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Lors du lancement de la campagne agricole en juin 2003, le président de la République s’était engagé à développer à travers tout le pays, des aménagements hydro agricoles de proximité en vue de créer les bases de la souveraineté alimentaire. Cette promesse de ATT s’est traduite par la mise en place du programme national de petits barrages et bas-fonds.

C’est à Ourikila, une localité située à une soixantaine de km de Koutiala, dans le cercle de Yorosso, que le ministre de l’Agriculture, accompagné de plusieurs membres de son cabinet, des responsables du projet, du président de l’APCAM et du chef du service de la coopération économique de l’ambassade du Japon, principal partenaire financier, a procédé au lancement officiel des activités de ce vaste programme national de petits barrages et bas-fonds. La commune de Ourikila qui compte plus de 17 000 âmes est une zone dont l’économie est basée sur l’agriculture, l’élevage et le commerce.

A l’image des autres parties de la région de Sikasso, la localité bénéficie d’une pluviométrie assez importante mais dont les eaux sont drainées vers les grands cours d’eau au détriment d’une utilisation locale pendant la saison sèche. Le directeur de cabinet du gouverneur de Sikasso, le préfet de Yorosso, le maire et les populations de Ourikila ont, dans la joie et l’allégresse, accueilli ce projet qui ouvre une nouvelle perspective dans le développement de la localité.

Les travaux d’aménagement lancés à Ourikila concernent 13 bas-fonds totalisant environ 750 ha répartis dans les cercles de Sikasso, Yorosso, Koutiala, Bougouni, Dioila et N’Tosso. Ils seront rendus possibles grâce à l’appui financier de la coopération japonaise qui, à travers le fonds KR II a mis à la disposition du Mali la somme de 755 000 000 FCFA constituant la première tranche d’un engagement total de 1 120 000 000 FCFA.

Les travaux de Ourikila qui vont coûter 300 millions de FCFA seront exécutés par l’Agetier qui les a confiés à l’entreprise Agropex pour un délai d’exécution de 3 mois.

Un objectif de 2 500 hectares d’ici à 2007

Comme l’expliquera Boulkassoum Touré, directeur général du bureau de contrôle Bira qui assure la supervision, les travaux consisteront en un premier temps de terrassements qui comprennent les fouilles des ouvrages, le surcreusement de la mare et le remblai de digue de raccordement.

Ensuite, il y a les travaux de maçonnerie qui comprennent la fondation du déversoir, le bassin de dissipation, le mur d’étanchéité. La quantité d’eau qui sera conservée dans cet ouvrage est de 7 000 500 m3 par an et une retenue au niveau de la mare surcreusée contiendra plus de 20 000 m3 d’eau pour l’abreuvage des animaux et la pisciculture.

L’ouvrage permettra l’aménagement de 250 hectares cultivables. L’ensemble des travaux s’inscrit dans le cadre de l’aménagement de 2 500 ha de bas-fonds d’ici à 2007 comme instruit au gouvernement par le président de la République. Sur cette superficie, 1152 ha sont déjà réalisés.

Les aménagements de bas-fonds et de petits barrages permettent le maintien d’une nappe d’eau suffisante pour la sécurisation de la riziculture, la recharge de la nappe phréatique, l’augmentation de la diversification des produits agricole, animal et halieutique. Ils seront un instrument efficace de réduction de l’exode rural, la protection de l’environnement.

Par rapport au coût financier, les aménagements du genre reviennent moins chers que les gros ouvrages avec un coût de 1 millions de FCFA par hectare. En décidant de se lancer dans une telle politique d’exploitation rationnelle des ressources en eau non pérennes, l’Etat veut ouvrir la voie du développement local par la petite irrigation, l’élevage et d’autres activités génératrices de revenu. Car la mobilisation et la maîtrise des ressources en eau de surface non pérennes sont les seules alternatives pour les conserver en toute saison.

Aujourd’hui, environ 500 petits barrages et aménagements de bas-fonds à travers le pays permettent l’irrigation de 10 000 hectares sur un potentiel évalué à plus de 300 000 ha, soit moins de 4%.

Selon des études menées en 1992 par l’ORSTOM, sur près de 4500 bassins de 10 à 200 km2, soit le tiers du territoire national, les eaux de surface non pérennes sont estimées à près de 15 milliards de m3 en année de pluviométrie moyenne. «Une mobilisation convenable de ce potentiel peut largement satisfaire les besoins annuels en eau des secteurs de l’agriculture et de l’élevage qui sont estimés à 70 millions de m3 par an» affirmera le ministre de l’Agriculture.

Pour Seydou Traoré, « le programme national de petits barrages contribuera à valoriser les immenses potentialités que recèle le pays. Il est conçu pour être un instrument de mise en cohérence des interventions dans le domaine de la réalisation de petits barrages et bas-fonds, capitaliser les acquis et susciter une meilleure synergie entre les différents acteurs« .

Akihiro Takazawan, chef du service de la coopération économique de l’ambassade du Japon d’affirmer que « le Mali dispose d’un potentiel important d’eau de pluie qui, une fois maîtrisé, peut jouer un rôle non négligeable dans l’approvisionnement« .

C’est pourquoi, le secteur de l’eau constitue un domaine privilégié de la coopération de son pays avec le Mali. «Notre intervention dans ce domaine reste d’ailleurs active et dynamique depuis plusieurs années. Les réalisations ont été importantes et celle d’aujourd’hui, en venant s’y ajouter, témoignent de la forte volonté des autorités japonaises de voir les populations maliennes accéder à l’eau et améliorer ainsi leurs conditions de vie», conclura le diplomate nippon.
A l’instar du ministre Seydou Traoré, le président de l’APCAM, Bakari Togola, a insisté sur l’entretien des ouvrages qui seront ainsi réalisés. Pour lui, « le plus difficile n’est pas la réalisation mais l’entretien. Les populations et les autorités municipales sont les premiers responsables de ces ouvrages. Vous devez veiller jalousement sur eux en réparant les dégradations que vous constaterez
« .

En tout cas, le maire de Ourikila, Kitré Cissouma, a donné l’assurance que son équipe ne ménagera aucun effort pour le maintien des ouvrages en bon état afin de les rendre profitables aux populations.

Youssouf CAMARA

30 mars 2006.