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Tôt dans la matinée d’hier mardi 16 septembre, la base de « Gandaïso », située dans le gros village de Fafa, Cercle d’Ansongo, région de Gao, a été violemment attaquée par l’armée malienne, selon des sources concordantes. Les hommes du leader de ce mouvement d’autodéfense, Amadou Diallo, ont rudement riposté. Des morts ont été enregistrés, plusieurs personnes ont fui le village. Le cheptel également.

Depuis la création de « Gandaïso » (le fils du terroir) en Août dernier, la région de Gao, notamment le Cercle d’Ansongo, est en ébullition. Elle a atteint son paroxysme avec la mort de quatre Touaregs civils tués début septembre à la frontière maliano – nigérienne. Amadou Diallo et ses hommes ont été indexés comme étant les auteurs de ce quadruple assassinat. Conséquence : des proches et sympathisants du leader de « Gandaïso » ont été arrêtés et écroués par les forces de l’ordre.

Ce n’est pas tout. L’armée malienne s’est lancée à la trousse des éléments de « Gandaïso« . C’est ainsi que le lundi 15 septembre, elle a tenté de mettre fin à ses agissements dans la ville de Gao, précisément dans le huitième quartier, communément appelé « Château« . Cette vaine tentative de neutralisation, accompagnée de tirs par rafales, a même affolé les habitants de ce quartier chic de la cité des Askias.

L’armée a donc poursuivi Amadou Diallo avant de s’attaquer, hier mardi 16 septembre, tôt dans la matinée, à sa base, sise à Fafa. Ce sont les tirs entre les deux camps qui ont réveillé les populations de cette bourgade, située à une quarantaine de km de la frontière nigérienne. Les forces armées et de sécurité ont ainsi arpenté une colline pour « bombarder » nous a-t-on dit, la mare de la localité faisant fuir tous les troupeaux qui s’y abreuvaient. Les populations aussi ont pris la poudre d’escampette, les paysans contraints d’abandonner leurs champs, en cette période hivernale où la surveillance est de mise. Les hameaux avoisinants ont été agités et attristés.

Nos sources, toutes de Fafa affirment qu’il y a eu des morts et des blessés. Des prisonniers ont été faits dans les deux camps. Cependant, Amadou Diallo continuerait à résister aux forces armées et n’a toujours pas dit son dernier mot.

Choqué par cette attaque de l’armée malienne, un habitant de Fafa, que nous avons joint par téléphone, a laissé entendre: « nous ne comprenons pas l’attitude du gouvernement. Celui-ci est incapable d’assurer notre sécurité. Maintenant qu’un fils du terroir prend en charge cette mission, il se lève pour le combattre avec des armes lourdes comme s’il était un ennemi. Cela est inadmissible ». Un autre dira que « si le gouvernement combattait avec détermination les Bahanga et Fagaga comme il le fait actuellement contre Gandaïso, on aurait déjà terminé depuis belle lurette avec le banditisme dans la région de Kidal« .

La question que l’on est légitimement fondé à se poser est de savoir pourquoi au lieu de négocier avec « Gandaïso », le gouvernement utilise la manière forte. Pourquoi n’a-t-il pas tendu la main à Amadou Maïga comme il l’avait fait lors des évènements de mai 2005 avec les bandits armés de Kidal?.
A suivre.

Chahana TAKIOU

17 Septembre 2008