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Après la signature le 4 juillet 2006 à Alger du document dit « accord de paix pour la sécurité et le développement de la région de Kidal » entre le gouvernement du Mali et l’Alliance du 23 mai pour le changement (un groupe de militaires insurgés), le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, avait entrepris une vaste opération d’explication de cet accord. Le 15 juillet, il avait, à huis clos, rencontré les élus de la nation.

Hier encore, le ministre Koné était de nouveau face aux élus pour répondre aux questions orales du député Boubacar Touré pour qui, visiblement les 11 heures d’échanges du 15 juillet n’avaient pas suffi à éclairer sa lanterne sur cet accord aussi controversé. En effet, cet accord, supposé garantir la paix et la sécurité, continue de susciter moult interrogations et inquiétudes chez des Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur, dont certains n’hésitent pas à le dénoncer.

Ce qu’on peut retenir de l’interpellation, c’est que le ministre Kafougouna Koné est resté sur une ligne qu’il a toujours adoptée lors de ses précédentes campagnes d’explication : la paix et la sécurité n’a pas de prix. D’ailleurs, à ce propos, il est sur la même longueur d’onde que son interpellateur et la très grande majorité des Maliens.

Le député Touré, d’entrée de jeu, a tenu à le souligner en affirmant qu’il n’est pas un va-t-en-guerre.
Mais dans la crise de Kidal et de Menaka le 23 mai 2006 était-il prudent, voire responsable de malmener la Loi fondamentale, de brûler ou d’ignorer certaines étapes essentielles en matière de signature de conventions, de traités internationaux, entre autres ? C’est là toute la problématique de l’accord d’Alger qu’a soulevée l’honorable Touré.


Condescendance

Et sur cet aspect juridique, le ministre Kafougouna Koné a bien laissé de nombreux Maliens sur leur faim, lorsqu’il a laissé entendre ne pas être très regardant sur cet aspect juridique du problème, n’étant pas juriste. Autres questions sur lesquelles les idées demeureront encore floues, ce sont celles se rapportant à la quantité d’armes enlevées par les insurgés et surtout si elles seront récupérées, le sort réservé aux soldats insurgés, le coût de la mise en œuvre de l’accord d’Alger et du Pacte national.

Selon le général, une évaluation du Pacte national est nécessaire pour en déterminer son coût. Mais 19 milliards de F CFA ont été investis dans le cadre de la réinsertion des ex-combattants.

Pour ce qui est du sort des insurgés, le ministre n’a donné aucune réponse, mais si l’on s’en tient à ses déclarations face à la presse le 13 ou 14 juillet dernier au cours d’un point de presse, ces insurgés soldats seront « traités au cas par cas ». Cette notion, qui demeure encore floue, ne sera pas non plus explicitée par le ministre, alors que les lois et règlement militaires sont limpides en matière de désertion, de mutinerie, d’atteinte à la sécurité intérieure du pays.

Une autre préoccupation du député avait trait au Conseil régional provisoire, « une sorte de gouvernement », a estimé le député Touré qui va à l’encontre de la loi 93-008/AN-RM du 11 février 1993 portant administration des collectivités territoriales. A ce sujet, le général de division a réaffirmé que cette structure avait pour rôle le suivi de la mise en œuvre de l’accord d’Alger.

Aux termes de cette interpellation, on ne put comprendre que les explications du ministre, qui a reconnu les insuffisances du Pacte national, qui a besoin d’un coup de jeune. Mais globalement autant les questions étaient courtoises et pertinentes autant les réponses étaient alambiquées ou totalement à côté de la plaque. Ce qui, bien évidement, en rajoute à l’enchevêtrement.

Denis Koné

15 août 2006.