Au département de l’Education, l’accessoire l’emporte sur l’essentiel au nom de la moralisation des examens. Chaque examen du DEF est l’occasion pour la ministre en charge de ce département de mettre le curseur sur ce qu’elle présente comme sa marque de fabrique et qui est admis comme un exploit. Il s’agit de la lutte contre la fraude et la fuite des sujets. La recette a manifestement fait mouche les sessions précédentes et démontré que le phénomène n’est pas une fatalité, quoiqu’il soit reprochable au système d’appliquer aux candidats une rigueur disproportionnée à la qualité de l’apprentissage qu’ils reçoivent. Les mesures anti-fraudes ont d’ailleurs connu cette année une intensification par le ciblage accentué des appareils téléphoniques, mais les projecteurs qu’elles s’attirent font ombrage à une problématique qui ne mérite point de passer sous le boisseau de la sorte : le sort des effectifs exclus du système par la fermeture massive d’écoles par les djihadistes dans diverses contrées du Centre du Mali. Plusieurs milliers d’écoles et probablement autant de potentiels candidats au DEF sont aujourd’hui affectés par l’incapacité des autorités à assurer la stabilité scolaire dans le Centre. Beaucoup sont dispersés par l’insécurité entre les différentes localités, tandis que d’autres sont condamnés à la déperdition ou à opter pour les écoles coraniques plus tolérées par les forces obscurantistes. Faute de stratégie appropriée face à cette épineuse équation, les prouesses préventives de la fraude l’emportent et lui font manifestement ombrage.
SOURCE : Le Témoin