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Avec l’annonce de la caravane de l’intégration africaine, une initiative combien salutaire d’Africable, nombreux sont les Maliens qui avaient estimé que cette caravane allait partir de Bamako, la capitale malienne, où se trouve le siège de la « chaine du continent » pour faire le tour des huit pays de la zone UEMOA. Mais les observateurs et analystes de la vie publique se sont trompés de vision, car les responsables d’Africable ont jeté leur dévolu sur Dakar qui a abrité, le samedi 8 mai, la cérémonie du lancement officiel de cette caravane. Notre envoyé spécial à Dakar, Diakaridia Yossi, reviendra sur cette grande fête que fut la cérémonie de lancement de la caravane de l’intégration. En attendant, nombreux sont les Maliens qui estiment que Dakar est un mauvais choix pour Africable, la chaine du continent

Le choix de la capitale sénégalaise n’allait pas offusquer si ce pays était réellement un exemple d’intégration africaine en Afrique. Certes, le Sénégal est l’un des premiers pays à avoir ratifié les accords et traités de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), il n’en demeure pas moins qu’il reste un mauvais exemple dans l’application de ces accords et traités.

Pour preuve, depuis environ trois ans, des syndicalistes du transport routier sénégalais interdisent aux bus maliens de charger des clients à partir de Dakar. En effet, les bus maliens sont tout simplement bannis de Dakar sous le prétexte fallacieux d’une concurrence déloyale.

Aujourd’hui, pour se rendre au Mali à partir de Dakar, les passagers sont obligés de se déplacer jusqu’à Kaolack, une ville sénégalaise située à 185 Km de Dakar.

Si tel n’était pas le cas, les bus maliens, qui répondent à tous les critères de confort et de sécurité du voyage, allaient ravir la vedette aux bus sénégalais, véritables tombeaux roulants. Ainsi donc, par jalousie, les syndicalistes sénégalais ont interdit aux bus maliens de prendre des passagers à Dakar avec le silence complice des autorités en charge du transport au Sénégal.

Pourtant, du côté du Sénégal des voix discordantes se sont élevées pour dénoncer cet état de fait : « la situation est triste et laisse apparaitre que c’est l’État sénégalais qui abdique devant le syndicat des transporteurs en faisant preuve de faiblesse dans l’application des lois qu’il a lui-même signées dans le cadre de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace CEDEAO et au sein de l’UEMOA », a déclaré le directeur de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) Mor Tall Kane, désolé face à cette malheureuse situation.

Les autorités maliennes qui brillent par leur silence coupable espéraient trouver une solution idoine à l’issue de la tenue de la Commission mixte Mali-Sénégal des 21 et 22 avril dernier à Bamako. En vain.

La pratique honteuse et déshonorante continue son petit bonhomme de chemin au grand dam des citoyens de la CEDEAO et de l’UEMOA et en violation fragrante des principes de la libre circulation des personnes et des biens dans la sous-région. Mieux, la pratique sape le fondement même des relations historiques et légendaires qui existent entre le Mali et le Sénégal.

C’est dommage que le président Wade, celui-là même qui ne cesse de tenir de beaux discours en magnifiant les relations entre son peuple et le Mali, ne daigne pas trouver une solution à l’interdiction faite aux bus maliens de prendre des passagers à partir de Dakar. Aussi, le Président malien, Amadou Toumani Touré, aurait-il dû rappeler l’ambassadeur du Mali au Sénégal pour consultation à Bamako.

Ainsi, pour la majorité des Maliens, le fait que la caravane de l’intégration africaine d’Africable, la chaine du continent, choisisse comme point de départ la capitale sénégalaise -tout un symbole- ne se justifiait pas pour la bonne et simple raison que le Sénégal n’est pas un exemple en matière d’intégration africaine.

Certainement que d’autres raisons, mercantiles peut-être, ont dû motiver l’option d’Africable.

Dans tous les cas, le président sénégalais, Me Abdoulaye Wade a su profiter de l’occasion pour encore essayer de vendre l’image de sa contestée « statut de la renaissance », mais surtout pour se positionner, lui qui est à la recherche d’un leadership africain face au président du Faso, Blaise Compaoré, qui lui a ravi la vedette dans la sous-région en tant que médiateur en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry, au Togo, au Niger, etc.

Alassane DIARRA

11 Mai 2010.