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En dehors des manifestations folkloriques, le festival Triangle du Balafon se veut aussi un espace de débats et d’échange d’idées sur des thèmes d’actualité à travers des conférences. Cette année, ce sont les enfants qui étaient au cœur de la réflexion.

« Le balafon dans l’éducation enfantine » et « Le balafon dans la structuration de l’enfance : fabrication de l’instrument, jeux, danse et chant » ! Tels étaient les thèmes des deux conférences animées en marge du Triangle du Balafon.

Les premiers échanges ont eu lieu le 3 novembre 2006 dans la salle des conférences du gouvernorat de Sikasso. C’était en présence du ministre Cheick Oumar Sissoko et de ses invités ainsi que des autorités administratives et politiques de la région de Sikasso.

Les enfants avaient pris d’assaut la salle. Ils ont été les principaux initiateurs du débat à travers des questions aux conférenciers ou à d’autres personnes ressources. La conférence était animée par Sibiri Dembélé, de la division protection de la direction régionale de la promotion l’enfant et de la famille.

A travers le thème du balafon dans l’éducation enfantine, les organisateurs voulaient amener les participants à aborder le sujet du trafic transfrontalier des enfants. Ce thème, a été intégré dans la programmation du festival dans une optique d’éducation des populations par les autorités du Mali, du Burkina et de la Côte d’Ivoire.

Pendant un peu plus deux heures, le conférencier s’est évertué à définir la traite des enfants, ses causes, ses manifestations et ses conséquences socioéconomiques et psychologiques. Il a aussi attiré l’attention des uns et des autres sur la traite interne, « un aspect souvent occulté par les acteurs de la lutte, mais qui gagne en ampleur ».

De nombreuses contributions ont complété le conférencier. Le ministre Cheick Oumar Sissoko a mis l’accent sur les efforts accomplis par les gouvernements des pays respectifs dans lutte contre la traite des enfants et, de façon générale, contre les pires formes de violences contre l’enfant. Pour le chef de cabinet de son homologue sénégalais, Pape Massène Sène, tous ces fléaux s’enracinent dans la perte de nos valeurs culturelles.

La traite, le travail abusif, l’exploitation sexuelle, la migration clandestine… sont, selon lui, accentués par le fait que dans nos sociétés parents et enfants ne croient qu’à une chose : l’argent !
Jadis, l’honneur et la dignité étaient ce que nous privilégions lorsqu’on a tout perdu. Mais, aujourd’hui ce sont les valeurs sacrifiées en premier lieu face aux difficultés. Pour M. Sène, il faut d’abord trouver une solution culturelle à ces fléaux pour espérer les vaincre.

En dehors de la ratification des conventions et protocoles régionaux et internationaux, le Mali s’est illustré dans la lutte contre la traite des enfants par des initiatives fort appréciables. C’est le cas de l’adoption d’un code de protection de l’enfant, de l’imposition d’un titre de voyage pour les mineurs et de la pénalisation du fléau. Les trafiquants sont passibles de 5 à 20 ans de prison.

Il faut aussi souligner que le Mali a signé des conventions bilatérales de partenariat dans la lutte contre la traite transfrontalière avec les autres pays du Triangle du Balafon, le Burkina et la Côte d’Ivoire. Un tel partenariat le lie aussi à la Guinée-Conakry.

Les communautés s’activent

Avec l’appui des partenaires comme l’Unicef et certaines ONG, le Mali a enregistré des résultas forts appréciables dans son combat contre cette violation des droits de l’enfant. Des efforts ont été consentis dans la prévention, le rapatriement et la réinsertion socio-économique.

Dans la région de Sikasso, de février 2000 à nos jours, 290 enfants ont été rapatriés des plantations ivoiriennes et près de 400 d’entre eux ont été interceptés grâce à la vigilance des forces de sécurité et surtout des structures communautaires de surveillance.

Selon les conférenciers, les structures communautaires de surveillance jouent un rôle important dans la prévention de la traite à travers l’information et la sensibilisation. Grâce à elles, les familles sont plus conscientes de la réalité de la traite et de ses conséquences désastreuses sur les enfants, leurs familles et leurs communautés.

« Les structures communautaires de surveillance sont en train de combler nos attentes par leur efficacité. Mais, il est aujourd’hui nécessaire de renforcer la capacité de leurs animateurs. Cela va permettre de résoudre certaines difficultés auxquelles ils sont confrontés sur le terrain », nous précise Sibiri Dembélé.

Un renforcement de capacité qui ne doit pas poser de problèmes avec des partenaires engagés comme l’Unicef. Et surtout que tous les acteurs de la synergie nationale de lutte sont conscients que sans l’implication des communautés, la lutte contre la traite des enfants ne serait qu’un éternel recommencement, donc une perte inutile d’énergie et de fonds !


Moussa Bolly
(envoyé spécial)

06 novembre 2006.