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Nous ne dirons pas M. Touré, nous dirons M. le président de la République, Amadou Toumani Touré sans complexe. Mais cela n’altère en rien notre engagement politique. Nous irons aux élections législatives pour prouver que nous sommes des démocrates. Nous allons nous conformer à la décision de la Cour Constitutionnelle qui a dit le droit”. Ces propos sont de Ibrahim Boubacar Keïta, président du FDR à l’occasion de son meeting d’information tenu le samedi 19 mai au Centre International de Conférences de Bamako (CICB).

Ils signifient tout simplement que les 14 partis politiques, associations et mouvements de ce regroupement ont reconnu la victoire du Chef de l’Etat et par la même occasion ont décidé de tourner dos désormais à l’élection présidentielle pour faire face à l’élection des députés.
En plus du président du FDR, il y avait la présence des autres ténors dont Soumeylou Boubèye Maïga, Tiébilé Dramé, Mamadou Sangaré, Abdoul Traoré dit Diop, Mamadou Gakou, les représentants des jeunes, des femmes.

Prévu pour 9H30 mn, ce n’est qu’à 10H55 que les leaders du Front pour la Démocratie et la République avec à leur tête IBK ont fait leur entrée dans la salle Djéli Baba Sissoko du CICB, compte tenu de l’arrivée en compte goutte des militants qui ont par la suite fait le plein de la salle. Donc c’est devant environ un millier de personnes que s’est tenu le meeting.

Il a été marqué par quelques temps forts, notamment la lecture de la déclaration, l’intervention d’IBK marquée par des piques contre ses anciens collaborateurs, particulièrement Me Mountaga Tall, des critiques à l’encontre des musulmans du Mali qui seraient incapables de dire la vérité et la reconnaissance d’ATT comme président de la République.

LE FDR S’ASSUME

Sur des banderoles et affiches dans la salle on pouvait lire les exigences des leaders du FDR qui se résument en :
– audit du fichier électoral
– confection de nouvelles cartes d’électeur
– impression des bulletins numérotés avec filigranes et souches
– neutralité de l’administration et de l’armée.

Elles étaient devenues finalement une incantation pour les responsables du FDR mais, ils se sont rendus à l’évidence que ce qu’ils demandent est quasi-impossible. Rappelons qu’ils avaient conditionné leur participation aux élections législatives à la satisfaction de ces doléances.

LE FDR A PRIS CONNAISSANCE DE LA DECISION DE LA COUR

Intitulée “la démocratie malienne désormais en danger”, la déclaration portant sur les résultats définitifs de la présidentielle du 29 avril 2007 a été lue par Djiguiba Kéïta dit PPR.

Le FDR estime que les supports électoraux (bulletins et cartes d’électeur) ont été manipulés et instrumentalisés à souhait pour aboutir au résultat escompté. Par ailleurs, il est mentionné que nulle part à l’intérieur comme à l’extérieur, les Maliens ne se sont reconnus dans les chiffres laborieusement élaborés et affichés. “Nous prenons acte de cet arrêt de la Cour. Notre peuple et l’histoire jugeront”, a-t-on dit.

Par la suite, on pouvait aussi lire ceci :”Le FDR exprime sa vive inquiétude face à une décision qui pourrait conduire à une légitimation de la fraude et de ses instruments :
– circulation des bulletins de vote avant le jour du scrutin,
– partialité de l’administration et de l’armée
– non sécurisation des cartes d’électeur ;
– manipulation du fichier électoral ;
– tripatouillage des résultats.”

Ensuite, selon la déclaration, il est dit : “l’arrêt de la Cour s’impose à tous aux termes de la constitution. Il n’est pas susceptible de recours. Le FDR en prend acte et invite ses militants, tous les démocrates et patriotes épris de liberté et de justice à poursuivre la lutte de la volonté populaire”.

Les jeunes aussi ont tenu un discours dans lequel Moussa Balla Diakité a adressé les vives félicitations des jeunes aux candidats du FDR pour leur participation à la compétition démocratique, à l’expression du suffrage.

A ses dires, l’élection du 29 avril a été une véritable mascarade. La jeunesse a salué le courage, la clairvoyance de leurs aînés pour avoir pris acte de la décision de la Cour Constitutionnelle.

L’avocat du FDR Me Mamadou Gakou a tenté de démontrer que les sages de la Cour n’ont pas pris en compte leurs requêtes qui pourtant seraient fondées.

“NOUS DIRONS M. LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Fidèle à lui-même, le président du FDR et non moins président du RPM a commencé par réciter des versets du Coran et invoquer Dieu Le Tout-Puissant.

IBK a commencé par s’en prendre d’abord aux membres de la Cour qui, selon lui “ont commis des erreurs et irrégularités au cours de leurs travaux”. “Nous n’avons pour ennemi personne, nous dénonçons le système, notre ambition reste le Mali. Il y a certaines choses qu’on acceptera jamais dans ce pays”, a dit IBK.

Il a martelé que le FDR n’est pas le COPPO, nous reconnaissons les institutions de la République et on ne détruira pas ce pays. “Là où ils nous attendent, ils ne nous trouverons pas sur leur chemin”.

DES PIQUES AUX CHEFS MUSULMANS

El Hadji Ibrahim Boubacar Keïta, à l’entendre, est très déçu de l’attitude des leaders musulmans du Mali qui n’ont pas pris en compte sa préoccupation. En effet, il leur a adressé une correspondance pour leur signifier de demander au pouvoir d’organiser des élections crédibles, justes et transparentes. Mais, à ces dires, ceux-ci n’ont pas réagi et ce sont les responsables catholiques qui se sont manifestés.

A leurs égards (musulmans) ce n’est pas parce que vous avez reçu un véhicule et un billet de 5.000 F que vous ne devez pas dire la vérité. Cette critique s’adresse au Haut Conseil Islamique.

Nous ne dirons pas M. Touré, nous dirons M. le président de la République Amadou Toumani Touré sans complexe. Nous ne sommes pas le COPPO”, a martelé IBK.

Par ces mots, le FDR a décidé de tourner le dos à la présidentielle et IBK a appelé ses troupes à se mobiliser pour aller aux législatives.

Mamadi TOUNKARA

21 mai 2007.