En effet, après les actes de vandalisme perpétrés dans la nuit du 27 mars dernier après le match Mali-Togo, le Comité Exécutif de l’ADEMA-PASJ s’est réuni la semaine dernière et au terme de houleuses discussions, a projeté d’organiser un meeting anti-casses le dimanche prochain.
Ce, pendant que les responsables du Mouvement Citoyen s’entre-déchirent pour l’érection de l’association en parti politique. Dans le soutien à l’action gouvernementale, la Ruche fera-t-elle mieux que Djirbil Tangara et ses hommes ?
Après les casses du match Mali-Togo, nombre de formations politiques ont fait des déclarations laconiques pour soutenir le pouvoir actuel dans sa gestion du problème.
Mais à l’opposé des autres partis, le PASJ ne s’est pas limité à une simple déclaration de soutien. Pour joindre l’acte à la parole, le parti de Dioncounda Traoré envisage d’organiser un meeting de soutien au président de la République le week-end prochain.
Aujourd’hui, cette initiative de la Ruche fait couler beaucoup d’encre et de salive. D’abord au sein du parti où l’idée d’une manifestation de soutien au Prince du Jour provoque l’ire des cadres hostiles à la candidature d’ATT en 2007.
Ceux-ci font valoir que le meeting projeté est inopportun par son caractère tardif en ce sens qu’il intervient plusieurs jours après les casses du match Mali-Togo qu’il est censé condamner.
Pour eux, il ne sert à rien de s’ériger contre ces douloureux événements qui ne sont plus d’actualité car tendant déjà à tomber dans l’oubli. Mais mieux vaut tard que jamais, a estimé la direction nationale du parti. Malgré tout, les mécontents vont plus loin dans leur argumentation en soutenant que le PASJ ne devrait pas à l’heure actuelle se singulariser des autres formations politiques proches de Koulouba.
Mais il faut bien que l’un des partenaires du président de la République prenne l’initiative afin que les autres suivent. Qui plus est, le PASJ entretient, faut-il le souligner, des rapports privilégiés avec le chef de l’Etat.
En effet, on aura remarqué que si les autres partis ont été reçus récemment à Koulouba à la demande du maître de céans, la Ruche y a été accueillie sur sa propre demande.
Cette rencontre avec ATT dite celle de la clarification avait permis aux deux parties de jeter les bases d’un nouveau partenariat. Après ce nouveau départ, l’ADEMA se devait de prouver au chef de l’Etat que la réaffirmation de son soutien n’est pas une parole en l’air.
D’autant que l’actuel locataire de Koulouba n’a plus que faire des déclarations théoriques. Aujourd’hui, les masques de l’unanimisme de façade sont tombés et ATT aura compris qu’entre les déclarations folkloriques et la réalité du terrain, il existe un décalage profond.
Le parti de Dioncounda Traoré a, semble-t-il, compris que les belles paroles ne payent plus et qu’il faut par conséquent faire preuve de pragmatisme pour reconquérir la confiance du président de la République.
Dans sa nouvelle démarche, le parti de l’abeille a pris de l’ascendant sur le Mouvement Citoyen. L’association, qui se réclame à tout moment du président ATT, devrait être, faut-il le souligner, à l’avant-garde des actes et manifestations de soutien au chef de l’Etat. Elle devrait montrer la voie aux autres partenaires du président de la République.
Malheureusement, cela n’est aujourd’hui pas le cas. Car le Mouvement Citoyen semble plus préoccupé par son érection en parti politique que par son appui à ATT. En effet, avec les casses du match Mali-Togo, l’autorité de l’Etat aura été sérieusement piétinée et partant l’image des plus hautes autorités du pays salie sans que ceux qui se disent être ses premiers amis bronchent.
Pire, celui-ci aura vu son engagement électoral à savoir la restauration de l’autorité de l’Etat remis en cause au moment où il prépare son second mandat. Nul besoin de dire que le moment est mal choisi pour ses partenaires de premier plan de s’emmurer dans un lourd silence.
Maintenant que l’ADEMA a déjà pris les devants, que va faire le Mouvement Citoyen ? Se racheter en emboîtant le pas aux Ruchers ?
En tout cas, avec ce meeting anti-casses annoncé, le PASJ aura donné le ton. L’heure du pragmatisme dans les rapports ATT-partis politiques a plus que jamais sonné.
L’acte que le parti s’apprête à poser le dimanche prochain constitue une exhortation tacite pour les autres partenaires de Koulouba. Désormais, chaque partenaire sera jugé selon ses actes et non selon ses déclarations. Telle est la leçon à tirer de l’évaluation à mi-parcours du consensus politique.
Samou KONE
6 Avril 2005