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Les militants de Yèrèwolo Ton (mouvement dignité) ont investi tôt hier lundi la devanture de l’Assemblée nationale ; avant de prendre la direction du palais de Koulouba pour aller demander le départ de Dioncounda Traoré, le président de la République par intérim.

Ceux parmi nos compatriotes, qui avaient espéré que l’accalmie était dorénavant de mise sur le front social et politique, sont vite revenus à la triste réalité qui est celle du Mali d’après le coup d’Etat du 22 mars 2012. En effet, le dialogue, qui est l’une des valeurs fondamentales de notre pays, est en train de s’effriter comme si le fossé entre les différents acteurs ne faisait que s’agrandir. Et cela au fur et à mesure qu’apparaissent des lueurs d’espoir.

Le mouvement Yérèwolo Ton, qui était l’un des organisateurs de la tristement célèbre marche du 21 mai sur le palais de Koulouba, avait, hier lundi, mobilisé ses troupes pour réclamer, primo : la dissolution de l’Assemblée nationale dont le mandat, selon les leaders dudit mouvement, est terminé depuis le 31 juillet 2012 et secundo : monter au palais présidentiel pour demander « le départ de Dioncounda Traoré » dont le mandat de président de la République par intérim a pris fin, toujours selon eux, après les quarante jours fixés par la Constitution.

Afin de ne pas voir réédité le drame du 21 mai où le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré avait été agressé et blessé jusque dans ses bureaux, les forces de l’ordre avaient été massivement mobilisées tout le long du parcours que devaient prendre les manifestants.
Dans un premier temps, ceux-ci avaient voulu se rendre à la résidence de Dioncounda Traoré, à l’ex-base aérienne près du CICB, pour lui dire que « ça suffit maintenant ! ».

Mais ayant reçu l’information que le président par intérim devait commencer à travailler dans ses bureaux du palais de Koulouba, les manifestants ont mis le cap sur ce haut lieu, symbole du pouvoir d’Etat. C’est ainsi qu’ils seront encadrés par un impressionnant cordon des forces de l’ordre, de l’Assemblée nationale jusqu’au niveau de l’ex-ministère des sports. Là, attendaient des unités anti-émeutes.

Il y a eu beaucoup de pourparlers entre les forces de l’ordre et les leaders des marcheurs pour que les premières cèdent le passage permettant aux manifestants d’avoir accès au palais présidentiel. Peine perdue. Les forces de l’ordre sont restées de marbre malgré les supplications des organisateurs de la marche.

Devant la détermination de quelques manifestants, le ton est vite monté et les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui ne cessait de grandir autour des agents de sécurité.

C’est ainsi que manifestants et journalistes ont pris leurs pieds à leur cou dans un sauve-qui-peut indescriptible. Certains manifestants s’étaient munis de gros cailloux pour riposter avant qu’ils n’en soient dissuadés par les organisateurs de la marche.

Qui, tout en appelant à ne pas agresser les forces de l’ordre, ont demandé que tous se retrouvent, après l’échec de la marche sur Koulouba, devant l’Assemblée nationale pour demander la…dissolution de cette institution qui vient de voir le mandat des honorables députés renouvelé. Mais l’appel à se retrouver devant la représentation du peuple ne sera pas suivi d’effet ; les manifestants s’étant dispersés dans la nature après le jet des bombes lacrymogènes.

Comme on le voit, il va falloir que Dioncounda Traoré aille vite, voire très vite dans ses négociations afin que le pays retrouve rapidement sa sérénité. Certainement que tous veulent goûter, et le plus vite possible, à cette soupe populaire qu’est le gouvernement d’union nationale attendu comme le festin du Ramadan.

Il revient au président de la République par intérim de mettre un bémol à l’appétit glouton de tous ces cadres des partis politiques et de la société civile qui ne voient en l’Etat qu’une grosse vache laitière. Ayons maintenant pitié de ce Mali exsangue !

Mamadou FOFANA

L’Indépendant du 7 août 2012.