Comment le cercle des chefs d’Etat africains peut-il contribuer à créer des emplois et lutter contre la pauvreté lorsque, pris isolément, chacun de leurs pays respectifs connaît une inflation croissante du chômage ? Du moins, la diminution du chômage ne se ressent guère en Afrique, malgré des efforts entrepris dans ce sens. Comment, dans ce cas, une thérapeutique peut-elle opérer des miracles, lorsque les maux des pays africains ne sont pas les mêmes ? Pourquoi des organismes internationaux comme le Bureau International du Travail (BIT) et le Fonds Monétaire International (FMI) se contentent-ils de solutions globales pour prétendre résoudre ces problèmes de l’Afrique ?…
Parler d’une même voix
Dans les “solutions globales” de ces organismes, certains observateurs avisés voient déjà une stratégie de “rationnalisation de leurs appuis”. Leur chanson est connue, dit-on : “Présentez une stratégie commune, et on vous trouvera les financements nécessaires”. Mais il a toujours été prouvé que ces solutions ne sont pas de nature à stopper le chômage. Autant dire que l’Afrique doit parler d’une même voix.
Mais, au regard des expériences passées, de la complexité des situations nationales, régionales et sous-régionales, et surtout des spectacles qu’offrent certains leaders de la scène politique africaine, comment peuvent-ils réussir à prendre à bras-le-corps la résolution des problèmes de développement, quand la méfiance et la défiance sont les choses les mieux partagées ?
La simple mutation de l’OUA en Union Africaine (UA), si elle est symboliquement une réussite, n’en demeure pas moins comme… une mayonnaise qui n’a pas pris. Les conflits n’ayant pas totalement disparu, l’Afrique reste encore “un champ de volcans, dont les éruptions se font un peu partout”. A l’origine de ces conflits, il y a des questions de coexistence ou de différends politiques mal réglés, dont la conséquence est (entre autres) la restriction de la libre circulation des personnes et des biens. Une liberté qui, à elle seule, aurait pu contribuer à résoudre considérablement le problème de l’emploi en Afrique, où la grande masse des chômeurs sont des travailleurs manuels qui cherchent à s’occuper en fonction des saisons.
Avec le micro-nationalisme aiguisé, souvent exacerbé, les chances sont minimes, sinon nulles, pour un ressortissant d’un pays africain donné, de trouver un emploi dans un autre : question de nationalité. A moins que cet emploi soit saisonnier ou à durée limitée. Cette situation a, quelque part, entraîné la fuite des cerveaux et l’immigration vers d’autres horizons, hors du continent. Tant que ces phénomènes perdurent, les solutions au sous-emploi seront à trouver à l’interne, dans chaque Etat africain. Et pour cause : aucun pays, même en Europe, ne veut aggraver sa situation en accueillant un flux de chômeurs.
Pourtant, dans bien des cas, ces travailleurs immigrés ne veulent et ne peuvent occuper des emplois délaissés par les nationaux. Il faudrait donc que, sous l’égide des organisations africaines sous-régionales et internationales, il y ait une vision solidaire de la recherche de solutions à l’emploi et, avant tout, un engagement ferme des Etats africains à coopérer.
Inverser la tendance actuelle
La mise en place de politiques économiques et sociales intégrées, de réformes nationales, régionales et continentales, et la garantie de l’égalité devant les opportunités d’emplois (concernant les femmes et les jeunes), sont autant de difficultés structurelles qu’il est nécessaire de circonscrire pour gagner le pari dans les domaines prioritaires qui font le plus souffrir l’Afrique.
Tels que la promotion de l’agriculture, le développement rural, la gestion durable de l’environnement, la sécurité alimentaire, le développement des infrastructures… Sans parler de l’amélioration des régimes actuels de protection sociale et leur extension aux travailleurs et à leurs familles, la santé et l’hygiène dans les lieux de travail, la possibilité, pour les femmes, de s’intégrer dans le marché du travail, les capacités humaines et institutionnelles publiques et privées en charge de la promotion de l’emploi.
Aussi, toutes ces actions doivent être accompagnées d’un plan de suivi très rigoureux de contrôle et d’évaluation qui sera appliqué de façon intégrée, concomitante et cohérente. Ce plan sera élaboré, examiné et révisé en détail, avec des objectifs clairs et précis, par des comités nationaux inter-sectoriels qui proposeront des programmes et politiques nationaux, et prépareront des rapports par pays.
Dans la mise en oeuvre de ces stratégies sont impliqués les premiers acteurs et responsables : les chefs d’Etat, les communautés économiques régionales et sous-régionales et les partenaires au développement. D’eux seuls dépend la réussite des actions qui peuvent atténuer considérablement, sinon éradiquer le lancinant problème de l’emploi en Afrique.
Oumar DIAWARA
17 juillet 2007.