A l’occasion du Maouloud 2006, célébré en avril dernier à Tombouctou, le président de la République, Amadou Toumani Touré avait sollicité auprès du Guide de la Révolution libyenne, Mouamar Khadafi, l’aménagement du canal de Tombouctou, l’un des nombreux cours d’eau qui jadis arrosaient la ville, et était considéré comme la mamelle nourricière de la “Cité mystérieuse”.
La réponse du Guide libyen ne se fit pas attendre, et juste dans les jours qui suivirent, les techniciens libyens étaient déjà sur place.
Ainsi, samedi dernier, à Kabara, le président de la République, Amadou Toumani Touré a lancé les travaux d’aménagement du célèbre canal de Tombouctou.
Etaient présents, le ministre libyen de la Coopération internationale, Mohamed Ziyata, le gouverneur de la Région de Tombouctou, Mamadou Togola, le président du Haut conseil des collectivités territoriales, Oumarou Ag Mohamed Ibrahim, le maire de Commune de Tombouctou, Saïd Mohamed, ainsi qu’une foule très nombreuse.
Tombouctou, ville carrefour, servait dans le temps de lieu de rupture de charge pour les commerçants berbères du Nord et les populations noires du Sud qui échangeaient esclaves, colas
et chevaux contre livres, sel et tissus. La cité était aussi convoitée par les éleveurs, agriculteurs et pêcheurs qui sillonnaient la riche vallée du fleuve Niger pour ses ressources naturelles.
Tombouctou et son “hinterland” constituaient les dernières oasis pour les caravaniers nomades venant du désert. Ses riches pâturages de saison sèche permettaient aux troupeaux d’y séjourner jusqu’au retour des pluies.
Le fleuve, de par ses nombreux affluents, inondait des vallées fertiles aujourd’hui devenues fossiles. Les populations sédentaires cultivaient dans les plaines situées au sud de la ville. Et jusqu’à une période relativement récente, le canal qui relie Tombouctou au fleuve Niger servait à la mise en eau d’immenses espaces de culture de contre-saison. A l’intérieur même de la ville il y avait des mares et des étangs qui entretenaient des périmètres maraîchers et des points d’abreuvement pour les animaux. Mais l’avancée du désert et le rétrécissement progressif du lit du fleuve, ont eu raison de ce qu’on pouvait considérer comme un bout de paradis.
Le canal en question, jadis appelé “Canal de l’hippopotame” fut à l’origine de la création du premier quartier de Tombouctou, “Badjindé” ou “Banga Djindé” qui signifie en langue songhoï “le cou de l’hippopotame”.
Il constitue le prolongement du canal de Koriomé dont le tronçon Daï-Kabara fut creusé par l’empereur, Soni Ali Ber avec la prise de Tombouctou en 1468. Le canal était considéré comme la mamelle nourricière de la “Cité mystérieuse”.
A l’époque, la ville disposait d’importantes ressources agro-sylvo-pastorales. Elle était un grand pôle commercial et le lieu d’attache de ceux qui voyageaient en pirogue ou cheminaient sur des chameaux.
Cependant, depuis les années 1970, suite à de fortes perturbations écologiques dues à la sécheresse, la région a connu une baisse du niveau des eaux du fleuve Niger. Du coup, lacs, ainsi que bras du fleuve ne sont plus remplis comme il le faut.
D’un coût de 8,5 milliards de francs CFA, les travaux du Canal de Tombouctou, consistent au creusement d’un cours d’eau d’une longueur approximative de 19 kilomètres qui va de Daï à Tombouctou en passant par Kabara. Sa largeur variera entre 8 et 12 mètres. Les travaux dureront 18 mois.
Avec son aménagement, le canal redonnera vie et espoir à la ville de Tombouctou.
Grâce au canal, les bateaux pourront arriver à Kabara pendant toute la période des crues.
Pinasses et pirogues, pourront naviguer jusqu’à la berge de Sankoré appelée “Sankoré Goumeye”.
De même, grâce au canal le maraîchage en toute saison sera favorisé ; le transport fluvial redynamisé ; les petites embarcations pourront même accoster à Tombouctou au marché de “Yoboutao”.
Aura également lieu le rechargement de la nappe phréatique, chose qui permettra de lutter contre l’avancée du désert en faisant régénérer le couvert végétal.
Pour le président de la République Amadou Toumani Touré, avec ce projet : “Nous sortons de la légende, le rêve est devenu réalité“, a-t-il affirmé
Hommage appuyé au Guide de la Révolution libyenne a été rendu par le chef de l’état.
Le président Touré a souligné que le Guide libyen a non seulement répondu favorablement à cette demande, mais s’est dit aussi disponible à débloquer des fonds supplémentaires, si la réalisation de l’ouvrage l’exigeait.
Cette disponibilité, selon le chef de l’état, est le témoignage de la convergence de vues entre les deux pays sur le développement du Nord-Mali.
De même, promesse a été faite par le Guide libyen, de réaliser dans les régions du Septentrion divers équipements socioéconomiques d’un coût de 1,7 milliards de francs CFA.
Appel a été lancé par le chef de l’état à l’endroit des autorités administratives et politiques locales, à prêter tout leur concours à la société libyenne chargée de l’exécution de l’ouvrage.
Le chef de l’état, a dans son adresse, fait allusion à l’Accord d’Alger.
Le président Touré a appelé à l’unité et à la solidarité nationales, pour que notre pays se consacre aux vrais problèmes du développement.
Suite à la cérémonie de lancement des travaux du canal, le chef de l’État a visité une école construite par la coopération libyenne, à Kabara.
Mini complexe scolaire, comprenant trois salles de classe, un centre de couture et une infirmerie, l’établissement, dispose d’un forage équipé d’un château d’eau qui fonctionne à l’énergie solaire.
Toujours en marge de la cérémonie, Mohamed Ziyata ministre libyen de la coopération internationale a remis au nom du Frère Guide, au gouvernement malien, un important lot de matériels destinés en priorité aux régions du Nord, composé de motopompes, groupes électrogènes, 18 tracteurs équipés d’accessoires de labour et de semis, pèles, pioches, tissus, etc.
Tout en saluant l’exemplarité des liens d’amitié et de coopération entre notre pays et la Libye, promesse a été faite par le chef de l’état, que le matériel offert sera distribué aux trois régions du Nord, au cercle de Douentza et à l’Apej pour promouvoir l’emploi des jeunes.
Au nom des populations de la région de Tombouctou, le gouverneur de la Région a émis ses vifs remerciements au partenaire libyen, puis a assuré qu’un bon usage sera fait de ces équipements.
14 août 2006.