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Du 8 septembre 2001 au 8 septembre 2008, l’Académie africaine des langues (ACALAN) a sept ans. Pour célébrer ce 7ème anniversaire, Adama Samassékou, secrétaire exécutif de l’ACALAN, était le 8 septembre 2008 devant la presse.

Il n’y a aucun doute : aucun peuple ne peut se développer en utilisant que la langue d’un autre peuple. Cette assertion à l’allure d’une vérité absolue, résume les propos tenus par Mohamed El Moctar, ministre de la culture, à la conférence de presse marquant le 7ème anniversaire de l’ACALAN. “Sans nos langues, nous n’irons nulle part”, a d’entrée de jeu affirmé le ministre malien de la culture, avant d’ajouter que “la langue est le premier instrument de développement. Et si l’Afrique veut se développer, il faut qu’on se donne la main pour valoriser nos langues”.

Il a félicité Adama Samassékou, ancien ministre de l’éducation de base, pour le travail accompli depuis 7 ans à la tête de l’ACALAN, ce merveilleux instrument de promotion des langues dont l’Afrique s’est dotée.

Pour sa part, Adama Samassékou dira que l’Académie africaine des langues est une institution scientifique spécialisée de l’Union Africaine, dont le siège est à Bamako. Pour lui, l’ACALAN vise la valorisation des langues africaines en en faisant des langues de travail à tous les niveaux. Cette stratégie, selon lui, va promouvoir leur usage, faciliter et renforcer les échanges culturels et socio-économiques entre les États africains. Le secrétaire exécutif de l’ACALAN s’est étendu sur la longue marche qui a abouti à la mise en place de l’ACALAN.

De la mission pour l’académie africaine des langues (Macalan), dont le principal objectif était de faire de l’ACALAN un projet panafricain et de le faire connaître tant sur le plan national qu’international, à l’Académie africaine des langues, instrument continental de valorisation et de promotion des langues africaines, aucune étape n’a été occultée. Pour rassurer les journalistes de la pertinence de la mise en place de l’ACALAN, un instrument dédié à la promotion des langues en Afrique, le ministre Adama Samassékou a levé le voile sur la longue liste des projets déjà disponibles. Selon lui, le premier projet a visé la mise en place des organes de l’ACALAN.

Selon lui, ce travail a commencé par la mise en place des structures de travail de l’académie, à travers les colloques régionaux sur le thème: “Politiques nationales: le rôle des langues transfrontalières et la place des langues de moindre diffusion en Afrique”. Il y a aussi eu le projet de l’année des langues africaines en 2006, dont le principal objectif, selon le secrétaire exécutif, était de sensibiliser et de mobiliser la communauté africaine et internationale par rapport à l’importance des langues africaines. Il y a aussi une série de grands projets au niveau de l’ACALAN, dont certains connaissent un début de mise en œuvre, selon Adama Samassékou.

L’Atlas linguistique de l’Afrique est un projet qui doit doter l’Afrique d’une base documentaire multilingue sur les langues africaines, avec des données revues et corrigées. Le secrétaire exécutif a estimé que l’atlas permettra à l’ACALAN de produire des cartes géolinguistiques utiles aussi bien pour la recherche que pour l’enseignement. Il y a aussi le projet des contes et récits à travers l’Afrique. Basé à Cape Town, en Afrique du Sud, ce projet est chargé de promouvoir la culture de la lecture, en permettant aux enfants africains de lire les mêmes récits et contes publiés dans diverses régions d’Afrique. M. Samassékou a aussi annoncé le programme de maîtrise et de doctorat en linguistique appliquée.

Ce programme, qui sera basé à Yaoundé au Cameroun, formera les linguistes de qualité, des professionnels, des éducateurs afin qu’ils deviennent des spécialistes des langues africaines. “Le vivier de chercheurs qui sera mis en place à travers ce programme facilitera la mise en œuvre des projets majeurs de l’Académie”, a-t-il souligné. Le projet de terminologie et de lexicographie basé à l’institut de Kiswahili à Dar Es-Salaam en Tanzanie, le centre panafricain d’interprétation et de traduction de Bamako et le projet “langues africaines et cyberespace” basé à Adis Abeba en Éthiopie sont autant de projets qui ont été présentés par le ministre Adama Samassékou.

Et pour réussir tous ces programmes et projets ambitieux pour la promotion des langues en Afrique, Adama Samassékou a estimé que l’argent, le nerf de la guerre, ne fera pas défaut. Selon lui, la question de la langue est hautement stratégique. Pour cela, il dira que l’ACALAN a proposé la mise en place d’un fonds prioritaire pour le développement des langues.

Il a aussi précisé que la volonté de l’ACALAN n’est pas de mettre hors du continent les langues héritées de la colonisation. “Nous voulons créer un partenariat entre ces langues et les langues africaines. Cela nous offre une capacité de négociation avec les institutions qui font la promotion des langues héritées de la colonisation chez nous, car elles ont intérêt à nous aider à développer nos langues”, a-t-il indiqué.

Le Malien Adama Samassékou et son équipe ont ouvert un grand chantier pour la promotion des langues en Afrique. Et tous les Africains soucieux du devenir du continent doivent apporter leurs pierres à la réalisation de ce chantier qui ouvrira les voix d’un développement certain pour l’Afrique.

Assane Koné

10 Septembre 2008