Comme Wade, Biya a fêté le cinquantenaire de son pays avec toute l’Afrique. Mais à la différence de Wade, Biya ne sait pas que l’illustre consensus d’Ezulweni, au Malawi en 2005, impose à l’Afrique de demander, non pas un siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies mais au moins deux sièges.
Biya a une excuse importante que Wade, lui, n’a pas : il fuit les sommets de l’Union Africaine comme la peste. Or c’est là que l’Afrique décide de son propre sort. Cela ne veut pas dire que Africa 21, l’intitulé de la rencontre de Yaoundé depuis mardi, relève du soliloque.
Trois chefs d’États y épaulent Biya, aux côtés de deux anciens Premiers ministres français et du président de la Commission de l’Union africaine. Des experts y ont été invités, généralement les mêmes qui, de forum en forum, de sommet en sommet, peuvent, même en dormant, déclamer leurs tirades sur l’Afrique émergente.
Celles des vœux pieux plutôt que celle de tous les jours. Qui reste, elle, tragiquement pauvre, ses jeunes cherchant à la fuir, ses nourrissons mourant comme des mouches, ses malades soignés par la communauté internationale, ses secteurs stratégiques vendus aux multinationales et ses libertés confisquées.
A l’image du pays de Biya dont le grand jamborée actuel ne peut faire oublier les violences infligées aux journalistes, les tripatouillages constitutionnels, les ministres qui attendent deux ans un conseil de ministres, les reculs successifs au plan de la gouvernance économique comparée à la période Ahidjo et, pire, le désarmement moral d’un des pays les mieux éduqués du continent. Mais c’est vrai, il y a le Cameroun qui gagne et qu’incarne Samuel E’too.
Adam Thiam
19 Mai 2010.