« L’AMDH constate avec regret et de façon triste que les actes de violence ont pris des propensions inquiétantes de la part de ceux qui sont censés mettre de l’ordre et faire régner cet ordre dans notre pays« .
Cette phrase introductive du président de l’association de défense des droits de l’homme, Me Brahima Koné, résume, à elle seule, les relations assez tendues qui existent de nos jours entre les forces de l’ordre, notamment les agents de police et les citoyens. Le cas de cette jeune douanière passée à tabac par le sergent Sounkalo Coulibaly et la tournure que les événements ont pris illustrent, si besoin en était encore, que ce sont certains éléments du ministre Sadio Gassama qui ont pignon sur rue.
C’est le témoignage à la fois pathétique et éloquent de la douanière qui nous ramène un mois et 13 jours en arrière. Mercredi 6 décembre 2007. Il est environ 22 heures. Mme Batouly Cissé, circulant au bord de son véhicule, est violement agressée par le sergent Sounkalo Coulibaly qui la roue de coups jusqu’à ce qu’elle perde conscience. Alertés par cette scène, deux militaires du Génie accourent et maîtrisent l’agent de police.
La jeune dame est ensuite conduite au camp du Génie militaire pour les premiers soins. Passées ces premières heures lors desquelles Batouly Cissé a reçu la visite de certains responsables de la police, en l’occurrence le Commandant du Groupement Mobile de Sécurité (GMS) Moussa Camara et la mise aux arrêts du nommé Sounkalo Coulibaly, plus rien ne s’est produit jusqu’à ce quelle soit invitée, quelque jours plus tard, par le Directeur national adjoint de la Police, Niamé Kéïta. Qui la réconfortera par les propos de ce genre : « je vais mettre l’agent aux arrêts pendant vingt cinq jours et je convoquerai un conseil de discipline pour le radier« .
Elle se rendra compte que Niamé Kéïta lui a jeté de la poudre aux yeux. Et pour cause, pour toute sanction, le sergent de police, Sounkalo Coulibaly, sera à Dire.
A la question de savoir pourquoi cette décision, Niamé Kéïta a donné des explications qu’on peut résumer à ceci : « Dans des cas similaires, il est déconseillé de laisser le fautif dans la même localité que la victime« .
Code de procédure pénale strictement réservé aux policiers ou entorse à une poursuite judiciaire ? Les spécialistes en la matière que sont les membres de l’AMDH ne sont pas passés par quatre chemins pour critiquer cette façon de traiter le dossier.
La conclusion du président de l’association, Me Brahima Koné, quant à elle, ne contient aucune ambiguïté : « C’est pour mettre fin à la procédure judiciaire et couvrir un des ses agents que la Direction nationale de la Police a muté Sounkalo Coulibaly à Dire. Mais nous ne baisserons pas les bras et nous lutterons jusqu’au bout pour que justice soit faite. Si les autorités compétentes en la matière n’ont pas encore commencé à chercher la solution à cette grave atteinte à la liberté individuelle, qu’elles S’y mettent« .
Il faut surtout noter qu’à la Douane, on fait mine de ne pas être au courant de l’affaire. Le représentant syndical qui se trouvait à la rencontre d’hier n’a lui, non plus, donné de réponse claire aux différentes questions.
Paul Mben
19 janv 07