« La Libye ne voudrait pas que l’on profite de son aide pour pêcher en eaux troubles »
Le mardi 30 mai dernier, une dizaine de journalistes maliens ont été reçus par Bachir Salah, Directeur de Cabinet du Guide de la révolution libyenne, Moammar Kaddhafi. Les entretiens ont porté essentiellement sur le développement des régions nord du Mali et le retour de la rébellion dans cette zone.
Bachir Salah Bachir a été, on ne peut plus clair : « la Libye ne participe ni de près ni de loin à la déstabilisation du Mali. Nous avons installé un Consulat à Kidal pour développer cette partie du Mali, le Nord, mais s’il y une rébellion, nous allons nous retirer et nous avons déjà commencé à prendre des mesures dans ce sens« .
Ainsi parlait le 30 mai dernier, à la dizaine de journalistes maliens spécialement invités pour la circonstance Monsieur Bachir Salah Bachir, Directeur de Cabinet du Guide de la révolution libyenne et homme de confiance du colonel Kaddhafi.
Accusés de toutes parts d’être à la base du réveil de l’irrédentisme touareg, les dirigeants libyens ont tenu à mettre les points sur les i.
Qui d’autre était mieux placé pour le faire que Bachir Salah Bachir, par ailleurs Président Directeur Général du Portefeuille d’Investissement de la Libye pour l’Afrique, dont le budget s’élève à 5 milliards de dollars ?
C’est justement à travers cette structure que la Libye avait octroyé 50 millions de dollars pour le développement des régions du Nord. Mais le geste avait été mal compris par quelques têtes brûlées qui voulaient faire main basse sur ce pactole.
Toutefois, a précisé Bachir Salah Bachir, « l’aide libyenne est destinée à toutes les communautés du Mali, aussi bien du nord que du sud, dans la mesure où elle profite à l’ensemble du pays« .
D’ailleurs, ce n’est pas seulement à Kidal que les Libyens sont présents. Bachir Saleh a affirmé que c’est au cours de la visite du Frère Guide à Tombouctou, à l’occasion du Maouloud 2006, que le programme de développement du Nord-Mali a commencé à être appliqué.
Les différents projets portent sur la construction de cliniques, d’écoles, l’extension de l’aéroport de Tombouctou, la réhabilitation du canal de Kabara. D’autres projets concernent l’agriculture, la cimenterie, l’hôtellerie, le creusement de digues, l’électrification.
Toutes choses qui prouvent l’excellence des relations entre le Mali et la Libye, entre ATT et Kaddhafi, a affirmé Bachir Salah Bachir qui a souhaité la bienvenue aux journalistes maliens dans leur « seconde patrie« , la Libye.
Mais pour renforcer cette coopération avantageuse pour les deux peuples, a-t-il dit, « le Mali a besoin de paix et de stabilité car c’est dans la sérénité qu’on peut travailler. Il est absurde voire stupide de croire que le colonel Kadhafi, qui travaille chaque jour à la consolidation de l’unité africaine, qui est le grand inspirateur de l’Union Africaine, de la CEN SAD et qui marche tout droit sur le chemin des Etats-Unis d’Afrique, puisse être à l’origine de la déstabilisation d’un quelconque pays africain, à commencer par ses voisins immédiats« .
A ce sujet, on peut d’ores et déjà noter que Georges Bush a gommé le nom de la Libye de la liste noire des pays qui soutiennent le terrorisme. Les Américains sont déjà présents à Tripoli où ils comptent ouvrir bientôt une ambassade.
C’est donc fort logiquement que le Directeur de Cabinet du Guide de la révolution libyenne nous a déclaré, sur un ton péremptoire : « nous avons été surpris comme vous par la rébellion. C’est une question d’ordre intérieur et nous ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures du Mali« .
Mieux encore, il a tenu à rassurer en disant : « Je ne voudrais pas que quelqu’un profite de l’aide libyenne pour pêcher dans des eaux troubles« . La Libye possède les capitaux, le Mali d’énormes les potentialités.
Que faut-il de mieux pour renforcer la coopération Sud-Sud à travers l’intégration africaine ?
Envoyé spécial : Mamadou Lamine DOUMBIA
1er juin 2006.