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Un rappel

Notre pays, signataire des textes régissant le patrimoine mondial, se doit d’harmoniser les siens, afin de pouvoir prétendre à l’inscription de ses biens sur le patrimoine mondial. Ce qui signifie que pour tout classement nous devons nous référer à ces textes.

Une œuvre avant de recevoir la consécration mondiale par l’UNESCO, doit, au préalable avoir été classée monument national de son pays.

Au Mali, les critères de classement doivent donc s’inspirer largement, de ceux définis, par le Comité du Patrimoine mondial.

Comment proposer une œuvre au classement national…

Votre souhait est-il de classer un bien comme patrimoine national ? Alors, sachez qu’il faut :
– faire une notification au propriétaire ou à l’occupant du bien de la proposition de classement ;
– entendre le propriétaire, sur sa demande, au niveau de la Commission nationale de sauvegarde du patrimoine culturel, commission créée depuis le 23 août 1985 par décret n° 203/PG-RM;
– au préalable un avis de la commission nationale de sauvegarde du patrimoine culturel ;
– un décret pris en conseil des ministres, sur proposition du Ministre en charge de la culture.

Seul un bien classé patrimoine national peut prétendre à une reconnaissance mondiale.

Critères pour être classé patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO…

Pour qu’une oeuvre soit classée patrimoine mondial de l’UNESCO, authentique et chef d’œuvre du génie créateur de l’homme, elle doit satisfaire aux points suivants :
– apporter un témoignage exceptionnel sur une tradition ou une civilisation vivante ou disparue ;
– constituer un exemple d’établissement humain ou d’occupation d’un territoire représentatif d’une culture ;
– être associé à des événements ou traditions vivantes, artistiques et littéraires à signification exceptionnelle.
– offrir un exemple éminent d’un type de construction ou d’ensemble architectural, technologique ou de paysage illustrant une ou des périodes significatives de l’histoire ;
– témoigner d’influence considérable, pendant une période ou dans une aire culturelle, sur le développement de l’architecture, de la technologie, des arts monumentaux et de la planification de villes ou paysages ;

Responsables du classement au sein de l’Unesco

Le classement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO est prononcé par l’assemblée générale des états membres, assemblée réunie tous les 2 ans. Au niveau de cette institution deux organes – le Comité du patrimoine mondial et du Centre du patrimoine mondial, chargés de fixer les orientations de mise en œuvre de la Convention du patrimoine mondial, étudient les propositions de classement. Ces structures collaborent avec trois organismes consultatifs : l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), l’ICOMOS (Conseil international des monuments et des sites) et l’ICCROM (Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels).
Pour un classement sur la liste du Patrimoine mondial, les Etats parties adressent au Comité du patrimoine mondial une liste indicative des propositions. Cette liste, modifiable à tout moment en fonction des nouvelles orientations nationales, est appréciée par l’ICOMOS.

ontraintes suite à un classement…

Au-delà des nombreux effets positifs du classement, soulignons des contraintes telles que :
– l’interdiction de détruire ledit bien ;
– l’interdiction d’y mener des travaux de restauration ou des modifications sans l’avis de l’autorité de tutelle compétente, qui assurera le contrôle et l’exécution desdits travaux ;
– l’interdiction d’exportation (pour les biens meubles), sauf sur autorisation spéciale et cela à titre temporaire uniquement ;
– l’obligation pour le propriétaire, le détenteur ou l’occupant d’assurer la protection du bien ;
– l’obligation pour l’état et les collectivités locales de participer aux travaux de restauration, de réparation ou d’entretien du bien.

Par ailleurs des nécessités peuvent amener à demander la soustraction d’un bien culturel aux effets de classement. Il faudra dans ce cas qu’un acte soit pris en conseil des Ministres sur proposition du Ministre en charge de la culture.

Biens classés au Mali …

Malgré la richesse de son patrimoine culturel national, le Mali accuse un grand retard dans le classement. Juste pour un rappel, voici les seules indications existantes :
en 1954 plus d’une vingtaine de biens culturels ont été inscrits à l’inventaire suivant arrêté n° 4179/MFOM en date du 16 décembre 1954 portant inscription des monuments naturels et des sites (époque de la France d’Outre Mer) ;
fin 1980 – début 1990 (près de 40 ans après) le Mali procède au classement des biens culturels suivants :
– la ville de Tombouctou, la mystérieuse (1988) ;
– le sanctuaire naturel et culturel de Bandiagara (1989) ;
– la ville ancienne de Djenné (1992) ;
– le Fort de Médine (1992) ;
– le Tombeau des Askia à Gao (2003).

Notons au passage que les trois premiers biens de la liste sont depuis inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO.

Actuellement sont en étude de classement les dossiers du:
– Fort de Médine, dont la relecture du décret est en cours pour corriger certaines insuffisances relatives à la localisation du site et à la prise en compte d’autres éléments du site ; et
– Kamablon à Kangaba, bien culturel sur lequel nous reviendrons très largement.

Tirons la sonnette d’alarme en engageant les responsables des autorités des nouvelles collectivités décentralisées à prendre des dispositions en faveur du classement des biens à leur niveau.
A l’orée de la jeune décentralisation en cours au Mali, un classement ne sera que bénéfique pour le développement des localités en quête d’identité et de reconnaissance universelle.

N.B :

Pour la rédaction de cet article nous avons bénéficié du large concours de M. Téréba Togola, Archéologue, Directeur national du patrimoine culturel, que nous remercions.

17/02/2004

Cheich Abd El Kader, architecte
-abdelkader@afribone.net.ml