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« Permettez aux Maliens de faire un choix éclairé en leur présentant vos différents programmes et visions ».

Voter est un droit, sinon un devoir civi­que, mais force est de constater qu’au Mali, aujourd’hui, les citoyens n’en usent pas beaucoup. Parmi les multiples causes de cet état de fait, le manque de débats entre les candidats autour de leurs pro­grammes de gouvernement, leurs projets de société et autres «visions pour le Mali». Pour remédier à des pratiques qui ne per­mettent pas aux électeurs d’effectuer un choix réellement éclairé, les organisations de la société civile malienne ont décidé d’innover.

La société civile, dont, ne l’oublions pas, fait partie la presse, a de multiples missions à assumer, dont celle d’informer les populations en étant attentive à leurs attentes.

Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, il est malheureusement patent, pour tous les observateurs avertis, que la classe poli­tique brille par une large absence de communica­tion sur ce qui devrait pour­tant être l’essentiel de ses relations avec le «vulgus pecum» et par des prati­ques peu conformes à l’es­sence de la fonction d’élu. Combien de députés ne «visitent» leur circonscription que pour y mener cam­pagne? Qui peut énumérer aujourd’hui les convergen­ces et divergences entre les programmes ou projets de société des nombreux par­tis que compte notre pays? Qu’est ce qui différencie les visions pour le Mali des huit candidats à la prochaine élection présidentielle?

Même dans les céna­cles bamakois, peu de monde pourrait répondre à ces questions. Imaginez-vous donc ce qu’il peut en être à Goundam, Andera-boukane, Dourou ou Ambé-dédi! Pourtant, l’une des missions premières de la classe politique n’est-elle pas de participer à la for­mation et à l’information des citoyens?

Afin de permettre à l’électorat malien de rece­voir une information impartiale sur les programmes, politiques et visions de dé­veloppement des préten­dants aux postes électifs », la Fédération des collectifs d’ONG du Mali (FECONG) a élaboré un cadre d’inter­pellation des candidats qu’elle inaugurera avec les postulants au titre de Pré­sident de la République, pour le répliquer ensuite lors des prochaines échéances électorales.

Pour une meilleure com­préhension des program­mes et visions des acteurs politique, la FECONG va animer des débats avec les différents candidats, afin de les amener à informer les Maliens quant à leurs choix, ambitions, straté­gies et autres politiques, tels qu’ils les définissent après analyse de la situa­tion dans laquelle vivent leurs compatriotes.

Il n’y aura pas de place pour la «langue de bois», car les débats, qui seront relayés en direction du pu­blic le plus large, seront conduits par les représen­tants d’associations et d’ONG très au fait des réa­lités auxquelles s’affrontent quotidiennement les Ma­liens, parmi lesquels les syndicats, les collectifs d’ONG, la CAFO, les orga­nisations paysannes, etc..

Le format choisi est l’in­terpellation individuelle fil­mée de chacun des huit candidats pendant deux heures, le cadre d’interpel­lation s’étirant sur quatre jours et permettant à la so­ciété civile de continuer à apporter sa pierre à l’édifi­cation de la société malien­ne en dépassant le stade de la «sensibilisation» pour aller vers la défense du droit légitime à l’information de chacun. La date prévue pour le cadre d’interpella­tion est du 20 au 23 avril 2007.

Pour le moment, cha­cun des candidats, ou son staff de campagne, s’est déclaré prêt à se soumet­tre à l’exercice. Mais la vi­gilance reste de mise, car nous avons pu constater, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de l’Eau, sujet pertinent au Mali s’il en est, que pro­mettre de venir débattre ne veut pas dire se présenter pour les «ténors» de nos partis. C’est dire s’ils ont réellement besoin que la société civile les place, sans complaisance, en face de leurs responsabili­tés!

Ramata DIAOURÉ

18 avril 2007.