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Ainsi du 28 février au 11 mars 2005, une forte délégation malienne avec en tête la ministre Berthé Aïssata Bengaly a séjourné dans la capitale américaine dans le cadre des festivités de la 49e session de la commission de la condition de la femme. Le thème retenu cette année étant « Evaluation décennale de la plate-forme d’action de Beijing + 10 ».

Il s’agissait pour la délégation malienne lors de cette rencontre de faire l’état des lieux de la condition de la femme malienne dix ans après le plaidoyer de Beijing, d’analyser les différents diagnostics posés çà et là par les acteurs sociaux lors des multiples foras organisés dans la capitale malienne et ailleurs, et enfin de faire des propositions concrètes pouvant aider à l’amélioration des conditions de vie de la femme. L’on se rappelle que la rencontre de Beijing de 1995 bien que fortement contestée par l’opinion (eu égard à la qualité de nos représentantes) a été l’élément détonateur de la conscience populaire sur la situation des femmes de chez nous.

Au Mali, il n’y a pas longtemps, la femme était reléguée au second plan. Aujourd’hui, elle occupe de nos jours une place de choix dans notre société. Elle participe désormais à l’animation des Institutions de la République (Médiature de la République, Gouverneur, Préfet, Assemblée Nationale, Conseils communaux…)

Lobbo sur les traces de Adam Ba Konaré
Depuis mai 2001, notre pays fait l’objet de grands balais diplomatiques au sujet de la condition féminine. C’est ainsi que sous l’égide de l’ex-Première dame Adam Bâ Konaré les épouses de 13 chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest et du Centre se sont rencontrées à Bamako pour engager une action vigoureuse en vue d’une réduction drastique de la mortalité maternelle et néonatale en Afrique à l’horizon 2010. Deux ans après, c’était au tour de Mme Touré Lobbo Traoré de présider l’atelier technique de suivi, de la mise en oeuvre des recommandations de ce forum. L’objectif étant de mesurer le chemin parcouru dans les différents pays concernés et de faire les recentrages nécessaires, permettant d’atteindre rapidement les objectifs de la « vision 2010 ». A l’issue de cet atelier, il a été constaté que d’importants efforts ont été réalisés notamment : l’inscription de la mortalité maternelle et néonatale dans les déclarations de politique générale des gouvernements ; l’élaboration ou la révision des documents de politique en matière de la santé de la reproduction.

Le cri de coeur de la première dame
Mme Touré Lobbo Traoré a participé du 28 février au 11 mars 2005 aux côtés de cinq de ses pairs et de plusieurs ministres et autorités de plusieurs pays du monde à l’évaluation de « Beijing dix ans après ». L’occasion était bonne pour elle (non sans vouloir se substituer à qui que se soit, mais, au nom du combat qu’elle mène dans son pays en faveur des couches défavorisées) de marteler le vécu quotidien de nos concitoyennes. Dans une allocution intitulée « contribution sur la mortalité maternelle et néonatale au Mali et en Afrique », elle avait reconnu que le Mali dans l’application de l’agenda de Beijing avait consenti d’énormes efforts pour le relèvement du niveau de vie de la femme. Elle cita en exemple les avancées en terme de décès maternel et néonatal. Ce dernier était en 2003 de 582/100 000 naissances vivantes au Mali, et en Afrique il est de 870 décès/100 000 contre seulement 30/100 000 dans les pays développés. Mais elle avait regretté qu’encore au Mali, une femme meurt toutes les trois heures, par suite de complications de la grossesse ou de l’accouchement et que 80 nouveaux-nés décèdent chaque jour par manque de soins appropriés. En Afrique Subsaharienne, avait-elle poursuivi, sur 1000 enfants qui naissent, 100 n’atteignent pas leur premier anniversaire. Sans compter la pandémie du SIDA qui décime la population de notre sous-région.
Profitant de cette tribune, Mme Touré avait rappelé aussi que dans le monde 514.000 femmes perdent la vie chaque année, en donnant la vie et que 265.000 de ces décès surviennent en Afrique subsaharienne dont 120.000 en Afrique Occidentale.

Un triste constat qui interpelle tout le monde.
L’exemple malien fera-t-il école?
Dans son long réquisitoire, la Première dame du Mali a rappelé les actions en cours au Mali. C’est ainsi qu’elle évoquera l’adoption par l’Assemblée Nationale du Mali de la politique du gouvernement qui accorde une priorité à la santé de la mère et de l’enfant ; le Plan Décennal de Développement Socio-Sanitaire (PDDSS) et son programme quinquennal (PRODESS) qui accordent la priorité à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale.

En matière de renforcement des systèmes de santé, le Mali a procédé à l’organisation des soins obstétricaux d’urgence, incluant les soins post-abortum, déjà effectifs dans beaucoup de centres de santé ; au lancement de sa stratégie nationale de santé de la reproduction et s’apprête à entamer sa campagne nationale, pour la Planification Familiale avec plus d’implication des hommes et des décideurs.

Par ailleurs, le Mali a organisé deux campagnes nationales de vaccination, contre le tétanos néonatal et maternel et une semaine nationale d’intensification des actions de nutrition.

Dans le domaine de la mobilisation des ressources, des centres de santé communautaires ont été construits et équipés sur les fonds nationaux dans le cadre de l’Initiative PPTE et une partie de leur personnel, prise en charge.
Pour renforcer les actions du ministère de la Santé, la Fondation pour l’Enfance, a mis en oeuvre, un plan spécifique de lutte contre la mortalité maternelle et néonatale et a institué un prix dénommé : « Prix TARA BORÉ », en souvenir, de l’une des plus grandes cantatrices maliennes, décédée des suites d’une couche.

Ce prix est également destiné à récompenser, tout professionnel de la santé ou toute autre personne, qui se serait distinguée par ses contributions, en matière de réduction de la mortalité maternelle et néonatale, particulièrement, dans les zones les plus difficiles, du pays.

Une revue à mi-parcours de la « vision 2010 », est prévue en décembre 2005 en marge du Sommet Afrique-France à Bamako.

Donc la participation malienne à cette rencontre aura été un franc succès eu égard aux contributions de taille apportées par nos concitoyennes.

Rendez vous est pris pour Beijing du 29 août au 1er septembre prochains où l’épouse du chef de l’Etat malien sera l’invitée d’honneur du gouvernement Chinois.

Amadou OMBOTIMBÉ

18 Mars 2005