L’agriculture, l’élévage et la pêche qui ont plus ou moins bénéficié à certains moments d’investissements ont permis de poser un certain nombre de jalons importants qui tardaient à être développés, en fonction des besoins alimentaires et du développement économique harmonieux et durable. La conséquence de cette situation est que, jusqu’ici, le Mali, à l’instar de plusieurs pays voisins, est confronté à l’insécurité alimentaire. Cet état de fait étonne beaucoup quand on sait que notre pays a des potentialités de développement agro-pastoral énormes.
UNE ALTERNATIVE PEU EFFICACE
Ces dernières années, les autorités du pays ont accordé une importance particulière à l’exploitation minière, estimant que c’est à partir d’elle que le Mali deviendrait un eldorado. On se rappelle déjà la grande convoitise des mines d’or du Mali pendant la période de la transition démocratique. En ce moment, on parlait de la ruée vers l’or du Mali. De cette date à ce jour, on ne cesse de multiplier les initiatives et opportunités dans le cadre de la prospection et de l’exploitation des mines d’or sans que cela permette à notre économie de se développer véritablement. Pour preuve, sans nier l’apport de l’exploitation minière au Mali, on sait que même les travailleurs de ce secteur sont en train de mieux s’organiser au sein des associations et autres organisations afin de tirer le maximum de profit de l’exploitation minière.
A ce niveau, comme c’est le cas avec EDM-SA depuis sa concession, on constate que les contrats sont mal négociés, ce qui ne permet pas à notre pays d’en tirer suffisamment profit. La problématique du développement économique du Mali se trouve en partie à ce niveau. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est de plus en plus question de revoir les contours de plusieurs activités économiques et contrats qui lient le Mali à d’autres structures partenaires telles qu’EDM-SA dont la renégociation du contrat est à l’ordre du jour, la privatisation de la régie des chemins de fer, aux conséquences incalculables pour les populations riveraines des rails, voire les sociétés d’exploitation minière.
Si cette activité génère des ressources financières importantes, force est de constater que les populations qui pensaient que cela allait avoir une répercussion substantielle sur leur niveau de vie sont désabusées. C’est pourquoi au sein de la population générale nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’impact réel de l’exploitation minière au Mali. Pour le moment ce sont les réalisations d’infrastructures dans les localités qui abritent les mines comme les écoles et les dispensaires qui sont retenues comme retombées réelles en plus de l’apport au budget.
Au regard de la forte demande sociale, il s’impose de voir dans quelle mesure on peut tirer le plus de profit de cette activité qui, du reste, ne saurait que venir en appoint à l’agriculture, l’élevage et la pêche. Les autorités actuelles l’ont compris et s’attellent au développement de ce secteur porteur.
DE NOUVELLES INITIATIVES
Depuis la fin des élections générales de 2002, on assiste à l’éclosion de nouvelles initiatives pour le développement de l’agriculture. Pour preuve, les autorités sont engagées dans un vaste programme de développement du secteur agro-sylvo-pastoral. Cela se traduit non seulement à travers la création d’un ministère de l’élevage et de la pêche en marge de celui de l’agriculture, mais aussi, par la mise en oeuvre d’infrastructures agricoles avec le lancement de nombreux projets de développement rural dont le projet de développement rural de la région de Mopti (PADER), l’ODRS.
Il y a aussi le Programme d’infrastructures rurales (PNIR), la construction de barrages, l’aménagement des périmètres irrigués dans plusieurs localités du pays comme Mahina, Sélingué, zone Office du Niger. D’ailleurs, à ce niveau, les autorités actuelles ont décidé de mettre à la disposition de la Communauté des Etats Sahelo-Saheliens de la CENSAD des milliers d’hectares.
Aussi, des investisseurs en provenance de plusieurs pays sont attendus. Tout cela sera favorisé par la valorisation des propriétés foncières en matière agricole. Ce sont là quelques jalons importants posés jusqu’ici qui devront permettre de relancer un développement économique harmonieux et durable qui favorisera, en même temps, les créations d’emploi.
A côté de tous ces efforts, on déplore la situation de la filière coton qui est en train de se dégrader, en raison des conséquences désastreuses des subventions des producteurs de coton des pays du Nord. Au regard des difficultés enregistrées ces temps-ci, on se demande s’il ne faudra pas accorder davantage d’importance à la production de céréales sèches qui ont un apport indiscutable dans le renforcement de la sécurité alimentaire qui a pris de l’ampleur cette année, consécutivement à l’invasion acridienne.
Ainsi, les projets en cours d’exécution représentent des motifs d’espoir dans le cadre de la lutte contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, pourvu que les autorités veillent à ce que tous ces travaux soient correctement réalisés. Cela nécessite des visites ponctuelles de terrain des plus hautes autorités. Aussi, le désenclavement intérieur et extérieur renforcera, à coup sûr, ces acquis en favorisant les échanges.
Moussa SOW
23 Mars 2005