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C’est aujourd’hui que débutent à Bamako, les travaux des journées des communes du Mali ; sous la présidence de Amadou Toumani Touré, Chef de l’Etat. Contrairement aux années passées, ces assises n’ont pas d’enjeux majeurs, car on n’assistera pas au renouvellement de l’actuel bureau exécutif de l’AMM. Puisque conformément à l’article 3 des textes régissant l’AMM, le congrès se tiendra courant mai prochain.

Ce qui ne semble pas être du goût de l’Adema qui a tenu une conférence nationale pour introniser le candidat Boubacar Bah à la présidence de l’AMM.

Et comme Abdel Kader Sidibé et Adama N. Diarra maintiennent toujours leur candidatures, des voix s’élèvent pour réclamer des sanctions contre eux. Le parti doit-il réellement les sanctionner ? Nous avons puisé dans les archives de l’Adema une note de la commission politique adressée au CE qui donne la réponse. Pourquoi cette note, et que dit-elle ?

Dans une note intitulée “Enseignements à tirer de l’élection du Maire central du District de Bamako, scrutin du 25 Août 1998”, la commission politique s’adressait au Comité Exécutitif de l’Adema-PASJ. La note datée du 25 Août 1998 est signée par le Dr. Birama Diakité, président de la commission politique, qui agissait sous le contrôle du Pr. Ali Nouhoun Diallo, Secrétaire politique de la CE d’alors.

La Mairie du District en 1998

Selon l’auteur de la note, c’est sur la demande du président du parti notifiée au secrétaire général que la commission politique a inscrit, à l’ordre du jour de sa réunion du 26 Août 1998, un point relatif aux enseignements à tirer de l’élection du Maire central du District de Bamako Au terme de ses travaux, la commission a fait des observations, des suggestions et des recommandations.

En ce qui concerne l’appréciation de l’attitude du candidat Boubacar Bah, la commission politique écrit avoir “appris que le camarade Boubacar Bah a décidé de se porter candidat au poste de Maire central du District, après que le Comité exécutif ait porté son choix sur le camarade Ibrahima N’Diaye au cours d’une de ses réunions à laquelle participait le camarade Boubacar Bah. Il s’agit d’un acte d’indiscipline caractérisé susceptible d’affecter l’unité du parti et son efficacité“.

La CE épinglée

Sans justifier l’indiscipline constatée ci-dessus, la commission estime qu’elle prend sa source dans le style de travail du CE, dont les principales manifestations sont la gestion au coup par coup des problèmes et l’improvisation au lieu d’une gestion prospective et à moyen et long termes.

Selon la commission politique, ce dysfonctionnement du CE constitue ”à donner au militant de base une image négative de la direction du parti qui se traduit par les perceptions suivantes : le comité exécutif croit représenter l’ensemble du parti alors qu’il n’en est que la direction ; le comité exécutif n’est qu’un tremplin pour accéder aux postes ministériels ou à divers postes juteux ; le comité exécutif est composé d’un groupe d’individus qui utilisent les militants et les structures du parti comme masse de manœuvre pour satisfaire leur intérêts personnels souvent divergents”.

La commission contre les sanctions

En ce qui concerne les sanctions éventuelles contre Bill qui s’est porté candidat contre Iba choisi par le CE, la commission politique écrit : “comme elle l’a exprimé dans sa lettre du 3 août 1998 au secrétaire général du parti relative à la situation en Commune II, la commission politique ne recommande pas l’application de sanction au cas d’indiscipline signalé ci-dessus, pour les mêmes raisons qui se résument ainsi :

– L’ADEMA est un parti jeune et fragile, on ne consolide pas un parti par des mesures autoritaires et des sanctions, Le droit à l’erreur doit être reconnu à tout militant, fut-il membre du comité exécutif, il revient aux instances dirigeantes du parti et singulièrement au comité exécutif de minimiser progressivement les risques d’erreur qui peuvent entacher les décisions et les actions des militants et des structures. Ils y parviendront à travers un travail patient de formation et d’information des militants et par le fonctionnement régulier des structures du parti”.

Maintenant l’AMM

Si des voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer des sanctions contre Abdel Kader Sidibé et Adama N. Diarra pour avoir maintenu leurs candidatures à la présidence de l’AMM contre celle de Bill désigné par le parti, tout porte à croire qu’on oublie qu’il s’agit là d’une répétition de l’histoire à l’ADEMA. Le même Boubacar Bah avait refusé de céder au profit de Iba pour la mairie du District en 1998. Mais, la commission politique, sous la houlette du Pr. Ali N. Diallo s’était opposée à des sanctions contre Bill.

En décidant de sanctionner Abdel Kader Sidibé et Adama N. Diarra, ne pourrait-on pas crier à une politique de deux poids deux mesures au sein du parti, surtout que si le CE avait décidé du choix de Iba au cours de sa réunion ordinaire du 26 Août 1998? En ce qui concerne celui de Bill pour l’AMM, la procédure a été viciée.

L’injustice de Dioncounda

Pour départager les trois prétendants au porte de président de l’AMM, le CE a mandaté le président du parti pour trancher. C’est ainsi que Dioncounda Traoré a choisi Bill. Au lieu de convoquer une réunion (ordinaire ou extraordinaire du CE) pour rendre compte du choix opéré, le président a préféré se réunir avec certains vice-présidents favorables à lui. C’est pourquoi les autres candidats ont maintenu leurs décisions.
Interpellé, Dioucounda Traoré explique que c’est sur la base de 16 critères qu’il a fait son choix.

Mais il refuse de communiquer lesdits critères à la CE, arguant qu’il préfère les garder pour lui-même.
Alors questions : Pourquoi refuse-t-il de communiquer les critères au CE au nom duquel il est censé agir ? Ne donne-t-il pas raison à ceux qui pensent que ces critères n’existent pas, ou que s’ils existent, ils ont été élaborés après le choix de Dioucounda Traoré ?

Le forcing du CE

Pour faire élire le candidat Bill contesté, Dioncounda et accolytes multiplient les manœuvres. D’abord, l’ADEMA a signé le 21 Janvier 2010, une plate-forme avec une dizaine de partis politique pour, dit-on, relire les textes de l’AMM en vue de sa gestion concernée. Un acte qui interpelle les Maires qui sont les représentants de leurs municipalités et non leurs partis politiques respectifs.

Ensuite, le parti a créé une commission dite de mobilisation autour de la candidature de Boubacar Bah. Mais les questions suivantes se posent : Pourquoi a-t-on confié la présidence de la commission à Soumeylou et non à Timoré Soulenta, 1er secrétaire chargé des relations avec les élus ayant comme 1er adjoint Abdel Kader Sidibé? Est-il en train de régler ses comptes ?

Tout le monde ayant gardé son poste, pourquoi le refuse-t-on à Abdel Kader Sidibé ? Qui sait si Iba a refusé de trancher, car s’il choisissait Abdel Kader Sidibé, on l’aurait accusé de se venger de Bill qui s’était opposé à lui en 1998 à la mairie du district ?
En plus, le parti a convoqué sa 10ème conférence nationale qui n’a fait qu’introniser Bill candidat.

C’est la première fois que l’AMM s’invite lors d’une instance du parti. Ce fut même un échec puisque la conférence n’est pas parvenue à faire plier les deux autres candidats.
Doit-on les sanctionner, et pourquoi? Où est donc passée la commission politique rattachée au secrétariat politique dirigée par le Dr. Ousmane Sy ? A-t-elle déjà fait une note à l’attention de la CE dans ce dossier ? Si non, que cache alors son silence ?

Oumar SIDIBE

13 Avril 2010.