Koulikoro, la ville de votre serviteur, ne saurait échapper à cette analyse. En effet coincé entre le fleuve et la colline, Koulikoro est une ville qui s’étend le long du fleuve, lui dévoilant de moins en moins son caractère nourricier : pêche de moins en moins fructueuse, ensablement du lit, effondrement des berges.
Loin d’offrir l’image que l’on est en droit d’attendre de lui, un lieu propice à la détente, au repos et au loisir, Koulikoro offre des berges effondrées, jonchées d’ordures diverses et de rejets du fleuve. Attendez-vous de nous une invitation à une promenade le long de ses berges ? Pourquoi pas !
Se laisser envahir par l’insalubrité, une véritable bêtise
Nos voisins, les tas d’immondices
Le visage offert par la ville de Bamako n’est pas unique dans notre paysage national. Dans presque toutes les villes du Mali, ce sont les mêmes images qui se répètent, et que nous nous empressons de vite oublier : des tas d’immondices, d’ordures et de déchets divers. Souvent, ces tas d’ordures revêtent pour nous un caractère familier, tellement leur présence date de longtemps. Et ce n’est pas rien de dire, qu’ils grandissent et grossissent sous nos yeux.
Une conséquence
A chaque instant, l’insalubrité rôde autour de nous, prête à s’installer, comme en terrain conquis. Elle se trouve dans ces eaux usées qui jonchent nos rues, dans ces sachets plastiques usagés, négligemment jetés par nos soins, trimballés par le vent avec une élégance incroyable. Prenez garde !
Un geste
Il y a de cela un bon moment, l’alarme a été donnée à Koulikoro par la pièce de théâtre DAMBE-KO du groupe de théâtre NYOGOLON. Cette première manifestation venait de marquer le pas initial d’une tournée de sensibilisation sur la salubrité dans la commune de Koulikoro. Ce jour là, dans une prestation de haut niveau, les acteurs Dougoutigui, feu Zankè (paix à son âme !), Adjudant et les autres, nous ont décrit une cité victime de sa » nouvelle usine « , à l’instar de ses autres unités industrielles conventionnelles, productrice uniquement de saletés : les déchets divers et les ordures ménagères.
Koulikoro, une jumelle
Cette malheureuse cité, à l’image de Koulikoro, souffre de 3 maux essentiels :
ordures, les eaux usées, et déchets plastiques.
Catastrophes humaines
Si les deux premiers (ordures, eaux usées) constituent de véritables laboratoires, où sont fabriqués bombes et missiles lancés contre notre santé, le troisième lui-même, est un danger, qui fait des ravages dans nos pâturages.
La question fondamentale posée par la troupe était la suivante : Que faut -il entreprendre face à ces « catastrophes » plus humaines que naturelles?
Le public, nombreux et constitué de toutes les couches, ainsi que des personnalités importantes de la ville, a participé avec intérêt à cette représentation populaire.
Des alternatives
Ainsi, trois solutions fondamentales ont été proposées aux habitants de la ville :
– recueillir ses ordures, dans une poubelle sur le pas de sa porte et non dans la rue, qui seront quotidiennement ramassées par un service agrée pour le ramassage ou un GIE ;
– concevoir des puisards et fosses septiques à l’intérieur des concessions conformément aux textes des services compétents, les désinfecter et entretenir convenablement ; et enfin
– concernant les sachets plastiques, refuser dans la mesure du possible leur utilisation au profit des emballages en coton ou en papier, offrant moins de danger.
Devant député, maires, autorités, représentants de services publics, responsables des ONG et populations, les acteurs ont su véhiculer d’autres messages non moins importants à savoir :
que les habitants éloignés des zones d’intervention du service de ramassage creusent un trou pour y déverser régulièrement leurs ordures et le recouvrir une fois rempli,
que les puits soient profonds avec bordures relevées, afin d’éviter les eaux de ruissellement.
(à suivre)
PS : Cet écrit a été fait en collaboration avec Abdoulaye Diarra, ancien rédacteur en chef Radio Jamana – Koulikoro, arraché à notre affection depuis un moment. Ceci me semble un moyen de lui rendre un hommage ! Paix à son âme!
25/08/2003
Cheich Abd El Kader Fofana, architecte
Abdelkader@afribone.net.ml