Le 4ème congrès ordinaire de l’ADEMA a été sanctionné le 27 octobre 2008 par la mise en place d’un nouveau Comité Exécutif (C.E) de 80 membres contre 53 pour l’équipe sortante. Dans la Ruche, le mot d’ordre sur toutes les lèvres est la reconquête de pouvoir perdu en 2002.
Parmi les hommes et les femmes, sur lesquels l’ADEMA compte pour reconquérir le pouvoir en 2012, il y a des stratèges, ceux qui ont été cooptés et les autres. Qui sont-ils ? Le nouveau C.E à la loupe. Au sortir de ces assises statutaires, quatrième du genre pour les ruchers, il y a des leçons à retenir.
Une leçon de démocratie d’abord !
La première leçon que l’on peut retenir du 4ème congrès ordinaire de l’ADEMA est une leçon de démocratie. Une fois de plus, Dioncounda Traoré et ses camarades ont prouvé à l’ensemble de la classe politique malienne que la démocratie au sein du parti est bien possible. En tout cas, toutes les sensibilités se sont exprimées et tous les postes au sein du Comité Exécutif (C.E), l’instance suprême du parti, étaient en jeu.
La présidence du parti, détenue par Dioncounda Traoré était fortement convoitée par le secrétaire général Marimantia Diarra et Ibrahima N’Diaye dit Iba, alors 2ème vice-président sortant. Avec un peu de recul, nous apprenons qu’en réalité, Iba ne voulait pas être président de l’ADEMA dans l’immédiat. Il s’était montré intéressé par la présidence du parti, c’était une tactique: miser gros pour un résultat satisfaisant.
Il voulait la 1ère vice-présidence. Mais pour l’obtenir, il devait menacer le président, ce qu’il a fait. A l’arrivée, il quitte la deuxième vice-présidence pour devenir le bras droit du président Dioncounda qui a comme bras gauche maintenant le ministre Sékou Diakité.
Si le 4ème congrès ordinaire de l’ADEMA a été l’expression de diverses opinions, tel n’a pas été le cas lors du dernier congrès ordinaire de l’URD. En effet, dès la cérémonie d’ouverture des dernières assises de l’Union pour la République et la Démocratie (URD), le parrain du parti, M. Soumaïla Cissé a mis fin aux prétentions du 2ème vice-président, M. Oumar I. Touré qui avait menacé de briguer la présidence du parti.
En cinq années d’existence seulement, l’URD est sur une belle lancée. Il est la 2ème force politique du Mali après l’ADEMA. Le parrain Soumaïla Cissé a dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne et qu’il renouvelle au président sortant Younoussi Touré toute sa confiance. Soumaïla Cissé, par cet acte a empêché d’une manière ou d’une autre l’expression plurielle et la démocratie au sein de l’URD.
La cassure du parti évitée ensuite
Considéré comme étant le congrès de tous les dangers eu égard aux enjeux, la ènième cassure de l’ADEMA n’a pas eu lieu lors de ce 4ème congrès ordinaire. Et pourtant, les assises ont fait des mécontents à commencer par la section de Sikasso qui avait désigné l’ancien Premier ministre Mandé Sidibé comme étant la tête de liste de la région de Sikasso. Mandé Sidibé, en tant que 3ème vice-président sortant de l’ancien CE, n’a pu conserver son poste.
Les congressistes ont préféré Tiémoko Sangaré pour le succéder. D’autres membres du C.E issus de la région de Sikasso, à commencer par Adama Noumpouno Diarra du Fonds de Solidarité Nationale ont cautionné l’éviction de Mandé Sidibé du C.E.
Le 1er vice-président du CE/ADEMA du CE sortant, Soumeylou Boubèye Maïga, lui s’est retrouvé au poste de 5ème vice-président. Contrairement à Iba, la stratégie utilisée par Sékou est le tout ou rien. “La 2ème vice-présidence ou rien”, était son slogan de campagne. L’ex-secrétaire à la communication et aux nouvelles technologies de l’information que fut Sékou Diakité a misé tout sur la 2ème vice-présidence de l’ADEMA.
Sa stratégie a été payante, puisqu’il fut élu 2ème vice-président du CE/ADEMA au sortir de son 4ème congrès ordinaire tenu du 24 au 27 octobre 2008.
L’ouverture faite aux nouveaux arrivants
Mme Touré Safiatou Touré, transfuge du RPM, Me Kassoum Tapo, Me Abdoulaye Garba Tapo, Mme Fatoumata Guindo, tous du RND, Makan Moussa Sissoko du PSP, Adama Sangaré de l’ex-CND pour ne citer que ceux-ci, sont tous de nouveaux membres du CE/ADEMA. Alou Tall, Directeur Régional des Domaines du District de Bamako et secrétaire aux sports et aux loisirs du CE est aussi l’un des transfuges de l’Association Farako.
Toutes ces personnes ont abandonné leurs partis politiques ou associations au profit de l’ADEMA. Leur présence au CE est-elle une récompense ou le mérite d’un engagement militant ?
Le cas Ousmane Sy
Le tout nouveau secrétaire politique du CE/ADEMA, M. Ousmane Sy, revient de loin. Jusque-là, il n’était qu’un simple secrétaire général d’une sous-section de Faladiè, l’un des quartiers de la Commune VI du District de Bamako.
Il n’a jamais réussi à se faire élire membre de la section VI au milieu d’un certain Yacouba Diallo, Directeur Général de l’ACI, Soumana Mory Coulibaly, Directeur Régional des Douanes du District, Amadou Sora, Conseiller politique du président de la République entre autres, tous membres du CE.
Pour qu’il soit secrétaire politique de l’ADEMA, l’ancien ministre de l’Administration Territoriale est allé se faire inscrire à la section de Bandiagara où il fut élu secrétaire politique. C’est à ce titre qu’il a été désigné secrétaire politique du CE/ADEMA. Il est favorable à la modification de l’article 30 de la Constitution relatif à la limitation du mandat présidentiel.
Pour lui, cette disposition de notre loi fondamentale est anti-démocratique. Maintenant qu’il est le secrétaire politique du plus grand parti au Mali, on verra bien de quoi il est capable.
Le nouveau CE issu du 4ème congrès passe à 80 membres contre 53 pour l’ancien, soit 27 membres de plus. On remarque des absents de taille dans le nouveau CE par rapport à l’ancien.
Les absents sont : Mandé Sidibé, Pr. Bocar Sall, Mohamédoun Dicko, Seydou Traoré, Cyr Mathieu Samaké, Binta Yattassaye, l’épouse de Soumeylou entre autres.
Daba Balla KEITA
03 Novembre 2008