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C’est de cette époque que date la construction par l’URSS de l’Ecole Nationale d’Administration, de l’Ecole du Parti (future Ecole Normale Supérieure), de l’Ecole secondaire de la Santé, tandis que les professeurs russes, chinois et vietnamiens constituaient l’écrasante majorité du corps enseignant du secondaire et du supérieur.

Les premiers diplômés de l’Enseignement fondamental et les premiers bacheliers maliens étaient sans conteste de bonne qualité. La preuve c’est qu’ils réussissaient dans les Ecoles normales secondaires, à l’Ecole normale supérieure et dans les universités étrangères, à l’Est comme à l’Ouest. Quelle est la situation aujourd’hui, notamment en ce qui concerne le baccalauréat malien ?

Le point de la situation qualité

La Réforme de l’Enseignement de 1962 avait prôné “un enseignement de masse et de qualité” en privilégiant la formation technique et l’adéquation formation emploi dont la réalisation implique une option de développement autocentré à la base.

C’est-à-dire de tourner le dos à en enseignement général et théorique. Or un enseignement technique efficace demande un matériel didactique important qui était hors de portée du pays, de telle sorte que l’école malienne, en dépit des déclarations de bonne foi de ses chefs et des dirigeants politiques forma surtout des littéraires et des théoriciens.

Pour être plus précis, la qualité de ses professions de lettres de ses historiens, et de ses mathématiciens ne faisait pas de doute, tandis qu’on s’inquiétait au fil des années, de celle des médecins et des ingénieurs… C’est que ces filières demandent, depuis le lycée, un matériel didactique performant et une documentation à jour.

Mais tout s’écroula lorsque dans les années 80 on cessa de payer régulièrement les enseignants, dont les salaires étaient déjà misérables. C’est dire que le premier pilier de l’enseignement c’est l’enseignant. Celui-ci peut, à force de détermination, pallier en partie l’insuffisance de matériel.

Quand l’enseignant commença à ne plus dispenser normalement les cours, la chute commença, pour devenir catastrophe lorsqu’il fut intellectuellement et moralement disqualifié. Les enseignants ignorants et pervers deviennent de plus en plus nombreux.

Toutefois, on assiste à un redressement de la situation depuis que les salaires ont été rétablis et que l’image de l’enseignant s’est améliorée.

Le baccalauréat, plus particulièrement, commence à redevenir crédible. La surveillance et sa supervision font l’objet de soins toujours plus importants ces dernières années. Les différents directeurs de l’enseignement secondaire procèdent au contrôle des notes de classe et n’hésitent pas à adresser des demandes d’explication aux établissements qui les gonflent par complaisance.

Le phénomène des fuites de sujets est combattu sans relâche. Un centre autonome des examens et concours nationaux a été créé. Et comme un complément important du baccalauréat, la sélection des boursiers de l’extérieur est chaque année plus rigoureuse. D’ailleurs, les pays fournisseurs de bourses comme l’Algérie, le Maroc ou la France exigent une bonne mention de tout élève bénéficiaire.

Les lacunes

Cependant, il y a encore fort à faire pour que le baccalauréat malien brille comme par le passé, d’autant plus que désormais dans la sous-région, voire dans le monde, on assiste à une concurrence ouverte entre les produits des différentes écoles nationales.

Ainsi, les lycéens français viennent de lancer un vigoureux mouvement pour la non inclusion des notes de classe dans la procédure d’admission au baccalauréat : une démarche qualité dont rêvent de nombreux nostalgiques du vieux bac français qui n’en sont pas moins de fervents défenseurs de l’école malienne, de grands patriotes, qui ont vécu l’époque où le Soudan accueillait tout l’AF dans les écoles fédérales prestigieuses comme l’Ecole des Travaux publics (actuelle ENI), l’Ecole de Katibougou, l’Ecole militaire de Kati, etc. Le baccalauréat malien sans notes de classe serait sûrement plus crédible.

Il faudrait ensuite songer peut-être à une réforme du contenu des séries du Lycée, en ce qui concerne en tout cas les séries littéraires LL (Langues Littératures) et SH (Sciences Humaines), qui ont remplacé depuis 1982 les anciennes séries LC (Lettres Classiques) et LM (Lettres Modernes).

Il semble qu’il serait judicieux de retourner aux anciennes séries en revenant aux coefficients qui étaient en vigueur. En effet, les coefficients déterminent l’équilibre des matières, donc la configuration du produit intellectuel du cycle et seule une longue expérience permet de les établir correctement.

L’actuelle série LL a été amputée à tort des Sciences Physiques et de la Biologie, tandis que la SH (nom pompeux pour le lycée, il faut le dire) n’a plus le français comme matière principale. Et en ce qui concerne le français, justement, il est proprement scandaleux qu’il ne figure pas dans les épreuves du baccalauréat de toutes les séries, comme cela se fait dans tous les pays du monde.

Tout se passe comme si, à part ceux de la série LL, les bacheliers maliens n’ont que le DEF comme base de référence en français. Enfin on pourrait supprimer sans aucune conséquence négative l’épreuve de philosophie au bac technique (MTL, MTGC) et scientifique (SE, SB). De nombreux séminaires devraient permettre d’aboutir à ces résultats.

Ibrahima KOÏTA

02 juin 2005