Organisée par la Banque Mondiale et le ministère de l’Equipement et des Transports, cette réunion regroupe 152 représentants de 32 pays du Programme de Politique des Transports au Sud Sahara (SSTPA) au nombre desquels 16 ministres qui ont fait le déplacement de Bamako.
Bruce Thompson, après avoir assuré que l’Union Européenne, a décidé d’affecter 2,5 milliards d’euros au développement des infrastructures des pays africains au Sud du Sahara, a ensuite relevé que le partenariat avec le SSATP est une occasion de renforcer à long terme la politique de désenclavement de ces pays.
A l’ordre du jour de cette réunion figurent, en bonne place, les actions à mener pour que les transports participent à la réduction de la pauvreté, à la lutte contre l’insécurité alimentaire et à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le Développement, au financement durable des infrastructures et des services de transports et, enfin, la problématique, du transport et de la subsistance dans les pays sans littoral.
Last but not least, la sécurité routière et le VIH/SIDA en relation avec les transports sont également des points sur lesquels les contributions et suggestions des participants sont attendues.
Outre ces points, les participants planchent également sur des préoccupations actuelles relatives notamment à la facilitation des transports et à l’élimination des barrières non tarifaires qui anéantissent une grande partie des efforts dans le secteur des transports, au choix adéquat des niveaux d’aménagement des infrastructures de transport, à la limitation des charges à l’essieu et au financement de l’entretien routier et, enfin, à l’approche corridor de transport dans le cadre de l’intégration des économies des pays subsahariens.
« Aussi, la présente rencontre de deux jours doit vous permettre d’une part, de renforcer les acquis réalisés grâce à l’engagement de tous et d’autre Part, de lancer de nouvelles initiatives. Parmi ces initiatives, je noterais avec vous que les méthodes de calcul de la rentabilité économique des projets n’ont pas su toujours faire ressortir tous les avantages sociaux liés à la réalisation des infrastructures de transport compte tenu de plusieurs facteurs. Je voudrais en conséquence vous inviter à faire le choix judicieux de l’évaluation des projets aux effets, contre celui de l’évaluation financière, qui compromet et dissuade des projets pourtant porteurs. Il s’agit tout simplement d’éviter de créer gratuitement des facteurs limitants au financement des infrastructures de transport. Nous devons donc agir afin que les discours cèdent le pas aux actions concrètes en matière de développement des infrastructures de transport », a souligné le ministre Nancouma Kéïta assurant l’intérim du Premier ministre, Ousmane Issoufi Maïga.
Pour le président du Conseil d’administration du SSATP, ces travaux permettront de mettre en lumière les difficultés du secteur des transports, ainsi que les perspectives et les propositions concrètes pour améliorer la situation.
« Car, en réalité, un système inefficace d’infrastructures et de services de transport est un obstacle à l’accélération de la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. Non seulement un tel système ne favorise pas le commerce interrégional et international, mais aussi, il ne permet pas de lier les points de production aux zones de consommation. Dans ces conditions, il est en effet difficile, voire impossible d’écouler des milliers de tonnes de produits agricoles. Et par conséquent, les agriculteurs se limiteront à produire les quantités nécessaires à leur consommation avec le risque de verser les surplus dans les rivières et marigots », a poursuivi l’orateur.
M. Mamadou Hachim Koumaré de plaider en faveur d’un système de transport efficace, sûr, fiable et à moindre coût. Ce système comporte des avantages multiples. Il permet, entre autres, d’améliorer le climat des investissements, de réduire les coûts des affaires, d’accéder aux marchés compétitifs, de développer l’agriculture, d’instaurer et de développer les industries, de créer l’emploi et réduire le chômage et de développer le capital humain.
Le PCA du SSATP de relever quelques paradoxes des systèmes des transports en Afrique de l’Ouest, à l’image des coûts de transport et des délais d’acheminement d’un container très élevés. Ainsi, en Europe entre Patras et Rothenburg, en utilisant le transport multi modal, on paye pour un container de 40 pieds, 0.98 euro/km et entre Barcelone-Varsovie 1,02 euro/km.
En Afrique, dans le couloir Côte d’Ivoire-Burkina Faso, on paye 2,2 euros/km. Par ailleurs, il faut 30 jours pour acheminer un container de la Chine en Afrique centrale et 90 jours pour le transport du même container entre deux pays de l’Afrique Centrale.
En Europe, il faut en moyenne 7 jours pour faire 1 700 kilomètres. Par contre, en Afrique, il faut 14 jours. C’est ainsi qu’on explique la non-compétitivité de produits africains et la disponibilité sur nos marchés des produits asiatiques à moindre coût, comparés aux mêmes produits africains.
Yaya SIDIBE
17 novembre 2005.