L’art, activité humaine qui doit aboutir à la création d’oeuvres dans des domaines où les facultés créatrices de l’homme peuvent exprimer un idéal esthétique, est, de façon générale, l’ensemble d’oeuvres caractéristiques d’une époque, d’une contrée et d’un style pour une société donnée.
Les productions artistiques sont surtout destinées à produire chez l’homme un état de sensibilité et d’éveil plus ou moins lié au plaisir. Ce qui veut dire qu’en plus du plaisir, les productions artistiques doivent aussi contribuer à un changement positif de comportement, à un éveil de conscience citoyenne, mais aussi, et surtout, à refléter et à véhiculer une identité socioculturelle, je veux dire une identité nationale.
Vu sous cet angle, l’art devient un mode d’expression culturelle qui puise son essence dans la civilisation, la culture n’étant autre chose que la civilisation en mouvement.
Les personnes qui, par conviction, s’adonnent à cette activité dynamique sont appelées artistes, plus ou moins encrées dans un des multiples domaines de l’Art. Et les artistes maliens ?
Comment perçoivent-ils l’Art au Mali ? Une question ambiguë, comme l’ont reconnu certains chantres du monde artistique du Mali.
L’Art, expression culturelle, est ce qui est le plus important et le plus diversifié au Mali, selon le Pr. Gaoussou Diawara. Malheureusement, ce sont encore des artistes maliens, pour ne pas dire des hommes de culture, qui suscitent le moins d’intérêts et chez les pouvoirs publics et chez les populations maliennes.
Comment ?
En reléguant les artistes au second plan dans la conception des politiques culturelles nationales et dans l’organisation des grandes fora nationales. Pour preuve, à part son invitation à l’investiture du président de la République Amadou Toumani Touré, le Pr Gaoussou Diawara, grand artisan de la rédaction de ce document culturel du Mali, a été oublié dans l’exécution de cette même politique.
Le département de la culture n’a jamais daigné lui faire appel, ne serait-ce que lui demander son avis en tant qu’expert en la matière. L’homme qui fut à plusieurs reprises invités spécial du président Modibo Kéïta lors des semaines de la jeunesse et de la culture est pourtant sollicité.
Ses talents et mérites, reconnus à travers le monde, lui valent aujourd’hui le titre d’invité honoraire dans les grandes rencontres culturelles africaines et mondiales.
“Notre culture c’est notre richesse”, dit-il, décontracté et frustré à la fois. Frustré parce que les autorités maliennes ne font rien en réalité pour mettre en valeur nos richesses culturelles afin de les faire fructifier au maximum.
“Nous voulons être présents aujourd’hui sur la scène internationale en cette heure de mondialisation, il nous faut d’abord mettre en avant nos valeurs culturelles pour cela,” estime M. Diawara.
Le même message, on le trouve aussi du côté de Harouna Barry, artiste musicien, compositeur, manager et chef d’orchestre. “Les artistes sont exploités à chaque fois qu’il y a un évènement national”, dit-il avant de poursuivre : “je dis ça parce qu’au lieu de nous confier l’organisation des activités culturelles nationales, on nous met toujours devant le fait accompli”.
Toute chose qui constitue, à ses yeux, une entrave à la création. Si les autorités sont indexées par les artistes eux-mêmes, les populations ont, elles aussi, une part très importante de responsabilité dans la dévalorisation de nos productions artistiques.
L’achat des cassettes piratées et d’autres formes d’exploitation des oeuvres artistiques sont bien là pour le prouver.
Du constat des spécialistes, le cliché de l’Art malien reste jusque-là trop flou.
Adama S. DIALLO
09 décembre 2005.