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Le ministre de l’Agriculture Tiémoko Sangaré qui sillonne actuellement la zone dans le cadre d’une mission de supervision de la campagne a fait le constat de ce bon déroulement de l’hivernage.

C’est par le cercle de Koutiala que le ministre a entamé mercredi sa tournée, plus précisément par le champ de Bakary Sanogo, un producteur semencier du village de Signè. Notre paysan y a cultivé 5 hectares de riz Nerica de semence R1. Il assure qu’il a été séduit par la variété de riz en question. Ayant flairé la bonne affaire avec l’Initiative riz, il s’est donc lancé dans la production de semence de Nerica sur une parcelle habituellement réservée à la culture de maïs.

Bakary Sanogo a bénéficié de l’assistance nécessaire des techniciens de la région et du cercle. Il a suivi tous les conseils prodigués par ceux-ci et le résultat est là aujourd’hui : l’état de son champ ne peut que faire des envieux. Et comme la variété de riz Nerica a rencontré un grand succès dans la zone, Bakary Sanogo fait de plus en plus d’émules et s’est déjà assuré une certaine réputation dans la contrée.

Des femmes heureuses

En effet, certains paysans quittent leurs village pour venir spécialement voir son champ. C’est le cas de Konimba Traoré du village de Molobala dont la visite a coïncidé avec celle de la délégation ministérielle. Ce dernier confirme que nombreux sont ses collègues du village qui veulent se convertir au Nerica.

Cependant, beaucoup ont été freinés dans leur élan, car les semences appropriées n’ont pas été fournies à temps. Mais ils remettent ça à la campagne prochaine, en promettant d’emblaver de plus grandes superficies pour la culture du Nerica.

Les qualités organoleptiques de cette variété sont particulièrement appréciées des producteurs qui l’ont baptisée «Doussou soumamalo» (littéralement « le riz qui vous soulage » en langue nationale bambara).
De Signè, le convoi ministériel s’est ébranlé en direction de Oulobougou, un village situé à 7 kilomètres de Koutiala qui abrite le champ semencier de niébé de Sabaly Coulibaly.

Ce paysan a semé un hectare de niébé de la variété «Korobalen». Sabaly Coulibaly entretient deux autres parcelles où il cultive la même variété. L’une des parcelles (un hectare) est cultivée uniquement à titre de démonstration. Sur l’autre qui s’étend sur trois hectares, le paysan a adopté la culture du niébé. Il assure que celle-ci est très rentable.

Juste à l’entrée de Koutiala se trouve le champ de Dioro Madou Diarra. La délégation ministérielle a visité la partie du champ réservée à la culture de semences de Nerica. Depuis des années, Dioro Madou Diarra s’est lancé dans la riziculture. Le nerica l’ayant séduit, il commence la production de semences de cette variété. Et cette année, il approvisionné de nombreux paysans en semences de Nerica.
Toujours mercredi, la délégation en partance pour Sikasso a stoppé dans le périmètre rizicole des femmes de N’Tosso, situé à une quarantaine de kilomètres de Koutiala.

En 2005, le Premier ministre de l’époque avait visité ce périmètre alors exploité avec des moyens rudimentaires par les femmes. Celles-ci avaient alors sollicité l’aménagement du périmètre et la mise à leur disposition de quelques équipements agricoles.

Leurs doléances furent satisfaites dès l’année suivante avec l’aménagement de 11 hectares et d’un petit seuil de retenue d’eau. Les femmes de N’Tosso se disent heureuses aujourd’hui. Le rendement moyen dans ce périmètre en submersion contrôlée est de 2,3 tonnes l’hectare. Le ministre Tiémoko Sangaré a félicité les dames en les assurant du soutien des autorités.


Le coton menacé

La délégation ministérielle pouvait poursuivre son chemin sous la pluie. Prochain arrêt : le champ de coton de Mamadou Tinzié Traoré. Toujours sous une fine pluie, ce paysan a expliqué avoir semé 9,5 hectares de coton et un hectare de l’incontournable variété de riz Nerica. Il a évoqué les difficultés rencontrées par la filière coton, en faisant remarquer que le coton de la campagne passé n’a pas encore été payé.

Compte tenu de ces difficultés, il a considérablement réduit la superficie consacrée à la culture de l’or blanc. Et le Nerica pourrait un jour remplacer carrément le coton si les problèmes ne sont pas réglés, prévoit le paysan.

La pluie, désormais battante, n’a pas empêché le ministre Sangaré de gagner la plaine de Kléla. Celle-ci a été aménagée en deux temps. D’abord en 1978 avec un aménagement à submersion contrôlée de 1100 hectares sur la rive gauche de la rivière Lotio et en 2003/2004 avec l’aménagement de 360 hectares sur la rive droite du cours d’eau.

Mamadou Bengaly, le président de l’Association des riziculteurs de la plaine de Kléla, assure que le périmètre n’est plus performant en raison essentiellement de la dégradation des infrastructures de drainage. Des parcelles sont noyées quasiment lors de chaque campagne agricole.

Selon Bengaly, si elle était bien aménagée, la plaine de Kléla pourrait assurer l’approvisionnent régulier de la Région de Sikasso en riz. Il a souligné que le potentiel de la plaine est de 1460 hectares, alors que périmètre de Sélingué par exemple qui ne fait que 800 hectares.

Malgré les difficultés, les producteurs entendent relever le défi de l’Initiative riz. Ils cultivent le riz sur 600 hectares dont 200 en Nerica. Leur responsable a remercié les autorités pour tous les avantages accordés aux paysans dans le cadre de l’Initiative riz, notamment la subvention des engrais qui ont été fournis à temps et au prix fixé.

Le ministre s’est ensuite rendu sur le site du barrage qui alimente les canaux d’irrigation du périmètre de Kléla où il a révélé qu’une étude est envisagée pour la réhabilitation du périmètre de Kléla.

Une belle harmonie

Hier, la délégation ministérielle s’est rendue dans le champ de riz Nerica de Mamadou Tangara dans les environs de la ville Sikasso avant de faire escale dans le verger d’Amadou Sy.

Mamadou Tangara qui fut maire de la commune urbaine de Sikasso, a exploité cette année 32 hectares en riz Nerica. « J’avais des ambitions plus grandes quand j’ai entendu parler de l’Initiative riz. J’envisageais de cultiver 100 hectares de riz Nerica, mais ce sont les techniciens d’encadrement qui m’ont demandé de redimensionner mes ambitions. Je me suis donc contenté de 32 hectares« , a-t-il expliqué au ministre. La particularité de son champ est le fait que le Nerica s’accommode bien avec les arbres fruitiers qui s’y trouvent (karité, néré et autres arbres fruitiers sauvages).

Mais cette harmonie est encore plus réussie dans le verger de Amadou Sy que le ministre a visité. Ce paysan a semé le Nerica sur 12 hectares dans son verger au beau milieu des arbres fruitiers. Et le riz se comporte très bien dans ce milieu dominé par des manguiers, agrumes, bananiers, avocatiers et karité. Sy expérimente aussi une variété de maïs hybride sur 2 hectares aux côtés de la variété appelée « Denbanyuma« . Le ministre Sangaré l’a fortement encouragé.

Répondant aux préoccupations soulevées par ses interlocuteurs notamment en matière d’équipements agricoles, il a indiqué que des réponses seraient apportées aux difficultés au fur et à mesure de la campagne présente et avant celle à venir pour sortir notre agriculture du « siècle de la daba« .

Le ministre Sangaré a poursuivi hier sa tournée dans le cercle de Sikasso et se rendra aujourd’hui à Farakala, Ziembougou, N’Kourala, Niéna (cercle de Sikasso) et Babilena (cercle de Bougouni).

Envoyé spécial
M. COULIBALY

29 Août 2008