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«Le Mali est aujourd’hui le plus grand pays de musique en Afrique. Aujourd’hui, il n’y a pas un hit-parade sérieux dans le show-biz où on ne retrouve pas au moins un Malien» ! Le constat est d’un confrère Italien qui a récemment séjourné dans notre pays pour les besoins d’une enquête.

Le rayonnement de la culture malienne, notamment de sa musique, se passe aujourd’hui de tout commentaire. Tant nos artistes font preuve de créativité sans trop se laisser pervertir par l’appât du gain.

La réunion de la commission paritaire ACP-UE (Afrique-Caraïbes-Pacifique/Union Européenne) au 23è sommet Afrique-France, la musique marquée par le talent de nos artistes tous les grands événements qui ont marqué la vie de la nation malienne en 2005.

Les consécrations musicales internationales ne cessent de conforter la notoriété musicale du pays. Le célèbre couple non-voyant, Amadou et Mariam Bagayogo, a marqué 2005 de son empreint.

Après 25 ans de carrière, ces deux sublimes voix, dont le mérite est de simplement faire plaisir à leurs fans tout en vivant de leur talent, viennent de s’intégrer le cercle restreint des stars de la musique du monde (voir Univers des stars). L’enfant prodige de Niatanso, Adja Soumano, a honoré son rang de «Tamani d’Or» de la musique malienne avec une double consécration aux Koras Awards 2005.

La protégée du maestro Boncana Maïga est revenue d’Afrique du Sud avec les Koras de «Meilleur artiste féminin» d’Afrique de l’Ouest et du continent. Des récompenses du talent qui s’ajoutent au «Djembé d’Or» qui lui a été remis en Guinée-Conakry.

Avec l’album «Kokabéré», Adja Soumano a aussi fait un pas décisif sur les traces des Oumou Sangaré, Kandia Kouyaté, Nahawa Doumbia et Rokia Traoré dans le show biz international.

Une voie qui est aujourd’hui ouverte à des talents féminins comme Babani Koné, Djénéba Seck, Madina Ndiaye, Sadio Sidibé, Amy D, Doussou Bagayogo, Coumba Sira Koïta…

Mais, ce rayonnement international ne doit pas cacher que le mal qui est en train de gripper toute l’industrie musicale au niveau national : la piraterie ! Le fléau a atteint des proportions révoltantes aujourd’hui, malgré les efforts personnels du ministre Cheick Oumar Sissoko et des acteurs comme Mali K7 SA.

Présentement, les artistes, les producteurs et les distributeurs ne survivent que par leur volonté d’assumer leur devoir dans l’épanouissement de la culture malienne. Les unités industrielles sont presque à la faillite. Elles ne survivent que par le sens du sacrifice de leurs promoteurs, de leurs employés et de quelques partenaires résolument engagés à leurs côtés.

Le Mali n’a pas intérêt aujourd’hui que des fleurons de son industrie musicale, comme Mali K7, tombent à cause des pirates parce qu’ils sont les piliers incontournables de sa vitalité artistique et culturelle. Toutes les études réalisées ces dernières années ont démontré que la musique est un précieux atout de développement socioéconomique pour le Mali.

«Comme le reste du secteur des services, la musique au Mali n’est pas suffisamment prise en compte dans les programmes de développement du gouvernement. Pourtant, c’est une activité qui engendre chaque année un chiffre d’affaires de l’ordre de 55 milliards de F.CFA. Sans compter les milliers d’emplois qu’elle crée», souligne une étude de la Commission des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED), la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT) et l’Union Internationale des Télécommunications (UIT).

La même source souligne, «l’étude du marché de la musique révèle que celle-ci constitue un produit commercial qui donne lieu à des transactions importantes au Mali et à un courant d’exportations en Afrique, en Europe et subsidiairement en Asie. Une évaluation effectuée sur la base de données recueillies au cours d’une enquête a permis d’établir le chiffre d’affaires annuel à plus de 55 milliards de F.CFA, en plus de milliers d’emplois permanents liés à ce secteur».

Et l’étude conclut en rappelant que «l’examen des recettes enregistrées à la balance des paiements permet de constater que la musique occupe le 3è rang comme produit du commerce des services du Mali après l’émigration et le tourisme. Dans l’analyse générale du secteur de la musique malienne, il a été tenu compte des quatre modes de fourniture de l’Accord Général sur le commerce des Services».

Mais, cela n’est possible que si les acteurs du secteur vivent réellement de leurs métiers ou de leur talent. Mieux, il faut que les industries puissent dégager des bénéfices pour pouvoir réinvestir dans l’aménagement des infrastructures dignes du rang que le pays occupe de nos jours sur la scène musicale internationale.

L’espoir demeure puisque en plus des initiatives isolées comme celles engagées par Mali K7 pour assainir le marché, le gouvernement est résolument engagé dans le combat avec l’aide des partenaires comme l’UNESCO et le PNDU.

Souhaitons que cet engagement va continuer à se traduire par des actes concrets et efficaces en 2006. Comme les trafiquants de drogue, d’objets culturels, les pirates doivent être combattus jusque dans leur dernier retranchement.

Moussa Bolly

03 janvier 2005.