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Notre confrère, qui panse encore ses plaies, se dit indigné que la rumeur puisse courir qu’il avait retiré sa plainte et qu’il abandonne toutes poursuites contre ses agresseurs. Pour lui, cela reviendrait non seulement à lâcher tous ses confrères dans la lutte pour une presse libre, à annihiler tous les efforts, depuis le 05 juillet dernier, de toutes les femmes et de tous les hommes fans, sympathisants, collègues, confrères épris de justice, mais aussi à entériner son agression. Dans un proverbe bambara, il nous fit comprendre qu’abandonner sa plainte reviendrait à trahir tout le monde. « Inconcevable. Je préférerais mourir que laisser tomber tous ceux-ci », nous a-t-il dit.

CIRCULER, IL N’Y A RIEN A VOIR

En même temps, Dragon a aujourd’hui des idées claires et précises sur certains détails de l’agression qui remonte à un peu plus d’un mois déjà. Nous en tairons une partie pour ne pas nuire aux enquêtes.

Un mois avant l’acte « des lâches qui courent toujours », Dragon avait été invité à se rendre à la Sécurité d’Etat (SE) par une de ses connaissances.

Curieusement, c’est un autre élément qui lui avait posé quelques questions anodines, presque sans importance, comme si on cherchait à mettre un visage sur quelqu’un.

N’eût été cet épisode douteux vite oublié, Dragon ne se sentait pas menacé d’autant plus qu’après son enlèvement, son ami A. Sangaré s’est rétracté sur des révélations qu’il lui avait faites auparavant sur un certain Colonel Diarra.

Du côté des enquêtes au niveau du 3è Arrondissement, l’encéphalogramme est plat : « nous sommes là-dessus », nous répond-on avec un sourire presque narquois, il est vrai, en l’absence de l’Inspecteur Traoré chargé du dossier.

LE VEHICULE UTILISE A ETE APERÇU AU FOYER DE L’AIR ET AU CAMP PARA

L’histoire du véhicule qui a servi aux agresseurs dans leur sale besogne est, en elle seule, une piste à explorer. Ce 05 juillet, aux environs de 9h (plus de 2 heures donc avant l’enlèvement de Dragon), les quatre colosses étaient allés se saouler au foyer de l’air, en face du Mémorial Modibo Kéïta. C’est peut-être de là, qu’ils ont emporté les bouteilles ayant servi à taillader les pieds et mains de notre confrère.

 » Juste après qu’ils aient jeté Dragon de la Nissan Patrol de couleur rouge, très jolie, avec du jaune vers le haut, – nous raconte Mambé Konaté – témoin oculaire de la scène, j’ai immédiatement pris ma voiture et je les ai poursuivis. C’est dans la voiture que j’ai appelé la Radio Kledu pour qu’ils diffusent l’information à travers Bamako dans l’intention de les empêcher de sortir de la ville avec le grand-frère. Ils allaient très vite mais je parvenais à les voir à distance. Arrivé au virage de la SOMAPIL (après l’Abattoir), j’ai demandé aux policiers en faction s’ils avaient vu le véhicule en question. Un d’eux m’a dit que, lui-même, avait failli se faire écraser par ledit véhicule. Quand ils ont compris ce qui se passait, l’autre agent a pris son talkie tout en me demandant de les suivre. Je pouvais encore les apercevoir si, au niveau du dépôt de transit derrière l’ex-ITEMA, deux camions remorques ne m’avaient pas mis énormément en retard. Au rond point de Sotuba, les policiers m’ont assuré avoir vu le véhicule mais eux ne possédaient pas de talkie« . La suite, on la connaît.

Aujourd’hui, Dragon se soigne mais jouit de presque toutes ses facultés physiques. Il assure que parmi ses agresseurs, (dont il reconnaîtra deux au moins à coup sûr), celui qui avait posé son pied sur sa tête au moment où on le tabassait et le tailladait, ne semblait pas très d’accord avec les autres et durant tout le parcours celui-ci ne semblait pas non plus agressif à son égard.

Dragon se pose des questions : la Nissan Patrol, que beaucoup assurent croiser régulièrement sur la route de Djikoroni (certains jurent qu’elle aurait été, au moins une fois, aperçue au Camp Para), se serait-elle volatilisée comme de la fumée ?

HAIDARA ML

10 août 2005