Le Premier ministre Modibo Sidibé fêtera bientôt l’an un de sa nomination à la Primature. En effet, il y a bientôt un an que Modibo Sidibé a pris les rennes du gouvernement, comme troisième Premier ministre d’ATT, à la suite de Ousmane Issoufi Maïga. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’homme a ouvert des chantiers.
Selon le bord où l’on se place, cette nomination a surpris, réjoui ou fait peur. Ceux qui ont été surpris, ce sont d’abord, ceux qui étaient dans la course, le nouveaux venus, les nouveaux “amis“ d’ATT qui, ne sachant rien des liens qui existent entre les deux hommes, pensaient pouvoir, par le jeu de la courte échelle, bénéficier de la place de Premier ministre. Au moment de sa nomination, Modibo Sidibé était l’homme qu’il fallait à ATT.
A la suite de ces derniers, on peut parler de ceux qui ont eu peur. Modibo Sidibé est connu pour sa rigueur et par le fait qu’il ne transige pas avec le travail, et le travail bien fait.
Ses collaborateurs aux ministères de la Santé et des Affaires Etrangères, sous Alpha, au Cabinet d’ATT (pendant la Transition) et au Secrétariat Général de la Présidence, depuis l’accession d’ATT à la magistrature suprême, peuvent le témoigner : il n’est pas dans la demi-mesure.
Enfin, la majorité des Maliens s’est réjouie de cette nomination. Depuis près de vingt ans que Modibo Sidibé est au devant de la scène, aucun Malien n’a jamais entendu son nom dans des affaires sales, louches, ou dans des situations de népotisme. Homme d’Etat, la cinquantaine, discret, travailleur, bardé de diplômes, il n’a rien à prouver sur le plan intellectuel et administratif. Professeur de criminologie à l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), il a été pendant longtemps dans les rouages de l’administration publique.
Quid de l’adversité? Depuis sa nomination, et bien avant, il a été accusé de tous les péchés d’Israël et traité de tous les noms d’oiseaux. Sans broncher ou se justifier, l’homme a même pris sur lui toutes les critiques destinées à ATT. Ce qui fera dire à certains qu’il est hautain. Mais loin de l’être, il assume ainsi son rôle d’homme d’Etat. Car un homme d’Etat est celui qui assume, qui prend sur lui sans broncher. Et Modibo Sidibé l’a fait.
Toujours par rapport à cet aspect, ses “adversaires“ sont souvent venus du camp “proche“ de ceux qui, s’ils étaient loyaux, devraient être avec lui ou le combattre à visage découvert. Mai cela n’a jamais été le cas. Il a souvent été combattu, simplement par ce qu’il a la confiance d’ATT.
D’ailleurs, à la fin de la campagne présidentielle, lors d’une fête qui a été donnée à cette occasion, le maître de cérémonie d’alors disait publiquement qu’il a été le véritable manager, celui qui a mis la campagne en musique. Ce maître de cérémonie est aujourd’hui parmi ceux qui s’emploient à pourfendre son action.
Malgré tout, en un an, Modibo Sidibé a réussi de grandes choses parmi lesquelles on peut tout d’abord citer l’école. Aussi, le fait que les examens scolaires et universitaires aient eu lieu est celui du Premier ministre lui-même. C’est même lui qui a mis en place la Commission du Forum sur l’Education. Cette Commission est d’ailleurs rattachée à la Primature.
Le Premier ministre a également mis en place l’Initiative Riz. De cette initiative, on peut dire ce que l’on veut ; mais elle a quand même eu le mérite d’avoir permis de mettre tout le monde paysan au travail et d’avoir remobilisé les Maliens autour d’un problème de développement. Mieux, cette initiative du Premier ministre a été reprise un peu partout dans la sous-région. Et le PNUD ((Programme des Nations Unis pour le Développement) se propose de la vulgariser. C’est dire que l’Initiative Riz a déjà atteint des objectifs.
Dans le domaine de la gouvernance, Modibo Sidibé s’est beaucoup investi. C’est lui qui a demandé aux structures étatiques d’être transparentes. Lui-même a cultivé la volonté de rapprochement avec le peuple jusqu’à créer une page web et à discuter avec des citoyens ordinaires qui l’interpellent.
Le talon d’Achille du système Modibo Sidibé reste la Communication. En effet, le Premier ministre est très discret, presque effacé : un “atout“ qui, dans la situation actuelle, constitue plutôt un handicap. Il devrait soigner davantage sa communication, faire en sorte que ses actions soient mieux connues et mieux médiatisées, et que ses communicants s’occupent plus de son image que de jouer au pompier.
Adama S. Diallo
19 Septembre 2008