En visite au Mali, Laurent Fabius, candidat à la candidature socialiste pour l’élection présidentielle de 2007, a animé le mercredi 28 juin au Centre culturel français (CCF) une conférence sur le thème « Développer l’Afrique, changer la mondialisation ». Il a indiqué que la France en général a besoin de l’Afrique et du Mali en particulier dans le cadre de la coopération Nord-Sud.
La conférence a été l’occasion pour M. Fabius d’évoquer les problèmes qui handicapent le développement de l’Afrique (Sida, démographie souvent galopante, les légions de la haine et les déchirements interethniques, le cauchemar des enfants soldats…).
Toutefois, a-t-il poursuivi, l’espoir quant au développement du continent est permis. L’investissement progresse dans de nombreux pays et l’inflation reste mesurée, ce qui permet à la croissance de faire le revenu moyen africain d’environ 3 %.
A ses dires, l’aide publique au développement mondial a doublé entre 1999 et 2004 et la part de l’Afrique en son sein est passée de 36 % à 46 % durant la période. Aussi les pays du G8 ont-ils décidé de faire de l’Afrique une priorité de leur action de coopération et promis, lors du sommet de Gleanneagles, un doublement de l’APD reçue par l’Afrique, soit une augmentation de 25 millions de dollars par an d’ici 2010.
« L’Afrique est une sorte de croisée des chemins : elle doit cultiver les espoirs naissants tout en relevant les grands défis structurels qu’elle a commencés à affronter, ceux des infrastructures, de la lutte contre la pauvreté, de la santé et de l’éducation, de l’investissement », a affirmé M. Fabius qui pense que la France a besoin du Mali dans le cadre de la coopération Nord-Sud.
Si la France, selon son ancien Premier ministre, est parfois perçue au plan international comme une force rétrograde sur le continent africain, accusée d’entraver les évolutions indispensables, il n’en demeure pas moins que son pays reste un partenaire incontournable à l’aide au développement.
Pour M. Fabius, sans changement dans le cours de la mondialisation, le monde de demain sera encore plus inhumain qu’aujourd’hui. Ce changement dans la mondialisation doit être aussi de l’Afrique qui, a-t-il insisté, ne pourra surmonter ses défis sans un nouveau partage global des responsabilités entre elle, ses partenaires développés et le reste du monde. Une sorte de nouveau pacte international pour transformer l’Afrique en une terre d’investissement, d’échanges et de droit doit être ficelé.
Sa première condition sera d’apporter la sécurité juridique à tous les Africains qui décideront d’investir dans leur pays ; la seconde c’est de faciliter l’accès à la gamme des financements. La formation permettant à la main d’œuvre et à l’énergie de l’immense jeunesse africaine de trouver un emploi, le rapprochement entre les marchés dans les différentes sous-régions d’Afrique constituent également les conditions pour que l’Afrique se développe du point de vue de M. Fabius.
Les subventions agricoles déloyales, la lutte contre la corruption, la fuite des capitaux, la question de la dette qui pénalisent particulièrement l’Afrique et ses populations ont été d’autres thèmes développés par M. Fabius. « La France, pour ma part, doit continuer à faire l’écho des intérêts de l’Afrique dans les enceintes internationales mais surtout engager le continent à s’unir pour être plus directement et mieux représentée dans les enceintes internationales, en particulier au sein du conseil d’administration du FMI et de la Banque mondiale, où il est grand temps qu’elle soit admise », a-t-il souhaité.
Selon Laurent Fabius, « l’immigration choisie » est une atteinte à l’honneur et à la dignité des immigrés. A ses dires, les premières réponses à l’immigration sont celles liés aux développements. « On a besoin d’aider les pays qui ne sont pas très riches ». Toutefois M. Fabius dira que l’entrée clandestine doit être combattue.
Amadou Sidibé
30 juin 2006.