Depuis la défaite des Aigles contre la Côte d’Ivoire, la FMF a multiplié les fuites en avant, incriminant tantôt Malamine Koné, tantôt le ministère de la jeunesse et des sports, voire le Chef de l’Etat.
Le football malien, on ne le sait que trop, fait l’objet de plusieurs enjeux peu avouables.

Les convoitises de leadership liées aux appétits mercantiles risquent de fausser la noblesse des volontés que les uns et les autres proclament.
Les ambitions personnelles des membres de la Femafoot ne seront sans doute pas les moindres motivations pour l’avenir de notre football.

Amadou N’Fa Diallo

28 Février 2008.