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vih.jpgAu bout de six ans de mariage, Zantigui a commencé à accuser Yéri de poser de mauvais actes sans que personne ne sache en fait à quels genres d’actes répréhensibles elle se livrait. Tout le monde constatait la dégradation de l’ambiance familiale chez les Zantigui, Yéri y était méprisée et insultée. Cela a débuté au moment du décès de leur seul et unique enfant alors qu’il était tout bébé.

Depuis, Yéri avait commencé à tomber malade et à dépérir ; si bien qu’un jour, alors que l’on demandait à Zantigui les raisons de son aversion subite et brutale vis-à-vis de son épouse, celui-ci n’ayant pu se dominer, s’était écrié : « … mais vous-là, vous êtes aveugles ou quoi, vous ne voyez pas qu’elle a le Sida ?!… », l’homme venait de se vider : Yéri était infectée par le VIH et comme lui Zantigui ne voulait pas en être infecté, alors Yéri devait sortir de sa vie.

Et la descente en enfer commença pour la malheureuse du fait de la peur injustifiée de son époux. Or, un homme apeuré épouse bien de vices dont le mensonge. Sous le prétexte de mauvais comportement, il renvoie Yéri au village chez ses parents à lui. Ceux-ci la reçoivent parce qu’il n’y a pas eu divorce. Durant des mois, ils attendent en vain l’arrivée de Zantigui pour trancher la question. Alors, à bout de patience, ils demandent à Yéri de faire ses valises pour rejoindre sa propre famille. Yéri, toujours malade, s’exécute.

L’oncle vers qui elle se tourne, refuse de la recevoir sous l’incroyable prétexte qu’elle n’aurait pas dû quitter la famille de son mari. Yéri est bien obligée de reprendre la route pour Bobo alors qu’elle aurait bien voulu rejoindre son foyer à Abidjan. A Bobo, son mari avait construit une maisonnette dans une des zones non loties de la ville. Son intention était d’aller l’occuper puisque personne ne voulait la recevoir. Mais cette intuition-là, Zantigui l’avait devinée ; alors depuis la Côte d’Ivoire, il avait demandé à l’un de ses frères d’aller arracher la toiture de cette maisonnette. C’est dans cet état que Yéri la trouva. Elle décida d’y loger quand même.

Sa nourriture, elle la reçoit de généreux parents et passants rencontrés au coin d’une rue. De l’étranger, Zantigui apprend que Yéri n’avait pas eu peur de dormir à la belle étoile dans une maison sans toit. Il descend au pays, va la retrouver et la met dehors avec une phrase couperet : « …tu n’es plus ma femme, je t’ai répudiée, espèce de malade… ! » pour la première fois depuis le début de cette histoire, Yéri sort les griffes, oh, bien timidement ! Pleurnichant, elle alla conter son calvaire à des parents.

Quelques-uns d’entre eux, hommes de cœur, la conduisirent à la police où Zantigui est convoqué. Là-bas on le met face à ses responsabilités notamment le fait qu’il n’ait pas songé à justifier ses accusations par un test-VIH. Dans tous les cas, on n’abandonne pas sa femme sous prétexte qu’elle a le Sida ; « …et après six ans de vie commune, qu’est-ce qui prouve que tu n’es pas toi-même bourré de VIH en sommeil… ? ».

Mais Zantigui a l’oreille dure, car une fois sorti du commissariat, il a attrapé Yéri par le bras, il est allé au village où il a divorcé d’avec elle coutumièrement, officiellement et définitivement. Et le chemin du calvaire se déroule toujours et encore sous les pas de Yéri.

Chédou Sacré OUEDRAOGO | Sidwaya

13 juillet 2007